C’est le moins que l’on puisse dire après l’incarcération du PDG de la Société, Idrissa Haïdara. Précédée, voire anticipée par une méchante campagne médiatique, elle est aujourd’hui entrain de mettre à nu l’embastillement de la justice malienne par le pouvoir politique. De rumeurs de » détournement de fonds » clamées sur les toits, l’on s’est finalement rabattu sur une prétendue » mauvaise gestion « . L’alibi se trouverait dans un rapport produit par le BVG (Bureau du Vérificateur Général). Mais au fait, que se passe t- il dans ce dossier ? Y aurait – il de nouveaux faits ? Si non, pourquoi le dossier ne bougerait – il pas ?
L’arrivée au pouvoir du RPM (Rassemblement pour le Mali) et son candidat, M. Ibrahim Boubacar Keïta (IBK, a semble t – il réveillé les vieux démons de la chasse aux sorcières, disons – le, devant permettre à certains de régler des comptes à de paisibles citoyens, simples serviteurs de leur pays, quelque soit le régime en place. L’on eut l’impression qu’avant ce pouvoir, il n’y avait aucune structure de contrôle et de vérification dans notre pays. Il a suffi que le régime ATT (Amadou Toumani Touré,) parte, que l’on découvre subitement des cas de » détournements « , de » corruption, » etc.
Le scoop est venu du BVG avec des déclarations tenues sur une radio internationale, jetant en pâtures et notre pays et des cadres, avant le déclenchement de toute procédure judiciaire. Le scoop est même repris par des autorités devant des diplomates étrangers. Dans le scoop, les Maliens auront la surprise d’apprendre qu’au PMU, plus de trente (30) milliards de F CFA se seraient évaporés. Patati, patata !
Pour les observateurs, cela ne faisait aucun doute. Le nouveau régime voudrait se débarrasser du patron de la société, Idrissa Haïdara.
On le savait déjà, dans notre pays, les nouveaux arrivants cherchent toujours à placer leurs prions en quête de places.
Cela paraitrait normal à condition que l’on use du bon sens. Les cadres en fonctions ne doivent pas être vilipendés, salis, puis jetés en prison, pour obtenir satisfactions. Dans le cas précis, c’est ce qui a été malheureusement fait. Des semaines durant, l’on ne parlait plus que de l’affaire PMU – Vérificateurs et autorités du pays se relayaient pour enfoncer le clou.
Finalement, Idrissa Haïdara passa des jours d’interrogatoires au Pôle Economique avant d’être déféré. Sur quelle plainte ? L’Etat malien, actionnaire majoritaire de la société, avait – il des griefs ? Qu’en était – il des actionnaires privés ? Que dire alors des différents Conseils d’administration tenus sous Idrissa Haïdara ? Des actionnaires privés, originaires du parti ADEMA et sous les couleurs RPM, ignoraient – ils tout de la gestion ? N’étaient – ils pas les premiers à bénéficier des ristournes et à applaudir ? » Mauvaise gestion « , a t – on dit dans cette affaire. Mais, mauvaise gestion de quoi ?
Peut – on s’interroger. Car, il reste indéniablement que c’est l’Etat malien qui décide au PMU en dernier ressort. Le PDG n’est qu’en exécutant et les actionnaires privés des applaudimètres. Lorsque l’Etat malien soutire des milliards de F CFA pour équiper son armée, cela participerait – il d’une mauvaise gestion ? Que dire alors des constructions de Commissariats de police, de centres de santé, d’écoles… ? Que penser des milliers d’emplois directs et indirects crées ? N’était – il pas bienséant de voir clair dans le rapport du BVG avant de déclencher toute procédure ? A-t – on préféré priver l’homme de sa liberté pour fouiner après dans les poubelles ?
Cette affaire PMU nous rappelle les précédentes des années 1999 – 2002. A cette période, les regards se dirigeaient vers le palais de Koulouba à un pas du départ de son locataire.
Tour à tour, les patrons de la CMDT, Sotelma, RCFM,.. passèrent dans les filets de la justice. Au finish, il n’y eut que des procès en pertes pour l’Etat malien. Des cadres ADEMA, supposés être d’un clan ou l’autre, avaient fait les fais de cette justice qui ne disait pas son nom.
Aujourd’hui, certains d’entre – eux sont au pouvoir avec M. Ibrahim Boubacar Keïta.
De bonne foi, ils pourraient apporter leurs expertises. Tout comme l’actuel ministre de la Justice, Me Mohamed Aly Bathily, que l’on sait très entreprenant, sérieux, intègre. Ses étudiants, ils sont très nombreux, louent ses connaissances et sa rigueur dans le travail. Il ferait partie, de leurs avis, de la race des bons magistrats du pays. L’affaire PMU est donc l’occasion pour lui de prouver davantage cela au peuple malien dans son ensemble. L’action publique, s’il y en avait, ne saurait être déclenchée à son insu. Sous son ministère, un citoyen devrait – il croupir d’abord en prison ? Mieux que quiconque, il sait toute la portée de la liberté pour un homme pour l’avoir enseignée à ses étudiants.
Le Chef de l’Eta vient de lui renouveler sa confiance. Cela doit aussi se traduire dans les actes de tous les jours. Cette détention du PDG du PMU, fut – elle préventive, n’aura que trop duré. En l’absence de faits irréfutables nouveaux, ne serait – il pas mieux de lui rendre sa liberté ?
B. KONÉ