Le directeur de l’entreprise immobilière N’DAOULA, M. Mamoudou N’DAOU, déchire chemise et chaussure depuis deux ans pour avoir ses droits auprès de l’AGEROUTE (Agence Générale d’Exécution des Travaux d’entretien routier) du Mali. Depuis 2016, l’entreprise N’Daoula a exécuté un travail pour lequel elle était bénéficiaire. Mais depuis là jusqu’ici, les travailleurs attendent rémunération. M. N’Daw se dit fatigué d’attendre avec toutes les injustices et inégalités qui planent autour de cette affaire.
L’Agence Générale d’exécution des travaux d’entretien routiers (AGEROUTE) du Mali se trouve depuis deux ans dans un bras de fer avec des entreprises bénéficiaires de travaux de construction de ponts à Bafoulabé dans la région de Kayes. Elles sont trente et deux entreprises à bénéficier de ce marché, mais qui va vite devenir leur cauchemar de la vie. Toutes les entreprises se sont adonnées convenablement au travail. Elles ont bien accompli le travail qui leur était confié.
Certaines se sont même endettées auprès des banques, des quincailleries ou d’autres bailleurs de fonds afin d’acheter des matériaux qui leur manquaient au travail. Le contrat de ces dettes était juste après le travail où elles espéraient trouver leur droit auprès de l’autorité de construction routière. Mais hélas ! La déception a été grandiose. Car la mauvaise nouvelle leur a été annoncée par leur attributaire. « On nous dit qu’il n’y a plus de fonds pour nous payer », dixit Mamoudou N’daou qui s’interroge sur le pourquoi avant d’expliquer qu’ils ont annoncé qu’ « Il y a eu un dépassement du nombre de marchés. » Cette explication compromet la crédibilité de l’entreprise dans la passation de marché. Avant d’attribuer les marchés, en tant que des spécialistes, ils doivent savoir le nombre d’entreprises qui peuvent bénéficier du marché.
Par conséquent, l’AGEROUTE propose à ses bénéficiaires d’attendre 2017 afin d’être payé. Elle souhaitait les programmer dans les travaux de la nouvelle année. Ainsi, puisque ce sont des marchés financés par l’Union européenne, une fois que la somme de l’année 2017 allait tomber, il était prévu de régler leur situation.
Cette proposition a fait l’objet d’un accord entre eux. Mais l’Agence des travaux routiers n’a pas tenu sa promesse, puisque jusqu’en 2018, aucun travailleur n’a reçu son payement. Aux dires de M. N’Daou, certains de ses collègues sont toujours emprisonnés par leurs créanciers. S’il y a certains d’entre eux qui n’ont pas encore subi le même sort, c’est parce qu’ils se sont endettés auprès des gens qui sont au courant de toute la situation.
Mamoudou N’daou initie alors des démarches afin de trouver une issue favorable à cette situation. À cet effet, il a eu l’idée de former une assemblée pour se rendre à l’AGEROUTE. Pour ce faire, il s’est rendu seul au préalable pour demander le contact des autres entreprises. Chose qui lui a été refusée. Alors, il s’est débrouillé pour trouver quelques contacts. À cet effet, ils se sont regroupés pour se rendre à l’Agence afin d’être renseignés sur la situation. « On n’a rien entendu de concret », regrette N’daou, le plaignant.
Cette initiative, aux dires de N’daou, lui a coûté cher. L’AGEROUTE lui refuse ses marchés. Dans un document qu’il possède et auquel le journal Le Pays a eu accès, il avait été retenu comme bénéficiaire d’un nouveau marché, mais, immédiatement, un second document apparait où il ne voit plus son nom. Le plaignant explique ce fait comme étant une sorte de manifestation de colère de la part de cette entreprise, AGEROUTE. « Parce que j’ai craché la vérité lors de la réunion. On ne va plus te donner de nouveau marché puisque tu es là à crier sur nous», explique Mamoudou. Par ailleurs, M. N’daou qualifie cette attitude de lâcheté : « Ça, c’est lâche ! Ça, c’est lâche ! Une entreprise impayée qui se lève pour réclamer son argent, vous lui refusez d’autres marchés comme si l’AGEROUTE vous appartenait. C’est une entreprise publique. J’ai le droit d’être consulté quand il y a de nouveaux marchés. Cela est une obligation. Cela signifie que je ne dois pas réclamer mon droit, mon argent. Ça, c’est lâche de leur part ! », se plaint M. daou.
Le plus regrettable dans cette affaire, c’est que le directeur général de l’Agence, M. Youssouf Traoré, fait mine de n’être au courant de rien en ce qui concerne cette situation qui fait le malheur de beaucoup d’entreprises depuis 2016. Cela ne relèverait-il pas d’une indifférence administrative puisque la signature du directeur figure sur toutes les lettres. Toutefois, il rassure M. N’daou d’attendre la fin de l’année 2018 pour percevoir leur impayé. Cela reste conditionné aux ressources qui seront générées par l’Agence après les travaux de 2018.
Ces genres de pratiques ne sont pas nouveaux au Mali. Dans beaucoup de secteurs, les travailleurs sont maltraités comme s’ils ne sont pas des êtres humains. Ces comportements n’honorent pas la nation, ils compromettent son développement, hypothèquent son avenir et peuvent être source de conflits.
Fousseni TOGOLA
Source: Le Pays-Mali