Alors que les regards sont tournés vers une prochaine marche de l’opposition, à travers le FSD et la CoFoP, prévue pour le 8 décembre prochain, son intention de porter plainte contre des personnalités politiques et militaires du pays pour coups et blessures volontaires suite à la répression de leur meeting du 16 novembre dernier est toujours attendue devant les tribunaux de la place. En tout cas, deux semaines après les faits, les informations de l’opposition autour de cette affaire se contredisent.
Suite au meeting interdit de l’opposition du 16 novembre dernier, des manifestants, dont un député de l’Assemblée nationale, ont été victimes de répression de la part des forces de sécurité. L’opposition initiatrice de l’événement, à travers ses deux regroupements, le Front pour la sauvegarde et la démocratie (FSD) et la Coalition des forces patriotiques (CoFoP) avaient annoncé leur intention de porter plainte contre le Premier ministre Soumeylou Boubèye MAIGA ; le ministre de la Sécurité et de la protection civile, Salif TRAOREE ; le directeur de la Police du district de Bamako, Siaka D. SIDIBE et le commissaire du 1er arrondissement, Siriman dit Bah TANGARA pour ‘’violation de la Constitution’’ et ‘’Coups et blessures volontaires’’.
Des responsables de ces deux fronts opposés au régime reprochent à ces personnalités d’avoir autorisé notamment l’agression du député de Niono, Amadou DOUMBIA, tabassé et blessé par des éléments de la police lors de la répression du meeting du 16 novembre. Ce jour également, des responsables politiques de l’opposition, dont Soumaila CISSE, Choguel Kokalla MAIGA, Mohamed Ali BATHILY ont également inhalé beaucoup de gaz lacrymogène.
Dès le lendemain de cette répression, l’opposition exprimait sa détermination à se faire justice face à la presse en ces termes : « Face à l’arrogance d’État et aux velléités autocratiques du régime, nous ne resterons pas les bras croisés. Aussi allons-nous initier dans les heures et jours qui suivent les actions suivantes: Au plan judiciaire : des plaintes, avec constitution de parties civiles, seront lancées contre SBM (Soumeylou Boubèye MaÏga), le général Salif Traoré, le commissaire divisionnaire Siaka D. Sidibé, directeur de la Police du District et le commissaire principal Siriman dit Bah Tangara, commissaire du 1er arrondissement de Bamako pour violations de la constitution et de la loi, coups et blessures volontaires ayant entraîné de graves lésions », a dit Oumar Mariko.
Au plan politique, l’opposition, par la voix du président du parti SADI, a fait savoir que les partis membres du FSD et de la CoFoP boycotteraient les séances d’écoute programmées par l’Assemblée Nationale sur le projet de loi organique relative à la prolongation du mandat des députés.
Mieux, les députés des deux regroupements d’opposition ont promis d’interpeller à l’Assemblée nationale le « Gouvernement de fait » et notamment les ministres de la Sécurité, de la Justice et de la Santé. « Nous demanderons une enquête parlementaire internationale : le Comité interparlementaire de l’UEMOA, le parlement de la CEDEAO, et de l’Union Africaine, l’Union interparlementaire (UIP) et l’Assemblée parlementaire de la francophonie (APF) seront invités à envoyer des missions d’information/d’enquête sur les violences policières du 16 novembre notamment les coups et blessures délibérément infligés au député Amadou Araba Doumbia. Nous rencontrerons les ONG (Organisations non gouvernementales) de droits de l’homme ainsi que les représentants de la communauté internationale », a souligné l’honorable Oumar Mariko.
Deux semaines après ces faits et annonces fortes de l’opposition, aucune plainte n’avait été signifiée aux autorités incriminées, au moment où nous mettions sous presse.
Approché par nos soins, ce dimanche 2 décembre, lors de sa visite de terrain à Gao avec le PM, le ministre de la Sécurité et de la protection civile, le général Salif Traoré a indiqué qu’aucune plainte ne lui avait été signifiée, à ce jour : « pour le moment, rien ne nous a été signifié de la part de l’opposition ». « Nous sommes en démocratie et les gens peuvent faire leur déclaration, comme bon leur semble », a-t-il ajouté.
Du côté de l’opposition, les informations reçues auprès des responsables politiques sur cette affaire dite du siècle sont loin d’être rassurantes. En effet, il y a, d’une part certains qui affirment que la plainte sera déposée contre les personnes visées au plus tard aujourd’hui mardi. Pour cela, nous rapporte-t-on, des avocats du parti SADI (formation politique du député tabassé) vont s’ajouter à ceux du FSD pour former un pool de défense afin de soutenir l’élu agressé.
A l’inverse, l’on apprend aussi d’autres responsables politiques de l’opposition que l’initiative est toujours d’actualité. Selon les tenants de cette thèse, les lignes n’ont pas encore bougé, mais ce n’est qu’une question de jour. Nos sources affirment qu’elles attendent juste la plainte de l’honorable DOUMBIA lui-même qui a été physiquement et moralement victime de l’agression. Comme l’on dit en bambara « N’i y’i pan kotigi gnè, i na pan ko fila kè ».
« Ce qui est sûr, s’il porte plainte, nous allons le soutenir jusqu’au bout », a déclaré un responsable politique de l’opposition malienne. Autant dire que contrairement aux tapages médiatiques faits autour de cette affaire par l’opposition, c’est au député agressé qu’ils ont laissé l’initiative.
« Quand le député portera sa plainte, c’est en ce moment nous allons faire un communiqué », a martelé un responsable politique de l’opposition.
Par Sikou BAH
Source: info-matin