La société française Oberthur ou l’affaire du passeport malien…. L’insécurité…
Selon toute évidence, les parlementaires n’ont pas encore fini avec le ministre Sada Samaké lequel, pour la quatrième fois consécutive, répondra de ses actes devant le peuple malien le 30 avril prochain. L’interpellateur du jour s’appelle Oumar Mariko visiblement bien préparé pour les besoins de la cause.
C’est en effet le jeudi 30 avril prochain que le ministre de la sécurité intérieure et de la protection civile sera, une fois de plus face aux députés. A l’ordre du jour, l’affaire de la BMW X6 du DG de la police, la société Oberthur Technologies bénéficiaire du marché du passeport malien, l’insécurité et les revendications des syndicats de police. Des questions d’actualité et pour le moins très brûlantes.
De sources proches du député interpellateur, l’Honorable Oumar Mariko a bien sa possession de nombreuses documentations très compromettantes pour le ministre cité. Des pièces à conviction dit-on. En attendant, voici un bref rappel des dossiers concernés.
La BMW X6 du DG de la Police
L’affaire remonte à la fin 2014 et début 2015. Un opérateur malien répondant au nom de Niakaté a acquis un véhicule (BMW X6) en France dans l’intention de le revendre à Bamako. Sur place dans la capitale malienne, il le céda à un compatriote. Mais une fois la transaction terminée, la police, à travers le commissariat du 15èmearrondissement, saisit l’engin au motif qu’il s’agit d’un produit volé en France et emprisonna Monsieur Niakaté pendant plus de 48 heures. L’infortuné dut payer des bakchichs pour recouvrer sa liberté.
Mais le véhicule déclaré volé se retrouvera curieusement aux mains du DG de la Police, M. Hamidou Kansaye. Ce dernier déclara que c’est l’ambassade de France à Bamako qui lui en a fait don.
Il se trouve que l’acquéreur, M. Niakaté dispose de toutes les factures d’achat attestant que le véhicule n’a pas été volé. Il porta alors plainte contre le DG de la police. Mais ses trois plaintes restèrent sans suite, en tout cas, jusqu’à ce jour. Mais aussi bizarre que cela puisse paraître, c’est Niakaté qui fut convoqué en début de semaine par le Tribunal de la Commune V lequel lui signifia qu’il est poursuivi pour vol qualifié, association de malfaiteurs, etc. (Lire encadré). Ce ne sont, en tout cas, pas les anomalies qui manquent dans ce dossier. Nous en saurons davantage le 30 avril prochain avec l’interpellation du Ministre Sada Samaké.
Affaire du passeport malien et la société Oberthur Technologies
C’est dans des conditions pour le moins douteuses que le ministre en charge de la sécurité intérieure et de la protection civile (il s’agit toujours de Sada Samaké) a attribué le marché de conception des livrets de passeports maliens à une société française dénommée Oberthur Technologies. Mais de la signature du contrat à nos jours soit plus de 4 mois, l’entreprise en question n’a rien livré du tout. Et c’est toujours l’ancien fournisseur (une société Canadienne) qui continue de fournir le pays.
Aussi, de troublantes révélations vinrent mettre en cause et l’efficacité et le sérieux de la société Oberthur Technologies. L’on assista, en tout état de cause, à une pénurie sans précédent du document de voyage malien et aussi de la Carte d’identité nationale. Pénurie suivie de graves spéculations.
Le contrat liant le Mali, ou du moins le Général Sada Samaké à la société Oberthur ne manque pas de relents. Il a été signé sans la caution du Ministre des Finances encore moins avec celle du Premier Ministre. Quel est le vrai visage de cette société ? Dans quelles conditions le contrat a été élaboré ? Qu’est-ce qui justifie cette pénurie de pièces maliennes et des spéculations qui accompagnent le phénomène ? Voilà entre autres questions auxquelles le ministre doit répondre. D’ores et déjà, le député interpellateur dispose de preuves très contraignantes et embarrassantes contre le ministre en question.
L’insécurité et les revendications de la police
Est-il besoin d’évoquer le niveau d’insécurité dans notre pays, de l’Est à l’Ouest et du Sud au Nord ? Nul besoin. Toutes les populations vivent ou du moins, subissent le phénomène de plein fouet. Et le ministre en charge du dossier s’est montré incapable de le juguler.
Mais les populations ne sont pas seules à se plaindre. Les policiers aussi. L’adoption d’un nouveau statut, l’amélioration des conditions de travail, les abus de la hiérarchie sont entre autres revendications des syndicats de la police nationale. Il faut signaler que tous les syndicats, sans exception, sont du même avis sur ces questions. Tous déplorent les errements de la hiérarchie. Ce qui n’arrive pas tous les jours. Comme pour dire que qu’il y a effectivement une part de responsabilité de cette hiérarchie. Mais pour toute réponse, le ministre Sada a évoqué pour sa défense, une cabale contre le DG de la Police à cause de sa rigueur. Mais quelle rigueur ? On sera probablement mieux situé le 30 avril prochain.
Le ministre Sada a raison… Mais sur un seul point
Il y a bien cabale comme l’a dit le ministre Sada Samaké. Mais une cabale (une «réaction» aura été le mot approprié) qui se justifie par l’exaspération de tous, des élus nationaux, des populations et usagers, aux éléments des forces de l’ordre relevant du ministre en question et de son directeur de la police nationale. A propos, pourquoi eux et pas les autres responsables du pays ou membres du Gouvernement ? Et dire que même les députés de la majorité présidentielle ont manifesté leur désapprobation. Il y a manifestement problème. De deux choses l’une : ou le reste du monde se trompe à leur sujet ou, ils sont véritablement coupables.
En tout état de cause, c’est toute l’équipe gouvernementale, voire le régime en place qui sortent fragiliser de ces interpellations et accusations contre les deux responsables. Et le phénomène peut s’avérer très dangereux à la longue. L’on remarque d’ores et déjà que les ordres de la hiérarchie sont de moins en moins appliqués et respectés sur le terrain. Pis, dans certains cas, les acteurs en charge de leur application s’appliquent à faire exactement le contraire des ordres reçus. En clair, l’insubordination et l’incivisme sont désormais perceptibles. Il faut tout simplement craindre une rupture, même une brève interruption de la chaine de commandement, surtout entre le sommet et la base. Voilà, en tout cas, un signal fort pour le sage, mais une banalité pour le sot.
B.S. Diarra
Source: La Sentinelle