Après deux mois d’hostilité militaire, ce conflit fratricide se mue progressivement en guerre civile, avec tous les risques de la voir s’éterniser. Dans leur apparente guerre d’égo, ni Al-Bourhane ni Hemetti n’entendent jeter du l’est. Un rappel des faits d’armes des deux protagonistes s’avère nécessaire à la compréhension de cette situation.
En 2003, lors de la lutte anti-insurrectionnelle contre les rebelles du Darfour, tous deux ont joué un rôle majeur. Général Al-Bourhane avait pris le contrôle de l’armée soudanaise au Darfour. Hemedti commandait l’une des nombreuses milices arabes, les Janjaweed – leur dénomination collective – utilisés par le gouvernement contre les groupes rebelles darfouris, majoritairement non arabes.
Au fil du temps Hemedti, qui avait commencé à fournir des troupes à la coalition dirigée par l’Arabie saoudite au Yémen, gagnait en puissance et en influence. Mais c’était, en réalité, un subtil jeu du stratège Omar El Béchir qui a permis à la RSF de faire contrepoids aux forces armées régulières, assurant ainsi le sursis à son régime. Sauf que l’ex-numéro 1 soudanais n’avait pas prévu l’importance des mouvements à l’origine de sa chute. Suite à des mois de manifestations populaires, les deux généraux se sont concertés pour le renverser en avril 2019.
Le gouvernement de Transition dirigé par les civils n’a duré que deux ans. Car en octobre 2021, les militaires ont repris le pouvoir, cette fois-ci, avec Général Al-Bourhane à la tête de l’État et Hemedti comme adjoint.
Toutefois, malgré le coup d’État fomenté ensemble contre l’ancien président, Omar El Béchir, chacun ambitionnait de tenir seul les rênes du Pouvoir. Lequel, aux mains d’Al-Bourhane, finit par faire long feu alors que l’insurrection civile, qui a entraîné la chute d’Omar El Béchir, ne s’était pas estompée. Cette situation rendait leur pouvoir bicéphale très fragile. Le courant ne passait plus entre les deux généraux alors qu’ils étaient appelés à s’unir pour la circonstance.
Mais leur combat pour le leadership est-il la seule raison du chaos? Wait and see !
Gaoussou Madani Traoré