Alors que les enquêtes ouvertes au Mali restent toujours en cours pour tirer au clair le massacre présumé des civils à Moura, au centre du Mali, le Gouvernement des Etats-Unis d’Amérique a imposé des mesures de restrictions de visa contre deux officiers de l’armée malienne. Le gouvernement de la transition dénonce la politique « des deux poids deux mesures » des USA.
Avec à sa tête le PM Choguel Kokalla Maïga, l’équipe gouvernementale de la transition rappelle avoir appris avec stupéfaction la décision « unilatérale » du gouvernement des Etats-Unis d’Amérique, le 25 mai dernier, d’imposer des restrictions de visa à l’encontre de deux vaillants officiers de l’armée malienne. Cela, en raison des actes présumés sur l’unique fondement du rapport des Nations unies sur les « évènements de Moura ». Une mesure prise au moment où les conclusions des enquêtes judiciaires menées par les autorités maliennes ne sont pas disponibles. Via le communiqué N°052 du 13 mai 2023, le gouvernement malien avait contesté le rapport « onusien biaisé » tant sur l’approche que sur son contenu. Les autorités de Bamako estiment que la décision prise par le Gouvernement américain est injuste et infondée. Ce n’est pas tout. Le message que le gouvernement des Etats unis transmet, ainsi que la forme publique de son annonce portent atteinte à la présomption d’innocence des intéressés (deux officiers), voire jettent du discrédit sur l’ensemble de l’institution militaire, indique-t-on dans le communiqué du gouvernement malien. Avant la prise de cette décision, rappelle-t-on, des propos accusatoires avaient été formulés, le 22 mai 2023, par le Porte-parole du Département d’Etat américain à l’occasion d’un point de presse. Laquelle accusation portait sur un prétendu rôle que le Mali aurait joué pour faciliter la fourniture d’armes dans le cadre d’une crise pour laquelle il a observé la stricte neutralité lorsque les aspects substantiels étaient examinés. Avant l’annonce des sanctions contre les deux officiers maliens, le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale du Mali, Abdoulaye Diop, avait convoqué l’Ambassadrice des Etats unis au Mali suite aux propos du porte-parole du Département de l’Etat américain. C’était pour lui signifier l’extrême gravité des fausses accusations portées contre la République du Mali. Par le biais des présentes accusations qui se dressent contre le pays et des officiers, le Gouvernement du Mali dit « rejeter avec force l’instrumentalisation et la politique des droits de l’homme pour des visées géopolitiques ». Il dénonce, par la suite, « la politique des deux poids deux mesures » du Gouvernement américain dans la présente affaire de Moura, une localité située au centre du pays. Parlant du même sujet d’insécurité et de massacre, le Gouvernement de la transition dit rappeler au gouvernement américain son « silence troublant suite au bombardement de la France, le 3 janvier 2021, des paisibles citoyens maliens qui célébraient un mariage à Bounti ». Cela, malgré que la responsabilité de la France ait été établie par la Minusma. Et de préciser que les mesures unilatérales inconsidérées sont contre-productives, voire dangereuses face à la complexité de la crise sécuritaire au Mali. Elles ne feront que renforcer les groupes terroristes et les forces obscurantistes. Rappelant les trois principes directeurs édictés aux membres du gouvernement par le président de la transition, le colonel Assimi Goïta, l’équipe de l’actuel PM, en l’occurrence le Dr Choguel Kokalla Maïga rassure l’opinion nationale « qu’aucune manœuvre ne saurait le pousser à adopter une position partisane, sur fond de tensions géopolitiques, ni compromettre l’œuvre de la refondation en cours au Mali, de même que la montée en puissance des Forces armées maliennes ».
Mamadou Diarra
Source : LE PAYS