Après les multiples actions d’intimidation et de rappel à l’ordre de ses ‘’partenaires’’ africains, des mises en garde très précises, l’équation Wagner semble irrésoluble pour la France. Le manque de diplomatie dans les déclarations, qui s’est invité dans cette cabale, n’a fait que priver Emmanuel Macron de soutiens sûrs, dans la course pour la survie des intérêts de l’Hexagone.
Repositionnement de l’Algérie : la passerelle pour Wagner au Mali !
La situation se détériore davantage avec le jeu des répliques franco-algérien. Une nouvelle crise franco-algérienne avec toujours les mêmes ingrédients, histoire, visas, mémoire, sur fond de turbulences politiques et crise migratoire. L’Algérie pourrait-elle dans ce cas soutenir la junte dans le financement des opérations de Wagner sur le territoire malien ? Un coup supplémentaire qui assommerait la position française dans son pré carré ?
La certitude à ce jour est que, l’interdiction du survol de l’espace aérien algérien par les avions militaires français ne facilite pas les choses. Barkhane qui depuis 08 ans se ravitaillait à partir de l’Algérie en gaz et en pétrole n’aura plus accès à cette énergie très indispensable pour le combat. Concours de circonstances, hasard ou manœuvre de l’Algérie pour avoir une position prédominante auprès du Mali ?
Difficile pour Macron, de jouer la carte du mercenariat
Emmanuel Macron qui, est le seul président français n’ayant ni initié une guerre, ni fait le service militaire, essai de trouver une solution viable à la question. Il faut agir de tous les côtés. Déjà il essaie de remettre les pendules à l’heure avec l’Algérie. En regrettant officiellement ‘’les polémiques et les malentendus” avec l’Algérie, et assure avoir “le plus grand respect pour la nation algérienne” et “son histoire”.
Sur l’offensive directe contre Wagner, vu que les rencontres informelles et les différents scoops médiatiques via les médias français semblent ne pas combler les attentes, désormais on fait appel au droit international interdisant l’appel au mercenariat. Un rapide survol de l’histoire du mercenariat dans ce même contexte ne saurait aider le Droit.
Au 20ème siècle de notre ère, si le mercenariat avec la complicité de société françaises, américaines ou cubaines avaient permis de livrer des combats internes après les indépendances en Afrique, c’est justement en raison de ce non cadrage juridique stricte de ce même droit international. Les sociétés françaises au Congo, au Katanga, au Biafra, celles cubaines en Ouganda, les américains en Angola, au Rwanda au Congo également… Tout le monde en fait appel.
Même pour assurer la sécurité de leurs bateaux dans la période de piraterie maritime dans l’océan indien, les russes, les anglais ont dû faire appel à des sociétés privées.
La nouvelle option
Il faut trouver la bonne équation ; le Conseil des ministres des affaires étrangères de l’Union européenne est organisé dans la foulée, et on plaide pour que l’Union européenne soutienne l’action de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) vis-à-vis du Mali. Même si par courtoisie diplomatique personne n’ose s’opposer à Paris, en backend, les petits coups de mains semblent être opérés en silence.
Un cadre juridique est dans la précipitation adopté, afin de prendre des mesures restrictives contre ceux qui entravent la mise en œuvre de la transition, mais ici la cible prioritaire objet de discussion est Wagner… Il faut à tout prix empêcher l’installation de ces derniers. Désormais ce n’est plus la France qui dit, mais l’union européenne, via le Ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian.
‘’Lors de ce conseil s’est exprimée la volonté commune de décider de sanctions qui seront mises en œuvre contre la société Wagner. Cette société qui est une société russe, composée d’anciens militaires russes, basée en Russie, intervient sur certains théâtres extérieurs de manière anonyme d’une certaine façon, puisque cette société mène des actions de déstabilisation par procuration pour le compte d’autres’’ a déclaré le chef de la diplomatie française.
Et d’ajouter que ‘’ par ailleurs, elle se sert directement sur les pays où elle agit en termes financiers : elle développe des actions de prédation et des violations, des prévarications qui sont identifiées dans tous les espaces où elle intervient’’. En outre, ‘’il y a une menace d’intervention au Mali et par ailleurs l’Union européenne a décidé de prendre des sanctions contre la société Wagner, à la fois contre les membres de la société et contre les sociétés qui travaillent directement avec cette société Wagner ’’ a-t-il conclu.
La lueur ne semble pas apparaitre sur le sujet et l’on ne risque pas de voir le jour se lever de sitôt dans ce jeu d’intérêt entre les différentes parties qui s’invitent dans ce bourbier malien.
Guy-victoire Kanikatoma SANBENA
Expert ès qualités en gestion des Projets agréé près les cours et tribunaux du Togo,
Consultant en Communication Institutionnelle, Politique et d’Influence
Source: Le Pays- Mali