Le 19 mai 2017, en moins d’une semaine après son entrée à l’Élysée, Emmanuel Macron s’est rendu en urgence à Gao, pour demander aux pays de la région de participer désormais au combat commun. Cet appel s’adressait à la fois aux pays membres du G5 Sahel et à l’Algérie. En fait, l’adresse du Chef de l’Etat français est une exigence claire et nette pour les cinq pays qui constituent la force du G5 Sahel et l’Algérie, afin qu’ils s’inscrivent et se responsabilisent dans l’application des Accords d’Alger.
Un message qu’il a repris lors de son récent séjour algérien, le 06 décembre, quand il disait : « J’attends une coopération totale de tous ceux qui partagent l’objectif d’une paix durable au Mali ». Ce qui sous-entend une forte implication de l’Algérie à l’application du processus de paix signé dans sa propre capitale, Alger, entre le gouvernement malien et les rebelles du nord. Auparavant le 12 novembre, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian rencontrait à Alger son homologue pour tenter d’obtenir une implication plus active des autorités algériennes au Sahel. Ce qui n’a toujours pas permis de clarifier la position algérienne dans la problématique sécuritaire au Sahel, notamment celle du Mali.
Signé en mai-juin 2015, cet accord issu du processus d’Alger est loin d’être appliqué, deux ans et demi après sa signature, car ce qui devait être un accord de paix se réduit en fait, à un fragile accord de cessez-le-feu. Cet accord est d’ailleurs constamment remis en cause par des combats meurtriers et des embuscades contre les soldats de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la Stabilisation du Mali (Minusma), l’armée malienne et la force Barkhane.
Un constat qui amène Paris à multiplier les rencontres de haut niveau avec la partie algérienne. Le président Macron juge même que les dirigeants algériens ne font pas grand-chose dans ce qui aurait dû être leur partition comme garant dans l’application des termes d’un accord signé chez eux-mêmes. Ce que réfutent les Algériens qui avancent que grâce à leur concours, il a été possible de mettre en place des patrouilles mixtes entre les forces armées maliennes (FAMA) et certains groupes de la coordination ainsi que l’installation des autorités intérimaires
Dans ces conditions, l’Algérie est et restera un casse-tête chinois pour la France au Sahel. D’autant que l’Armée Nationale Populaire (ANP) algérienne, forte de ses 400 000 hommes, n’a pas vocation à se déployer avec une force extérieure. Un fait dû à des barrières constitutionnelles qui l’empêchent d’intervenir militairement au-delà de ses frontières.
Pour déjouer la stratégie militaire française, l’Algérie va jusqu’à conditionner son soutien au G5 Sahel à l’intégration de celui-ci dans le processus de Nouakchott qu’elle considère plus légitime, car initié par l’Union Africaine.
Gaoussou Madani Traoré