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Alliance des états du Sahel ou front contre la CEDEAO : Le Mali, le Burkina Faso et le Niger en ordre de bataille

Trois pays dont le destin est entre les mains des hommes en kaki, à savoir le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont décidé de se donner la main pour former un front commun non seulement  contre leurs ennemis d’où ils viennent, mais aussi et surtout harmonisés leurs points de vue sur les questions de paix et de développement. Portée sur les fonts baptismaux, l’Alliance des Etats du Sahel qui vient de voir le jour est le nouvel opus de ces trois pays qui entendent désormais prendre leur destin, à la fois sécuritaire et économique, en mains.

La question qui taraude certains esprits est qu’au-delà de cette idée apparente ne se cache-t-il pas un plan de riposte contre les autres pays de la CEDCEAO qui projettent d’attaquer le Niger afin de remettre le Président Mohamed Bazoum à son poste ?  La priorité ne devrait-elle pas être  la lutte contre les terroristes qui écument le sahel depuis plus d’une décennie ? L’A.E.S réussira-t-elle là où le G5 Sahel a lamentablement échoué ?

Quoi de plus normal pour ces trois pays qui subissent au quotidien les assauts répétés des forces du mal, de mettre en synergie leurs forces et de mutualiser leurs  moyens pour faire face à ces hors-la- loi qui coupent le sommeil à des paisibles populations qui ne demandent rien d’autre que la paix et la sécurité. En effet, l’initiative est à saluer et à encourager, même si selon beaucoup d’observateurs  elle renferme des craintes légitimes d’une scission programmée de la sous-région.  Pour beaucoup d’analystes politiques cette initiative  est à saluer étant entendu que les trois pays font face au même péril terroriste et que si  l’adage selon lequel l’aide la plus noble est celle qui provient de soi-même est une réalité, il serait tout à fait normal que les trois pays songent en premier lieu à leur propre sécurité. Elle est à saluer car en plus de la porosité des frontières qui nécessite une vigilance accrue,  ces trois pays ont en commun le sahel qui est tout aussi vaste sinon plus vaste que beaucoup de pays occidentaux réunis, donc pour des pays à revenus faibles une mutualisation des moyens et des efforts financiers pourrait permettre de venir à bout des terroristes. Donc si nul ne pourra se sauver tout seul sans les autres, il est évident de conjuguer les efforts pour venir à bout des forces du mal.

 Mais au-delà de cette idée apparente ne se cache-t-il pas un plan de riposte contre les autres pays de la CEDCEAO qui projettent d’attaquer le Niger afin de remettre le Président Mohamed Bazoum à son poste ?

Bien que les pays membres de l’AES réaffirment leur attachement à la légalité internationale et sous régionale consacrée notamment par la charte des Nations Unies, l’acte constitutif de l’Union africaine et le  traité révisé de la CEDEAO, les autorités des trois pays n’ont pas manqué d’affirmer leur volonté d’agir contre toutes forces qui s’aventureraient d’attaquer le Niger pour rétablir le Président Mohamed Bazoum à ses fonctions de Président de la République. Tous les analystes s’accordent à dire que l’Alliance est beaucoup plus une réponse du berger à la bergère entre la CEDEAO et les putschistes des trois pays. Ces derniers disent être prêts à riposter contre toutes attaques. Cette velléité guerrière contre l’organisation sous régionale  serait un handicap pour cette alliance, car ces trois pays n’ont ni les moyens matériels encore moins financiers de faire face aussi longtemps, à plusieurs fronts. Donc autant se consacrer à l’essentiel qui est la lutte contre les terroristes plutôt que de disperser les forces. Il ne faut pas se voiler la face les défis sécuritaires qui se posent à ces trois pays sont tellement énormes que pour les relever il faut plus qu’une alliance entre ces trois pays, d’où la nécessité de solliciter d’autres pays et organisations afin de mutualiser les moyens et constituer un front beaucoup plus compact contre les forces du mal qui se renforcent  chaque jour.

 L’A.E.S réussira-t-elle là où le G5 Sahel a lamentablement échoué ?

Nul ne saurait répondre à l’affirmatif étant entendu que les mêmes causes pourraient produire les mêmes effets. Le G5 Sahel est mort parce que les Etats membres n’ont pu honorer leurs engagements tant en nombre de troupes à fournir que des  moyens financiers et matériels à mobiliser. Alors dans le contexte actuel caractérisé par une asphyxie économique des pays sous transition il n y a-t-il pas lieu de s’interroger sur la capacité financière des pays de l’Alliance ? L’argent est le nerf de la guerre, alors qu’il est celui qui manque le plus dans l’espace A.E.S. comment les trois pays pourraient-ils avoir de l’argent pour faire face aux multiples fronts.  En plus des moyens financiers et matériels  déficitaires, les trois pays n’ont-ils pas assez affaire sur le plan sécuritaire et social plutôt que de vouloir étendre et multiplier les fronts, car l’autre front qui sera bientôt en ébullition est sans nul doute le front social. Pour rappel la crise sociale est sans conteste la mère de toutes les crises.  Donc autant se consacrer à la lutte contre les forces du mal.

En somme, si le G5 Sahel n’a pas survécu aux soubresauts et autres obstacles qui se sont dressés tout au long de son chemin, l’AES doit tirer toutes les leçons pour éviter de connaitre le même sort que lui.

Youssouf Sissoko       

L’Alternance

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