La prochaine Coupe d’Afrique des nations (CAN 2021) a été reportée à janvier 2022 et le prochain Championnat d’Afrique des nations a pris la place de la CAN 2021 dans la calendrier du foot africain. Le président de la Confédération africaine de football, le Malgache Ahmad, est venu expliquer ces décisions dans Radio Foot Internationale, ce 30 juin 2020.
RFI : Président Ahmad, la Coupe d’Afrique des nations 2021 aura finalement lieu en janvier 2022. Ce report était-il inéluctable ?
Ahmad : Ceci est la conséquence directe du coronavirus. Cela nous a empêchés d’organiser les qualifications de cette compétition. Il reste quatre journées d’éliminatoires.
Et puis la CAN n’est pas qu’une fête du football. C’est aussi une grande fête africaine. Donc, nous ne voulions pas prendre le risque de l’organiser avec des stades vides. Surtout qu’on se retrouve avec une absence de visibilité sur le continent. Au mois de juin, les cas de Covid-19 augmentent de jour en jour, ce qui n’est pas le cas sur les autres continents
Avec tous ces éléments, et après avoir discuté avec toutes les parties prenantes du football africain ainsi que les autorités camerounaises, nous nous sommes réunis aujourd’hui pour prendre cette décision et préserver ainsi la Coupe d’Afrique des nations.
Les Camerounais ont déjà investi des milliards de francs CFA pour accueillir la Coupe d’Afrique des nations. Quelle a été la réaction du gouvernement du Cameroun lorsque vous leur avez annoncé ce report ?
C’est justement pour préserver leurs énormes investissements que, d’un commun accord avec eux, on a pris cette décision. Mais pas seulement avec eux. Il y a aussi des partenaires commerciaux.
Avez-vous songé à essayer de finir les quatre dernières journées d’éliminatoires de la CAN 2021 durant les seuls mois d’octobre et de novembre 2020 ?
Oui, on a pris en compte tous ces éléments mais il ne faut pas oublier que, jusqu’à présent, on ne sait pas quand les compagnies aériennes africaines vont reprendre leurs vols. […] Même si on a pris des accords principes par rapport au calendrier international, lors du dernier Conseil de la Fifa, le président de la Fifa a toujours spécifié que tout restait flexible. Parce que nous vivons une période inédite durant laquelle nous ne maîtrisons pas les choses.
À la place de la CAN 2021, en janvier prochain au Cameroun, il y aura donc le prochain Championnat d’Afrique des nations (CHAN 2020) qui devait se dérouler en avril. Vous offrez cette compétition aux Camerounais.
Exact ! J’ai déjà informé les autorités camerounaises. Car, comme vous le savez, pour chaque décision prise, nous discutons avec les parties prenantes. Je peux vous garantir que tout ce que nous avons décidé s’est toujours fait d’un commun accord avec le gouvernement camerounais.
Lorsque vous avez décidé, en 2017, que les Coupes d’Afrique des nations se dérouleraient désormais en juin, tout le monde a considéré que ça arrangeait la Fifa et l’Europe. D’autant que les trois phases finales suivantes étaient déjà prévues dans des pays – le Cameroun pour 2019, la Côte d’Ivoire pour 2021 et la Guinée pour 2023 – où juin correspond à la saison des pluies. Changer sans arrêt de dates pour la CAN n’a-t-il pas fragilisé la CAF aux yeux de la FIFA notamment ?
Je ne sais pas si vous avez conservé l’enregistrement de la conférence de presse que j’ai animé après le symposium au Maroc. Mais j’ai toujours dit que cette décision [de jouer en juin, Ndlr] était sous réserve du lieu où se déroulait la CAN. […]
Et puis, pourquoi tout le temps spéculer ? On pensait que la CAN 2019 se déroulerait au Cameroun et elle a eu lieu en juin en Égypte. Aujourd’hui, on parle de la CAN 2021 qui va se dérouler en janvier 2022 au Cameroun. Ne nous précipitons pas et ne spéculons pas. Attendons que la CAN 2023 arrive et nous verrons.
Et puis nous ne l’avons pas choisi [que le Cameroun, la Côte d’Ivoire et la Guinée, soient hôtes de la CAN, Ndlr]. Nous avons hérité de cette situation et nous l’assumons au nom de la continuité de l’administration de la CAF. […] Lorsqu’on est arrivé en poste, on a écouté les gens puis on a pris les décisions par rapport à ce que les parties prenantes du football africain souhaitaient.
Peut-il y avoir une CAN en janvier 2023 en Côte d’Ivoire, alors qu’il y a une CAN en 2022 et une Coupe du monde fin-2022 au Qatar ?
Je ne fais pas partie des gestionnaires qui spéculent trop. J’avance puis je prends les décisions qui s’imposent avec mes pairs. […]
Lorsqu’on voit toutes les difficultés auxquelles la CAF a fait face et le fait que la FIFA pousse pour une CAN tous les 4 ans, cette option reste-elle taboue ?
Nous faisons ce que les gens veulent, ce que l’Afrique veut. Je suis là en tant que dirigeant africain. Nous, les membres du Comité exécutif sommes élus par des associations africaines. […] Est-ce qu’on ne peut pas poser aussi une question : est-ce trop que les enfants africains, si jeunes, reviennent sur leur continent juste pour un mois tous les deux ans ? […]
La CAN féminine, elle, n’a pas été reportée comme la CAN 2021 ou le CHAN 2020. Elle a été annulée.
Effectivement. Ça résulte d’une proposition de la Commission du football féminin qui a analysé la situation. Les éliminatoires ne peuvent pas se tenir. Et, au départ, la CAN féminine servait d’éliminatoires pour la Coupe du monde féminine. Or, comme il n’y a pas de Mondial en 2021, on s’est dit « préparons nos athlètes à travers les clubs » en organisant des compétitions comme la Ligue des champions féminine et la CAN 2022 en prévision de la Coupe du monde 2023.
Propos recueillis par Annie Gasnier, Antoine Grognet et Philippe Doucet,