En fin de compte, Emmanuel Macron a annoncé lors d’un entretien sur TF1 et France 2, il y a deux semaines, le retrait des troupes françaises du Niger «d’ici la fin de l’année». Apparemment, «Le monarque républicain de la France» s’est résigné à laisser rentrer au bercail son ambassadeur et le personnel diplomatique présent à Niamey. Ce qui est désormais effectif.
Pour Thierry Vircoulon, Coordinateur de l’Observatoire sur l’Afrique centrale et australe à l’Institut français des relations internationales (Ifri), cette décision est un «aveu d’impuissance», car le président de la République française n’avait d’autre option que de retirer ses troupes du Niger pour ne pas les faire passer comme des forces d’occupation.
Capitulation sans condition et sans honneur
Le temps a fini par trancher puisque, en dépit de son obstination à faire de Mohamed Bazoum la seule autorité qualifiée à demander le départ de ses ‘’missionnaires’’, il a fini par comprendre que les militaires ont la réalité du pouvoir à Niamey. Et jouissent surtout d’une forte légitimité. D’où sa capitulation sans condition et sans honneur, face au Conseil National de la Sauvegarde de la Patrie (Cnsp).
Car Macron a bel et bien capitulé face au pouvoir militaire du Niger ! Lui qui disait ne jamais reconnaître la légitimé des «putschistes» du Cnsp et de son Gouvernement est en train de se mettre d’accord avec eux sur les modalités et le calendrier du départ des troupes françaises. Cette reconnaissance de fait des «putschistes nigériens» est un véritable camouflet de la politique extérieure française au Sahel, diligentée par Macron.
Toutefois, ce retrait des troupes françaises ne peut garantir une non-intervention militaire de la France au Niger, bien que certains observateurs pensent qu’il pourrait l’éloigner. Le Gouvernement nigérien doit donc faire énormément attention, d’autant que la France a déjà amassé plus d’un millier de soldats et du matériel militaire à Manaville, à la frontière nigéro-béninoise. Des militaires qui doivent appuyer une éventuelle invasion du Niger par la Cédéao. Encore que, selon Niamey, les militaires français présents sur le territoire nigérien, seraient en réalité de 3000 (soit le double du chiffre officiel annoncé, côté français). Paris ne serait-il pas en train de tromper la vigilance des autorités de Niamey en faisant partir 1500 soldats de la base de Niamey afin de permettre à ceux basés à la frontière bénino-nigérienne et ceux dissimulés à l’intérieur d’attaquer le Niger ?
Nous ne sommes dans les secrets des Dieux ! Mais quoi qu’il en soit, cette menace d’intervention militaire de la Cédéao pour «rétablir l’ordre constitutionnel» plane toujours sur le Niger. Et la France, dont les intérêts économiques et géostratégiques y sont considérablement menacés, reste prête à l’accompagner. Mais face à ladite menace, le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont dû signer la Charte du Liptako-Gourma, instituant l’Alliance des États du Sahel (AES). Laquelle aura pour mission, d’après ses concepteurs, d’assurer la défense collective des populations et du territoire des États membres.
Pour montrer la détermination du Burkina et du Mali à défendre le Niger en cas d’invasion militaire, le ministre malien des Affaires Etrangères a averti, le samedi 23 septembre, à la tribune des Nations Unies, donc à la veille de la capitulation de Macron que « Toute intervention militaire au Niger, … constitue une menace directe à la paix et à la sécurité du Mali, mais aussi à la paix et à la sécurité de la région, et aura nécessairement des conséquences sérieuses». En raison donc de cela, le Mali et le Burkina Faso ne resteraient pas «les bras croisés».
Gaoussou Madani Traoré
Le Challenger