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ALGÉRIE, DU GAZ DE SCHISTE AU GAZ LACRYMOGÈNE…

Après deux mois de manifestations à In Salah dans le sud algérien contre l’exploitation du gaz de schiste par la société américaine Haliburton, la répression s’accentue. Pour le président algérien, pas question de froisser Washington.

 manifestation algerie contre gaz salah

Depuis samedi dernier, la gendarmerie intervient sans tendresse particulière face aux manifestants pacifiques d’In Salah. Leur seul tort aura été de baptiser la place de la Daira (sous-préfecture) de « place de la résistance ». Des airs de printemps arabe ! Ce qui est inacceptable, forcément, pour le pouvoir en place.

Pire, les manifestants ont tenté de marcher, samedi 30 février, sur le siège de la compagnie pétrolière Halliburton. Pour la population locale cette entreprise est en charge de la fracturation hydraulique aux conséquences désastreuses sur l’environnement. Alors que pour le clan présidentiel des Bouteflika, cette même société, qui représente les intérêts de l’allié américain, incarne une sorte d’assurance-vie.

Pétrole contre présidence

Plusieurs dizaines de blessés plus tard, les affrontements se poursuivent et se propagent jusqu’à Tamanrasset, 800 kilomètres plus au sud. Bras de fer, violences, le conflit met en cause désormais le palais de Zéralda, siège de la présidence. À la veille des élections présidentielles d’avril dernier, le secrétaire d’État américain, John Kerry, a rendu visite à Bouteflika, lui apportant ainsi un soutien ferme et clair pour son quatrième mandat. En contrepartie, une feuille de route non négociable, les Américains exigent une exploitation immédiate du gaz de schiste. S’esquissent de curieux termes d’échanges de type : « pétrole contre présidence », déjà vus, sous d’autres formes en Irak, avec le succès que l’on sait.

En effet, il est urgent d’atténuer la dépendance européenne du gaz russe. L’enjeu n’est donc pas de développer les richesses algériennes. Au contraire, avec la chute des cours pétroliers, le moment est économiquement malvenu et les pertes sèches assurées. Mais peu importe, le pouvoir algérien confond depuis de nombreuses années investissement et gaspillage. Le déficit généré par l’exploitation du gaz de schiste ne sera qu’un détail de l’histoire, un mandat présidentiel plus tard. La compagnie Sonatrach s’entête à investir dans les énergies non conventionnelles pour le bien-être des générations futures. Mais à quelques jours de l’ouverture du procès de corruption dit de Sonatrach, prévu le 15 mars. Tourner la page est une priorité alors que le développement du gaz de schiste n’est pas une urgence. Voici le paradoxe !

Du salon à la rue  
Le premier tournant de ce face à face entre le pouvoir et les anti-gaz de schiste, est apparu le 24 février dernier où des manifestations, réprimées bien sûr, se sont organisées tant dans tout le pays que devant les représentations diplomatiques algériennes. Ce jour-là, dans les rues d’Alger, Ali Benflis, ancien Premier ministre et candidat malheureux aux dernières élections présidentielles, apparaît parmi les manifestants. L’opposition politique descend pour une première fois dans la rue !

Est-ce un hasard ? Non, la cause environnementale s’internationalise automatiquement. Pour un leader politique, une caisse de résonnance à l’étranger est une vraie aubaine. Certes l’opposition algérienne a toujours dénoncé la corruption, la pénurie de logement, le chômage et autre fléaux, mais la couverture médiatique internationale n’était pas au rendez-vous, ces événements étaient de l’ordre des faits divers. C’est un tournant, du moins espérons-le, car jusqu’à présent les anciens Premiers ministres algériens, en dehors des meetings politiques autorisés une fois tous les cinq ans, n’ont tenu que des conférences et animé des débats à huis clos. Les vacances sont finies pour les G.O. (Gentils Organisateurs) de l’opposition algérienne, version Club Med.

Place au gaz… lacrymogène

Le passage du salon à la rue est à saluer. En effet, les opposants politiques ont été un peu à l’image de la jeunesse algérienne désœuvrée : des Hittistes. Les seconds tenaient les murs dans la rue alors que les premiers tenaient les murs de leurs salons. Or ils sont désormais (presque) tous ensemble dans la rue, simples citoyens et leaders politiques, face à une police, dont le patron, le général-major Abdelghani Hamel, se verrait volontiers comme le futur président de la république.

Après tout, le bulletin de vote est soluble dans le gaz… lacrymogène, plus comestible que le gaz de schiste, car il ne nécessite pas de fracturation hydraulique !

Source: mondafrique.com

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