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Algérie: les manifestants défient les mises en garde du pouvoir

En Algérie, la mobilisation a été encore très importante ce vendredi 8 mars. Pour la troisième semaine consécutive, des manifestations ont eu lieu dans tout le pays, plusieurs centaines de milliers de personnes ont défilé dans la capitale.

Parmi elles, beaucoup de femmes et d’enfants. Les autorités avaient multiplié des messages de vigilance cette semaine, évoquant des risques de déstabilisation. Mais ces arguments semblent ne plus fonctionner.

Il y a d’abord eu le Premier ministre Ahmed Ouyahia qui a mis en garde les manifestants, et fait la comparaison avec la crise syrienne. La réponse est venue avec un slogan, répété dans chaque cortège : « Ouyahia, l’Algérie n’est pas la Syrie ». Cette semaine encore, d’abord le chef d’état-major, puis la présidence dans une lettre ont évoqué le souvenir de la décennie noire, et de la violence de cette période des années 1990.

Mais ce vendredi, les manifestants étaient encore plus nombreux, et surtout, les femmes et les enfants étaient présents. Des femmes qui étaient nombreuses à manifester pour la première fois depuis le début des années 1990. Montrant ainsi qu’elles n’avaient plus peur d’être dans la rue.

Les femmes en nombre dans le cortège

Au-delà du nombre, c’est vraiment la présence de ces femmes qui était notable lors de la manifestation de vendredi. Un appel particulier avait été lancé pour qu’elles fassent entendre leur voix en cette journée du 8 mars. Beaucoup d’entre elles étaient là parce qu’elles avaient été rassurées par la façon dont s’étaient passées les manifestations précédentes.

On est en train de ramasser les ordures par terre. Il y a des bouteilles vides. Notre objectif, c’est de laisser les rues d’Alger propres. C’est aussi l’esprit qu’on essaie de mettre en place. Aujourd’hui, ce sont des marches qui sont pacifiques, mais en même temps qui sont civiques

C’était donc un cortège joyeux, avec des revendications très politiques comme le départ des dirigeants, le changement de système politique, la fin de la corruption ou le refus du cinquième mandat.

« Le pouvoir en place a essayé de dissuader les manifestants en prenant l’exemple de la Syrie. Donc le Premier ministre, monsieur Ahmed Ouyahia, a dit que les manifestations avaient commencé comme ça en Syrie, qu’après c’est devenu une tragédie humaine, et que nous en Algérie, on veut éviter ça », explique Tenihan Elkadi, une étudiante algérienne qui a participé à la manifestation.

« Cela n’a pas du tout dissuadé les manifestants et les Algériens dans la rue ont montré énormément de conscience politique et ils ont montré un civisme incroyable, poursuit la jeune femme. Les manifestations se font de manière très pacifique avec beaucoup de bonne humeur. Les Algériens ont fait leur expérience avec la violence politique. Les années 90 ont été très meurtrières. Et je pense qu’aujourd’hui, on a atteint un degré de maturité politique, et que nous avons des demandes très cohérentes. ».

Dans le camp Bouteflika, les divisions commencent

Dans le camp présidentiel, la division est là, c’est indéniable. Depuis le début du mouvement, la réponse des autorités a été de dire : nous sommes une démocratie, chacun peut soutenir le candidat qu’il souhaite, et cela doit se faire dans les urnes. Nous maintiendrons les élections et Abdelaziz Bouteflika sera candidat.

Seulement cette semaine, il y a eu une série de défections au sein du Front de libération national (FLN), le parti historique majoritaire du pays. Et ce samedi matin, la presse algérienne estime que la rue a tranché, qu’il ne peut pas y avoir de cinquième mandat. Mais il y a une question à laquelle personne n’a de réponse pour le moment : que va-t-il se passer maintenant.

RFI

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