Il faut reconnaitre que la transition au Mali est dans la loupe de la communauté internationale. Des contraintes économiques ou diplomatiques, les défenseurs des droits humains, ont un œil vigilant sur le Mali depuis l’arrestation et la détention en sourdine des anciennes autorités de la transition. Si les organisations de défense des droits de l’homme dénoncent leur arrestation comme une pratique d’une autre époque, il faut reconnaitre que le déroulement de la scène qui aurait pu attenter à la vie du chef de l’Etat, Assimi Goita est, on ne peut plus qualifier d’extrajudiciaire.
La justice malienne, plantée, ignorée, voire a été méprisée par l’exécutif dans cette affaire. Au début et à la fin de l’enquête, ce sont les services de sécurité. Ce qui fait ainsi émettre un grand doute sur la réalité de l’affaire. Car, qu’a ton voulu cacher aux maliens et même à la justice ?
Une affaire d’Etat, de telle envergure, conduite comme un fait divers. Tant, la légèreté avec laquelle l’attaque contre le président a été commise, n’a rien à envier de la procédure infertile qui a conduit à l’arrestation du présumé auteur et jusqu’à son décès.
Pire, dans un aveuglement de l’exécutif, l’on conduit une procédure, dans laquelle la seule information est « la mort » du principal présumé auteur. Et tout porte à croire que les auteurs se sont plantés, et continuent d’ailleurs de le faire. En commandant une autopsie. Alors ? quelle foi peut-on avoir en cette d’autopsie ? et quelle valeur juridique peut-elle avoir du moment où elle est (commandée) par des services de sécurité, et non par un juge d’instruction ou un procureur.
Par ailleurs, cette affaire est l’une de la pire des espèces qui aurait pu arriver à la transition. Puis qu’elle met d’abord en évidence que la « sécurité » même est en insécurité au Mali, avec une attaque qui cible et touche la personne censée la mieux sécurisée du pays, avec une facilité déconcertante. Pire, elle ne favorise pas, aux yeux du monde, la justice malienne et les procédures judiciaires dans notre pays.
Un sérieux doute est ainsi permis sur la capacité des autorités de transition à réussir leurs missions, dont la sécurité est le pilier central. Car, par précédant, on pourrait croire qu’on ne parvient pas à sécuriser même le président de la transition dans un champ aussi réduit comme la grande mosquée de Bamako. Inutile alors de croire à la sécurisation d’un territoire national vague de plus d’un million de kilomètres carrés.
Ousmane Tangara