Le 16 octobre dernier, une opération militaire a été menée au Nord de Gossi, entre Abelbel et Bambou, au cours de laquelle « 5 terroristes de la Katiba du Gourma » ont été tués dans une frappe. « Il s’agit de Saghid Ag Alkhoror dit Nasser, successeur de 3A et de 4 de ses compagnons » a indiqué pour sa part, Fahad Ag Almahmoud, secrétaire général du GATIA.
Saghid Ag Alkhoror, alias « Nasser », était à la tête de la Katiba du Gourma du JNIM. Il a remplacé Almansour Ag Alkassoum, alias « 3A », peu de temps après sa mort en 2018. Nasser est décrit selon plusieurs sources comme quelqu’un de violent, manipulateur, il est également accusé d’exactions envers la population. Fin août, Housseyne Ag Hissa, journaliste et spécialiste du Sahel, révélait ainsi que des habitants du Gourma avaient publié une déclaration pour dénoncer ouvertement les crimes du chef de la Katiba.
En effet, il y a quelques mois, plusieurs vidéos et audios avaient circulé sur Whatsapp. Des jeunes Imghads du Gourma racontaient avec tristesse leur captivité par les hommes de la Katiba et comment ils avaient été contraints, sous la torture, de livrer de faux aveux sur les responsables de la mort de 3A.
Les images terribles montrent les traces des sévices laissées sur les victimes. Ces jeunes Imghads sont unanimes : Nasser les avait forcés à faire ces faux aveux, certainement pour accuser des lieutenants rivaux et ainsi préserver sa place de chef.
A l’écoute de ces audios, on apprend que l’ancien chef terroriste « 3A » aurait été trahi par ses propres hommes. Ces derniers auraient en effet placé « une puce » dans son véhicule. Quelques jours plus tard « 3A » et son 4×4 finissaient carbonisés à la suite d’une frappe aérienne. Difficile de ne pas faire le rapprochement avec l’opération qui a tué Nasser la semaine dernière : et si le chef terroriste n’avait pas lui aussi été trahi par ses propres hommes ? L’une de ces puces aurait permis de révéler sa position.
Au lendemain de la neutralisation de Nasser, une autre opération aurait cette fois-ci permis l’arrestation de quatre bandits de la Katiba du Gourma, au sud de Madjakoy. Par ailleurs, des rumeurs insistantes évoquent depuis quelques jours la mort d’Abou Hamza al-Chinguetti, responsable du JNIM dans le Gourma. La disparition de ce Mauritanien proche d’Ag Ghali et de Kouffa pourrait créer un séisme au sein de l’alliance terroriste.
L’histoire se répète pour la Katiba du Gourma. Au fil des années les têtes finissent par tomber : Almansour Ag Alkassam en 2018, Nasser en 2021. Une épée de Damoclès plane au-dessus du groupe terroriste, il semble que celle-ci prenne plutôt ici la forme d’un poignard, qui frappe tour à tour le dos des chefs djihadistes.
Ibrahim Keïta