Dans l’affaire de l’arrestation de 49 Ivoiriens reconnus soldats de l’armée régulière par la Côte d’Ivoire, (voire communiqué du Conseil de Défense et de Sécurité sur l’affaire et qualifiés de mercenaires par le gouvernement malien), le Mali privilégie désormais l’option diplomatique.
Le lundi passé, c’est dans un communiqué conjoint signé de deux ministres des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop du Mali et Robert Dyssey du Togo, le Président de la Transition, colonel Assimi Goïta, s’est dit engagé pour une résolution diplomatique. Selon ledit communiqué, le Président de la transition a même souhaité l’implication du Président du Togo Faure Essozimna Gnassingbé pour le dénouement de la situation par voie diplomatique.
Judiciarisation de l’Affaire
Par contre, le même jour, vers le petit soir, les réseaux sociaux sont inondés par un autre communiqué sur l’affaire. Cette fois, celui du parquet général près la Cour d’Appel de Bamako. Signé, Ladji Sara et procureur général près ladite Cour, le communiqué informe les opinons sur l’ouverture d’une enquête judiciaire. A rappeler que le premier communiqué du gouvernement malien allait dans ce sens avant l’arrivée du chef de la diplomatie togolaise.
Maintenant, après cette ouverture d’enquête judiciaire au niveau du parquet, ou la judiciarisation de l’affaire, le Mali peut-il encore continuer la résolution diplomatique comme promise dans le communiqué conjoint ? Sachant bien que le principe de séparation des pouvoirs, interdit à l’exécutif (gouvernement) toute implication dans les dossiers pendant devant une Cour ou un Tribunal. A cet élan, aucune résolution diplomatique n’est encore envisageable sauf violation flagrante d’un principe qui fait le plus grand pilier de la démocratie. La séparation des pouvoirs et l’Etat de Droit.
Avec cette judiciarisation, qui doit être respectée par le gouvernement malien et celui de la Côte d’Ivoire, le problème est-il définitivement résolu ? Peut-il avoir de mercenaires sans commanditaires ? Et qui seraient commanditaires et quelles seront les conséquences ? Si la justice allait dans le même sens que le gouvernement, que se passerait-il au final? Jugerons-nous les mercenaires sans leurs commanditaires ?
A rappeler que le parquet a juste ouvert des enquêtes pour voir clair afin de statuer, soit en classant l’affaire sans suite ou de poursuivre les 49 Ivoiriens pour le moment suspectés de mercenariat au Mali. Ce dont on est sûr, la résolution par voie intergouvernementale et diplomatique doit prendre fin, une fois la justice saisie de l’affaire. Et c’est fait.
Koureichy Cissé
Source : Mali Tribune