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Affaire du Boeing présidentiel : Le FMI sanctionne le Mali

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Le débat sur l’achat de l’avion présidentiel d’IBK est loin d’être clos. Au contraire, il s’enflamme au rythme des tentatives de justifications officielles, qui se le disputent aux menaces de sanctions des institutions financières internationales, et, par ricochet, de la communauté internationale. La dernière évolution du dossier date de lundi dernier. Ce jour-là, pendant que le Quotidien national, citant le ministère de l’économie et des finances, révélait que « l’acquisition de l’aéronef n’a été entachée d’aucune entorse aux lois et règlements budgétaires », un porte-parole du Fonds monétaire international (FMI) critiquait ouvertement depuis Washington, l’achat de ce jet Boeing par la République du Mali. Pire, en plus de la menace de retarder le prochain prêt du FMI au Mali, le porte-parole soupçonne IBK d’avoir puisé dans les prêts du Fonds pour acheter « son » avion.

 

 

C’est AFP qui lève le lièvre dans un scoop repris le mardi 20 mai dernier par Jeune Afrique sur son site. L’information ? C’est qu’un porte-parole du Fonds monétaire international (FMI) a ouvertement critiqué, lundi 19 mai, depuis Washington, l’achat d’un Boeing par la République du Mali. « Nous sommes préoccupés par la pertinence de récentes décisions telles que l’achat d’un avion présidentiel d’une valeur de 40 millions de dollars (29,5 millions d’euros ou 20 milliards de FCFA) », a déclaré ce représentant du FMI. Selon lui, cette transaction témoigne de « faiblesses » dans la gestion des finances publiques du pays, affirmant également que le prochain prêt du FMI au pays serait en conséquence « retardé ». Le porte-parole de l’institution n’a par ailleurs pas exclu que cet achat ait été, en partie, financé par des précédents prêts du Fonds.

Pourtant, quelques jours plus tôt, le gouvernement malien avait fourni un document qui détaille la procédure d’achat de ce Boeing. L’Essor qui a consacré un article à ce dossier lundi dernier écrit que le ministère de l’Economie et des Finances a produit un argumentaire technique pour établir la légalité de ces opérations et en détailler les modalités de paiement.

On peut y lire ceci : « L’acquisition de l’aéronef n’a été entachée d’aucune entorse aux lois et règlements budgétaires. La procédure n’a été contournée ni pour l’avion, ni pour le contrat du ministère de la Défense puisque le secteur de la défense et de sécurité bénéficie dans le Code des marchés publics « d’un traitement dérogatoire en vertu de son caractère spécifique ». L’avion a donc été acquis tout a fait légalement pour le compte du ministère de la Défense. Comment a-t-il été payé ? Le ministère des Finances confirme le total de 20 milliards qui additionne le prix d’achat de 16,8 milliards de FCFA et les frais d’intermédiation chiffrés à 3,2 milliards de FCFA. La facture a été réglée par l’Etat grâce à 5,5 milliards tirés du budget national et 14,5 milliards prêtés par la BDM Sa….ce prêt sera remboursé à la BDM par une « rétention » sur « les lignes budgétaires de dépenses d’investissement sur les ressources intérieures ».

La Banque mondiale suit la situation

Ces explications n’ont apparemment pas convaincu le FMI, qui est non seulement décidé à retarder son prochain prêt au Mali, mais aussi qui n’exclut pas que son argent ait été utilisé dans cette transaction.

L’autre nouvelle peu reluisante, c’est que, de son côté, la Banque mondiale a, elle, indiqué suivre la situation « avec inquiétude ». Selon une source proche du dossier, l’achat du jet présidentiel n’a par ailleurs pas fait l’objet d’un appel d’offres en bonne et due forme.

Et l’Union européenne ? Il est de coutume que, chaque fois que les institutions de Bretton Woods sévissent, l’UE leur emboîte le pas. Il faut craindre ce scénario catastrophe pour le Mali.

Pour en revenir au FMI, sans parler de sanctions, l’institution menace qu’il allait « retarder » l’audit que ses équipes devaient mener à Bamako, condition préalable au versement d’un nouveau prêt au pays.

La colère du FMI est à la mesure de son investissement dans le pays. Pour combler les besoins de financement urgents du pays, l’institution a d’abord débloqué en 2013 deux prêts d’urgence pour un total de quelque 33 millions de dollars, environ 16,5 milliards de FCFA.

Après le feu vert du Fonds, la communauté internationale a promis 3,25 milliards de dollars (quelques 1 625 milliards de FCFA) d’aide aux autorités maliennes. Signe d’un soutien appuyé, le Fonds a même décidé en décembre 2013 d’accorder au pays une ligne de crédit de 46 millions de dollars (plus ou moins 23 milliards de FCFA) sur trois ans, dont les versements successifs sont conditionnés à des réformes visant notamment à « lutter contre la corruption » et à « combattre la pauvreté ».

Un premier prêt de 9,2 millions de dollars (environ 4,6 milliards de FCFA) avait alors été immédiatement débloqué. La directrice générale du FMI, Christine Lagarde, s’était ensuite personnellement engagée dans ce dossier en venant à Bamako en janvier dernier où elle avait confié avoir « beaucoup d’espoir » pour le pays.

L’affaire de l’avion présidentiel risque toutefois de ternir le tableau. D’autant que le FMI a également fait part de ses préoccupations concernant la garantie apportée par l’État malien à un prêt de 200 millions de dollars (environ 100 milliards de FCFA) à une société privée en lien avec l’armée. Il s’agit là du contrat de gré à gré passé entre le ministère de la Défense et des anciens combattants et la société Guo Star Sarl de Sidi Mohamed Kagnassy. Le Boeing d’IBK finira-t-il de faire parler de lui de sitôt ? Pas évident.

Après cette radicalisation de la position du FMI qui exige toujours des comptes à Bamako, quelle sera l’attitude des autres partenaires financiers ? Comment le pouvoir arrivera-t-il à se sortir de ce sale drap ? Des questions se posent.

Sékou Tamboura

(Avec Jeune Afrique)

 

 

SOURCE:L’Aube

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