Au Mali, plusieurs localités sont confrontées à une crise alimentaire, en plus de l’insécurité. Reportage.
À Bla, dans la région de Ségou, les activités principales sont l’agriculture, l’élevage et la pêche. Cette année, ces activités ont connu des blocages en raison de la faible pluviométrie.
Dans ce cercle, les récoltes n’ont pas été bonnes. Une situation qui annonce déjà la famine dans la zone. « D’ores et déjà, nous sommes confrontés à une crise alimentaire », alerte le maire de la commune de Bla, Mamadou Samaké.
Inflation
Bla n’est pas le seul cercle frappé par cette crise alimentaire. Macina, dans la même région de Ségou, vit aussi des moments difficiles. D’habitude, dans cette localité rizicole par excellence, en cette période des récoltes, le kg de riz coûte 265 FCFA. Mais cette année, il est déjà passé à 275 FCFA et pourrait atteindre 500 FCFA d’ici la fin de ce mois de décembre, craint le maire de la commune de Macina, Dian Diallo.
Selon cet élu communal, le cercle de Macina, en coordination avec celui de Niono, dessert Diafarabé ainsi que Ténenkou en denrée alimentaire. En plus de la faible pluviométrie enregistrée cette année, les cercles de Macina et de Niono sont victimes d’une crise sécuritaire. Des groupes armés terroristes prennent le plus souvent pour cible les champs des paysans en y mettant le feu.
Dans d’autres localités comme Bougouni, Sikasso et Dioïla, la même crainte anime les autorités locales. « En cette période des récoltes, au cours des années précédentes, le kilogramme de maïs coûtait environ 75 FCFA, mais cette année le kg tourne autour de 150 FCFA », indique Daouda Bamba, 4e adjoint au maire de Kadiolo, dans la région de Sikasso.
Protéger l’économie locale
Devant une délégation de la présidence, en tournée dans les régions de Bougouni, Koutiala, Sikasso, Ségou et Dioïla (entre le 1er et le 10 décembre 2021), les autorités coutumières et locales de ces zones ont invité les dirigeants maliens à prendre cette situation à bras le corps afin d’éviter l’aggravation de la crise sécuritaire.
Conscientes de la situation, les autorités maliennes ont adopté des mesures préventives afin d’atténuer les effets de cette insécurité alimentaire. Dans un arrêté interministériel du 6 décembre 2021, le gouvernement malien a annoncé la suspension de l’exportation du riz local, du maïs, du tourteau de coton, du mil, du sorgho et de la graine de coton.
Cette mesure, selon Ibrahim Mariko, économiste au Centre Sènè d’Études stratégiques, dans une déclaration à l’Agence Anadolu, « vise à protéger l’économie locale […] encourager la consommation locale, [et] réduire le prix des produits et à prévenir contre tout embargo de la CEDEAO ».
Chiencoro Diarra
Source: Sahel Tribune