Le président Emmanuel Macron a annoncé, lors du sommet UA-UE, que la France et ses partenaires européens vont mettre fin, de façon coordonnée, à leurs opérations militaires, Barkhane et Takuba, au Mali sur les prochains mois (4 à 6 mois). Mais, ce calendrier unilatéral de la France est loin d’être partagé par les autorités maliennes de la Transition. Lesquelles invitent Paris à retirer ses soldats « sans délai du territoire national ». Cela, sous la supervision des Famas.
Telle la réponse du berger à la bergère, Paris revient à la charge et rejette l’injonction de Bamako de retirer « sans délai » ses soldats. Très agité, Emmanuel Macron avertit : le retrait des troupes françaises et européennes « s’appliquera en bon ordre afin d’assurer la sécurité de la mission des Nations Unies et de toutes les forces déployées au Mali, je ne transigerai pas une seconde sur leur sécurité ». Cet avertissement (pour ne pas dire, cette menace) du Chef de l’Etat français est certainement contre-productif. D’autant que le départ des troupes françaises du Mali, compte tenu de l’exacerbation de la tension récurrente entre Bamako et Paris, est inéluctable.
Paris doit donc se réveiller pour comprendre que son ancienne colonie, désormais émancipée, aspire à la vraie souveraineté internationale. Car, le Mali veut tout simplement que la France reconnaisse qu’il est dirigé par des autorités qui le représentent. Lesquelles doivent faire l’objet de consultations préalables pour tout ce qui concerne l’avenir du Mali. Un adage Bamanan nous enseigne : « Ndè Koun tè di a mansa ko » (en français : on ne doit pas célébrer le baptême d’un enfant en dehors de ses parents). Autrement dit, l’Hexagone doit cesser de prendre des décisions qui concernent le Mali sans que ses autorités y soient associées.
Les autorités françaises, à commencer par Macron, ont besoin de mûrir afin de sortir de leur déni de la réalité, tant la France est plus que jamais contrainte de reprendre langue avec les autorités maliennes de la Transition. Paris doit ainsi se résigner à accepter que celles-ci jouissent non seulement de la légitimité populaire (des centaines de milliers de maliens sont maintes fois sortis pour le confirmer), mais aussi de la légalité, pour avoir été investies par la Cour Suprême du Mali et qu’elles détiennent indéniablement la Puissance Publique. Cela pourrait avoir au moins le mérite de calmer la houle qui perturbe le couple maliano-français en déliquescence pour une séparation moins houleuse. Comme devrait le faire tout couple en processus de divorce !
Mais puisque le Mali et la France sont liés par l’histoire, la culture et le sang, alors vivement de nouvelles relations franco-maliennes, sans aucun esprit de paternalisme !
Gaoussou Madani Traoré
Source: Le Challenger