Le tribunal de commerce d’Evry examine lundi les offres de reprise pour Aigle Azur, avec deux projets qui tiennent la corde selon le gouvernement: l’un émanant d’Air France et du groupe Dubreuil, et l’autre d’un “transporteur étranger”, qui serait Easyjet selon des sources interrogées par l’AFP.
La décision pourrait être mise en délibéré, mais le tribunal pourrait aussi désigner dès lundi un repreneur. Ou décider la liquidation de la compagnie aérienne, qui a transporté 1,88 million de passagers l’an dernier, principalement vers l’Algérie, mais aussi le Liban, le Portugal, la Russie, le Brésil ou le Mali, et qui emploie quelque 1.150 personnes, dont 800 en France et 350 en Algérie.
“ll y a deux offres en discussion: une offre combinée de transporteurs aériens français, et une offre d’un transporteur étranger”, a dévoilé le secrétaire d’Etat chargé des Transports, Jean-Baptiste Djebbari, dimanche soir sur CNews.
Le groupe étranger est Easyjet, ont affirmé à l’AFP des sources bien informées.
Le secrétaire d’Etat a précisé dans la foulée que les deux acteurs hexagonaux étaient “Air France” et “le groupe Dubreuil”, propriétaire majoritaire d’Air Caraïbes, via sa “filiale French Bee”, qui “semble-t-il, sont capables de faire une proposition commune”.
L’offre du groupe Dubreuil porte sur la reprise des lignes long-courrier vers le Mali et le Brésil ainsi qu'”une centaine d’employés”, avait précisé le groupe la semaine dernière.
Air France a confirmé à l’AFP avoir déposé une offre, sans en donner la teneur.
“Je fonde l’espoir que le maximum d’emplois soient préservés et nous en prenons plutôt le chemin”, a poursuivi M. Djebbari, qui “espère qu’on arrivera à sauver 90% des emplois ou plus” et assure que “l’Etat est pleinement mobilisé, y compris sur les rapatriements” des touristes.
L’entreprise en redressement judiciaire est confrontée à une telle impasse financière qu’elle ne peut ni dédommager financièrement ses clients, ni même organiser le rapatriement des voyageurs dont le vol retour a été annulé.
– Easyjet intéressé par l’activité à Orly –
“On essaiera (..) d’éviter la liquidation, dans la mesure où cela fragiliserait le sort des salariés”, a encore affirmé M. Djebbari.
Tous les projets qu’il a cités se situent toutefois dans le cadre d’une liquidation judiciaire.
Sur les 13 offres officiellement déposées – des sources proches du dossier a confirmé dimanche à l’AFP le retrait d’une 14e, émanant du fonds américain Cyrus Capital Partners – , deux autres ont reçu vendredi soir la faveur du comité d’entreprise d’Aigle Azur, et s’inscrivent dans la perspective d’un redressement judiciaire.
L’une vient de Lionel Guérin, ex-PDG de Hop!, filiale du groupe Air France, qui proposerait de reprendre l’ensemble des salariés. L’autre émane de Gérard Houa, actionnaire d’Aigle Azur à hauteur de 20%, reprendrait 90% de la flotte actuelle et 87% des employés.
Le CE “s’est positionné en faveur des projets de redressement qui poursuivent l’activité Aigle Azur avec son personnel”, a déclaré samedi à l’AFP Loïc Philippot, vice-président du SNPL Aigle Azur, non élu au CE.
Tenu par une obligation de confidentialité, Bruno Forey, élu CFDT au comité d’entreprise, avait confirmé de son côté à l’AFP que le CE “s’était positionné dans le cadre d’un redressement” avec l’objectif “de sauvegarder le maximum d’emplois sur la durée la plus longue possible”.
Mais le financement de ces deux offres, qui ont la faveur du CE car elles préservent l’emploi, ne semble pas assuré, selon des sources internes.
De son côté, EasyJet a proposé de “reprendre les créneaux horaires (slots) avec cinq ou six avions et le personnel associé” (sur un total de 11 avions), selon M. Philippot. La compagnie a confirmé à l’AFP “son intérêt quant aux opérations d’Aigle Azur à Orly”.
EasyJet “reprendrait les commandants de bord comme commandants de bord, et les copilotes en tant que copilotes, ce que ne peut pas faire Air France pour des raisons sociales internes. Pour nous, c’est une différence significative”, a estimé M. Philippot samedi.
Selon lui le personnel navigant commercial, hôtesses et stewards, ainsi que “les jeunes copilotes comptent sur l’offre Air France, alors que le personnel au sol” en “a très peur”.
Source: france24