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Affaire du procureur général de Paris: Taubira dans l’œil du cyclone

En France, l’affaire dite « Falletti » provoque des remous. Le ministère de la Justice est soupçonné d’avoir tenté de mettre sur la touche le procureur général de Paris, François Falletti, en raison de sa sensibilité politique. La droite s’est emparée de cette histoire. La journée du mercredi 5 février 2014 fut agitée pour les parlementaires.

Christiane Taubira ministre justice française

La chancellerie a-t-elle voulu, comme l’affirme le journal satirique Le Canard enchaîné, écarter le procureur général de Paris pour des raisons politiques ? Cette question gênante a été écartée d’un revers de main ce mercredi matin par Najat Vallaud-Belkacem, porte-parole du gouvernement, à l’issue du Conseil des ministres.

Pour elle, les choses sont claires : non, le procureur général de Paris François Falletti n’a pas été convoqué « en urgence » au ministère de la Justice. Et non, la ministre n’a voulu ni le limoger ni le contraindre à démissionner. Un poste de procureur général à la Cour de cassation lui a au contraire été proposé.

« Cette proposition, le procureur général de Paris l’a refusée », assure Mme Vallaud-Belkacem pour qui « les choses s’arrêtent là ». « La garde des Sceaux […] aura l’occasion de le redire d’elle-même : d’une part elle suit les avis du Conseil supérieur de la magistrature […], d’autre part elle ne limoge pas les magistrats du parquet, et c’est l’occasion pour moi de rappeler qu’en revanche cette pratique-là, on l’a bien connue, il y a quelques années à peine. »

« Encore plus grave ? »

François Falletti doit prendre sa retraite dans un an et demi. De sensibilité de droite, il avait été nommé sous Nicolas Sarkozy à son poste. La gauche a-t-elle voulu s’en débarrasser ? Après les révélations émanant de la presse, la représentation nationale attendait de pied ferme la majorité pour poser la question. Ce mercredi après-midi à l’Assemblée, le patron de l’UMP Jean-François Copé a dégainé le premier, pour dénoncer un « scandale d’Etat ».

Puis son chef de file parmi les parlementaires de l’Assemblée, Christian Jacob, a surenchéri. « Quand le garde des Sceaux en est réduit à ce genre d’attitudes politiciennes, c’est-à-dire de convoquer l’un des plus grands magistrats de France en lui disant qu’il ne correspond pas à sa sensibilité politique, c’est inadmissible, c’est indigne », a-t-il fait valoir.

Et la droite d’ironiser sur les « leçons de morale » assénées par la gauche sous l’ère Sarkozy. A l’instar du député Lionnel Luca : « Il y a double langage, entre quand on est dans l’opposition et quand on est au pouvoir. Nous, par définition, on est déjà le camp du mal. Donc, quand c’est le camp du bien qui commet des actes aussi éhontés, c’est encore plus grave, non ? »

Une question de méthode ?

Christiane Taubira a bel et bien reçu le procureur Falletti. Elle s’en est expliquée devant les parlementaires du palais Bourbon : « Je note qu’il a été invité à cet entretien tout à fait classique, avec la direction de mon cabinet, par un appel le jeudi 23 janvier, et si vous en voulez la preuve, on demandera une fadette. »

Et d’ajouter : « Il a été reçu le lundi suivant, c’est-à-dire quatre jours après, et il a attendu plus de huit jours, le mardi suivant, le 4 février, pour m’adresser un courrier faisant part de son interprétation du contenu de l’entretien, un courrier qui me parvient après que j’en ai déjà pris connaissance dans la presse en ligne et dans la presse écrite. S’il y a une question sur les méthodes, ce n’est certainement pas sur les miennes. »

Attaques purement « politiciennes »

Le député socialiste Gérôme Guedj l’assure aussi : il n’a jamais été question de faire démissionner le magistrat. « S’il devait y avoir éviction pour des raisons politiques, elle aurait eu lieu au moment de l’arrivée de Christiane Taubira, ce qui n’est pas le cas », fait-il valoir. Mais qu’à cela ne tienne, certains députés d’opposition réclament désormais la démission de la ministre.

Pour le député PS Thierry Mandon, ces attaques sont purement « politiciennes ». « L’opposition réclame le départ des ministres chaque jour, rappelle-t-il. Hier, c’était Bertinotti, aujourd’hui c’est Taubira. La grande question, c’est de savoir qui ce sera demain ! » De fait, la droite n’avait pas demandé le départ de Rachida Dati en 2009, lorsque la garde des Sceaux de l’époque avait mis fin aux fonctions du procureur général de Riom.

« Nouvelle marque de mépris »

Au-delà de la polémique, François Falletti restera bien procureur général de Paris. Mais les explications de la chancellerie ne trompent personne. Si le magistrat a été convoqué le 27 janvier, ce n’est pas pour se soucier soudainement de son avenir, mais bien pour mettre sur la touche un magistrat connu pour sa sensibilité politique. L’homme a toujours revendiqué son engagement à droite.

Le ministère de la Justice avait clairement à cœur de placer à ce poste stratégique une personnalité plus en accord avec la ligne gouvernementale. Ce serait donc une grosse faute politique commise par Christiane Taubira. Car la gauche se voulait exemplaire sur ce sujet-là. François Hollande avait fait de l’indépendance de la justice et des magistrats une de ses promesses de campagne.

Pour l’Union syndicale des magistrats (USM), syndicat majoritaire, « cette nouvelle marque de mépris pour l’indépendance de la magistrature ne peut qu’inquiéter ».

 

Source: RFI

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