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Adrar des Ifogas : Chronique d’une rébellion récurrente

Cette partie du territoire a été le théâtre de rebellions en 1962 ; 1964 ; 1990 ; 1994 ; 2006 et 2012. Elles ont toutes pris naissance à Kidal et n’impliquent que peu de personnes.

 

soldats français Adrar  Ifoghas, nord-Mali.

L’ancien président de l’Assemblée nationale et président de la Coordination malienne des organisations démocratiques (COMODE) Ali Nouhoum Diallo a présidé samedi une conférence débats dont le thème était « les rebellions récurrentes dans l’Adrar des Ifogas, région de Kidal ». La conférence était animée par l’ancien Premier ministre Ahmed Mohamed Ag Hamani et avait pour modérateurs le docteur Zeyni Moulaye et le professeur Naffet Kéïta. La rencontre s’est déroulée à la Maison de la presse en présence des anciens premiers ministres, du doyen du corps diplomatique et de plusieurs figures du mouvement démocratique malien.

 

 

Situant la conférence dans son contexte Ali Nouhoum Diallo a expliqué qu’elle était une rencontre de dialogue. Il salué et remercié les aînés, les camarades de sa classe d’âge qui ont tenu à participer à cette rencontre de la fraternité. Le président de la COMODE a  rendu hommage aux héros et martyrs africains tombés sur la champs de la liberté. Il a fait observer une minute de silence en leur mémoire.

 

 

Ali Nouhoum Diallo a déploré que la souveraineté de notre pays ne s’exerce pas de façon pleine et entière dans l’Adrar des Ifogas. Selon lui, le chef de l’Etat a raison de s’insurger contre les immixtions de la France dans les affaires étrangères du Mali. Plébiscité, Ibrahim Boubacar Keïta dispose de toute la légitimité de s’insurger contre certaines  pratiques. Le président de la COMODE déplore l’exécution des deux journalistes français, l’agression de trois ministres après avoir été hués à Kidal et l’empêchement du chef du gouvernement de se rendre dans la 8ème région administrative. Dès lors les Maliens s’interrogent sur la validité de l’Accord de Ouagadougou. L’accord n’est-il pas devenu une camisole de force ? Pourquoi les députés qui viennent d’être élus dès le premier tour des législatives à Kidal n’ont ils pas dissuadé leurs électeurs d’empêcher le Premier ministre de s’y rendre. C’est désormais une certitude pour la COMODE que tous les Touaregs ne sont pas rebelles et que tous ne viennent pas de l’Adrar. L’amalgame nous a toujours coûté très cher. Le peuple malien commence à perdre patience. « IBK n’a fait que traduire les aspirations de son peuple. L’avenir se définit avec tous les représentants du peuple par la voie de la justice, de la réconciliation » a souligné le président de la COMODE.

 

Pour l’ancien Premier ministre, Ahmed Mohamed Ag Hamani le  thème de la conférence est assez évocateur. Faisant un rappel des rôles, le conférencier a axé son argumentaire sur l’occupation des régions nord par des groupes armés qui n’avaient pourtant pas les mêmes aspirations. Si le MNLA revendique le nord du pays, les autres groupes armés avaient d’autres préoccupations. Après avoir passé en revue les rebellions de 1962 ; 1964 ; 1990 ; 1994 ; 2006 et 2012 Ahmed Mohamed Ag Hamani a rappelé que la mauvaise gestion serait en partie responsable de la crise que nous vivons. Kidal n’a pas connu le même sort que les autres régions du nord dans le mouvement de libération. Le contrôle continu sur Kidal est une violation des accords.

 

 

Le conférencier constate que toutes les rebellions ont pris naissance à Kidal et qu’elles n’impliquent que peu de personnes. Le caractère autonomiste est plus affirmé cette fois ci que lors des premières années de l’indépendance. Le projet a été nourri par plusieurs acteurs. Les populations du nord qui sont les premières victimes ne sont jamais consultées lors de la signature des accords de paix. Il ne s’agit pas d’un conflit entre les communautés du nord et du sud. L’Etat doit selon le conférencier prendre en main sa mission régalienne de défense de l’intégrité du territoire national. La gestion des crises laisse à désirer. Elles ne représentent aucun caractère ni cyclique ni régulier ni endémique. Elles ne sont ni ethniques ni racistes. Chaque rébellion a coïncidé avec un contexte national et international favorables.

 

 

Le gouvernement semble privilégier le dialogue pour une sortie de crise. Pour qu’il y ait succès au bout du tunnel, le conférencier estime qu’il doit tenir compte de certains facteurs : se départir de l’idée que c’est une rébellion entre le nord et le sud et se mettre en tête que ces groupes armés ne bénéficient d’aucune légitimité au sein des populations du nord. S’y ajoutent le démantèlement de toutes les milices, l’implication de l’ensemble des collectivités en leur transmettant des compétences, la coopération des pays du champ. L’Union africaine et la France doivent exercer des pressions pour la libération de l’ensemble du territoire. Il faut également un renforcement des acteurs du dialogue en incluant toutes les composantes des populations du nord. « Sinon la solution militaire devient malheureusement la solution pour libérer l’ensemble du territoire national » estime Ahmed Mohamed Ag Hamani.

S. DOUMBIA 

 

SOURCE: L’Essor
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