Du 28 au 29 juin 2018, la Division des droits de l’Homme de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation du Mali (Minusma), en collaboration avec SOS Albinos, la Fondation Salif Keita, les organisations de défense des droits de l’Homme, a organisé à l’hôtel ONOMO de Bamako, une table ronde sur les droits des personnes atteintes d’albinisme dans un contexte électoral. L’une des recommandations issues de cette table ronde est l’adoption d’une loi spécifique pour la protection des personnes atteintes d’albinisme.
L’objectif de cette table ronde était de véhiculer des informations utiles sur l’albinisme, les droits des personnes atteintes d’albinisme, la promotion et la protection de leurs droits y compris en période électorale à travers la formation, la sensibilisation et le partage d’expérience des organisations de la société civile, des autorités nationales, des responsables des partis politiques et de tous les acteurs impliqués dans le processus électoral ou sa surveillance.
Lors de sa présentation, Mamadou Gassama du service de dermatologie CNAM (Centre national d’appui à la maladie) a fait savoir que plus de 500 consultations par an sont faites par des albinos. Il a invité les autorités à accorder beaucoup plus d’importance aux personnes atteintes d’albinisme (mettre l’albinos sur la première table à l’école, écrire gros pour qu’il puisse voir correctement, leur donner plus de temps que les autres personnes lors des examens etc.).
Pour sa part, Mme Cissé Karina Cissé de la Division droit de l’Homme de la Minusma a fait une présentation sur les droits des personnes atteintes d’albinisme. Selon elle, le premier responsable des droits de l’Homme, c’est l’Etat. « L’Etat ne peut pas être violateurs des droits de l’Homme », a-t-elle dit. Elle a souhaité à ce que les personnes atteintes d’albinisme puissent avoir accès à tous les droits au même titre que les autres.
Au cours des débats, des témoignages ont été faits par les personnes atteintes d’albinisme. Les recommandations issues de cette table ronde sont entre autres : l’adoption d’une loi portant protection des personnes atteintes d’albinisme; la sensibilisation des autorités compétentes (maires, les leaders religieux) par rapport aux mariages des jeunes dames et hommes lors des mariages ; faciliter l’accès des personnes atteintes d’albinisme aux soins de santé ; tenir compte des besoins spécifiques des enfants atteint d’albinisme.
Par ailleurs, des donations ont été faites à SOS Abinos par des personnes de bonne volonté (Dado Camara, du journal Annonceur, vice-présidente du RMDH a remis 250 000 FCFA et 50 000 FCFA ont été offerts par Saloum Traoré du ministère des Droits de l’Homme). Au cours de la cérémonie de clôture, le président du Réseau media et droit de l’Homme (RMDH), Boukary Daou, a félicité la DDH pour sa promotion des droits de l’homme au Mali.
Quant à Mme Nadine du service de renforcement des capacités de la DDH, elle a remercié les participants pour leur assiduité et les a demandé à persévérer dans la protection des droits de l’homme. En outre, elle a invité les medias à dénoncer la marginalisation des personnes atteintes d’albinisme. «Les personnes atteintes d’albinisme ne sont pas des fantômes mais des êtres humains. Je vous demande de sensibiliser pour mettre fin à la stigmatisation des personnes atteintes d’albinisme, et aussi, sensibiliser les personnes atteintes d’albinisme sur leurs droits d’accès à la justice », a-t-elle dit.
Saloum Traoré, représentant du ministre des Droits de l’Homme a fait savoir que l’albinisme est une maladie mais pas une malédiction. A l’en croire, le gouvernement a beaucoup œuvré pour la promotion des droits de l’Homme dont l’élaboration de la politique nationale des droits de l’Homme, « la question de l’albinisme nous tient à cœur », a conclu le représentant du ministre.
Aguibou Sogodogo