Détenu dans la prison américaine de Guantanamo pendant 14 ans, puis poursuivi à son retour dans son pays pour « atteinte à la sûreté de l’Etat », un Marocain de 49 ans a finalement été acquitté, a-t-on appris vendredi auprès de son avocat.
« L’erreur a été reconnue (…), les charges pour lesquelles il était poursuivi étaient contradictoires et n’avaient aucune logique », a déclaré à l’AFP son avocat Me Khalil Idrissi en annonçant l’acquittement prononcé jeudi par la Chambre criminelle près la Cour d’appel de Rabat.
« C’est la fin d’un cauchemar », a de son côté confié à l’AFP Younes Chekkouri qui avait été arrêté en décembre 2001 en Afghanistan pour ses liens présumés avec Al-Qaïda. Il n’avait depuis cessé de clamer son innocence, en affirmant que son voyage était d’ordre humanitaire.
L’agence de presse officielle marocaine MAP a aussi rapporté l’acquittement de l’ex-détenu de Guantanamo en citant la Cour.
Après environ 14 ans de détention sans procès dans la prison militaire américaine située sur l’île de Cuba, M. Chekkouri avait été libéré par les États-Unis puis rapatrié en septembre 2015.
A son retour, la justice marocaine, très mobilisée sur les dossiers de terroristes présumés, avait engagé des poursuites contre lui pour « constitution d’une bande criminelle et atteinte à la sûreté intérieure de l’État ».
Il avait été condamné à cinq ans de prison ferme en mai 2017 mais avait fait appel.
« C’était une condamnation injuste, je savais que mon innocence finirait par être prouvée », a assuré vendredi l’ex-détenu joint par l’AFP.
« Ce n’est qu’aujourd’hui que je sens avoir tourné la page de Guantanamo », a-t-il ajouté, en évoquant une « prison cruelle », avec « chaque jour des interrogatoires, des tortures physiques et psychologiques ».
Le président américain Donald Trump a décidé en janvier de maintenir ouvert le site de Guantanamo et d’y accueillir de nouveaux détenus, avec un décret annulant celui de son prédécesseur Barack Obama qui prévoyait de fermer cette prison décriée par les défenseurs des droits de l’Homme.
Situé sur une base navale appartenant aux Etats-Unis, à la pointe est de l’île de Cuba, le centre de détention et d’interrogatoires de Guantanamo incarne, à travers le monde, les excès dans la lutte antiterroriste des Etats-Unis, hors du système judiciaire américain.
Ouverte après les attentats du 11 septembre 2001, la prison a compté jusqu’à 780 détenus arrêtés pour leurs liens présumés avec Al-Qaïda et les talibans. Il en reste 41 aujourd’hui.
La rédaction