S’il existe des dossiers judiciaires qui défraient la chronique actuellement au pays de Soundjata Keita, ce sont ceux de l’animateur radio et militant pour la défense de la République, Mohamed Youssouf Bathily, plus connu sous le pseudonyme Ras Bath et de sa compatriote Rokia Doumbia, surnommée Tantie Rose.
Ces deux Maliens sont poursuivis pour avoir tenu des propos jugés « outrageants » envers les autorités de la transition. Le premier avait affirmé que l’ex-Premier ministre Soumeylou Boubeye Maïga avait été « assassiné ». La seconde, quant à elle, a été arrêtée après avoir critiqué la vie chère sous la Transition au Mali. Comme quoi, il ne fait pas bon être critique envers les autorités du Mali. Tant l’on assiste au musellement des voix discordantes. Et les personnes les plus « courageuses » qui osent franchir la ligne jaune, sont intimidées ou arrêtées et jetées en prison. Autant dire que la transitions dirigée par les militaires au Mali, est source de problèmes et les premières personnes à en payer le prix, sont celles qui ne partagent pas sa vision. Il faut nécessairement que la transition malienne fasse preuve d’humilité, en acceptant les critiques. Car, certaines d’entre elles, pourraient les aider à bien mener à bon port, leur barque.
C’est pourquoi cette transition doit faire l’effort de ne pas casser à tout va, du leader d’opinion. Et la Justice si prompte à s’inviter dans cette « galère », doit faire montre de vigilance et d’indépendance pour ne pas donner raison à ceux qui pensent, à tort ou à raison, qu’elle est à la solde du pouvoir kaki. Cela dit, on ose croire que pour ces deux affaires, la Justice saura se montrer indépendante jusqu’au bout. Il y va de sa crédibilité. Quant aux leaders d’opinions et autres bloggeurs, même si l’on considère qu’ils sont dans leur rôle d’éveilleurs de conscience, ils doivent se fixer des limites à ne pas franchir. Ils doivent faire preuve de responsabilité sociale, surtout dans ce difficile contexte sécuritaire malien. Ces leaders d’opinion doivent surtout éviter de tenir certains propos incendiaires qui pourraient mettre à mal la paix, la cohésion sociale et le vivre-ensemble. Le pays de Modibo Keita, confronté à une crise sécuritaire sans précédent, n’a pas besoin d’ajouter une crise à une autre. Ces leaders sont donc interpellés. Ils peuvent certes critiquer la transition. Cela étant dit, il est bon que ces critiques se fassent dans la courtoisie. Mais il ne faut pas être dupe. Le pouvoir kaki au Mali ne semble pas avoir suffisamment le dos large pour supporter la contradiction ni la critique. Ce ne semble pas inscrit dans son ADN, ce qui est bien dommage !
Ben Issa TRAORE
Source : lepays.bf