Le secrétaire général de Mouvement pour le Salut de l’Azawad (MSA), Moussa Ag ACHARATOUMANE, sur le plateau de l’ORTM, lors de l’émission ‘’l’Invité’,’ a estimé que le vrai enjeu pour les mouvements armés devrait être la protection des communautés au nom desquelles ils ont pris les armes et non l’occupation des emprises de la MINUSMA. Si le CSP devait agir en légitime défense, elle devrait être utilisée contre DAESH qui a massacré par milliers des civils, a indiqué ACHARATOUMANE.
Sur l’ORTM, le secrétaire général du MSA a abordé, le jeudi dernier, la reprise des hostilités entre les forces armées maliennes et des mouvements armés signataires de l’Accord pour la paix. Pour le responsable du mouvement armé, c’est une situation extrêmement grave due à une multitude d’actions qui se sont superposées ces derniers temps.
Mais, selon lui, rien ne justifiait la déclaration de guerre lancée contre les FAMa par Alghabass Ag Intalla sans aucune concertation au sein du Cadre stratégique permanent (CSP). Sans ambiguïté, Moussa Ag réaffirme se désolidariser parce que son mouvement n’a «ni été informé, ni été associée à cette décision en tant que membre du CSP ». Et cette attitude unilatérale du président du CSP justifie le retrait du MSA de cette organisation agissant contre ses propres objectifs.
« Quand nous avons créé le CSP pour mettre un terme aux contradictions internes et de conjuguer les efforts dans le cadre de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale, l’objectif était ainsi de capitaliser les acquis de ces derniers temps. Le troisième élément est de se mettre ensemble pour protéger nos populations », a rappelé le responsable de mouvement armé.
Cependant, il a déploré que le CSP a échoué à atteindre son objectif de protéger les communautés du nord en soutenant que l’appel de soutien et d’appui du MSA et du GATIA à l’endroit d’autres membres du CSP contre DAESH est resté sans réponse.
« Il y a entre 700 et 1000 civils massacrés dans la zone de Ménaka en 2022. Le MSA et le GATIA étaient au front et se sont battus avec les moyens de bord. Nous avons sauvé beaucoup de vies. Notre appel aux membres frères du CSP pour stopper l’hémorragie n’a pas été malheureusement entendu. Pendant plus d’une année, nous n’avons pas eu le soutien demandé. Les FAMa nous aidaient ponctuellement. Mais nous n’avons pas bénéficié le même soutien du CSP », a dénoncé Moussa Ag ACHARATOUMANE.
Il s’est étonné de la déclaration de guerre du CSP en évoquant une légitime défense pour attaquer les Forces armés maliennes en épargnant DAESH qui ne cesse de massacrer les communautés par millier qu’ils se sont engagés à les protéger.
« Nous avons pris les armes et créé ces mouvements politico-militaires pour protéger ces communautés. Nos communautés et nos populations n’ont été aussi endeuillées que pendant 2022 et début 2023 », a déclaré ACHARATOUMANE qui considère les FAMa comme des alliés, à travers notamment l’accord de paix. A cet égard, a-t- ajouté « on ne voit pas de raisons objectives de remettre en cause la paix avec les forces de défense du Mali ».
Si la rétrocession des emprises de la MINUSMA aux FAMa est avancée pour justifier le regain de tension, pour Moussa Ag elle ne doit pas être l’enjeu.
Selon lui, l’enjeu pour le MSA est la protection de la population contre les monstres de l’Etat islamique qui sont entrain de massacrer les civils.
Mais là, pour ACHARATOUMANE, il ne doit pas eu avoir de débat quand la résolution des Nations unies est formelle « les emprises de la MINUSMA ne peuvent être rétrocédées qu’à l’Etat malien ». Et d’ailleurs, est-il convaincu, ce problème pouvait être réglé par le dialogue et le consensus sans prendre les armes pour sauvegarder les acquis de la signature de l’accord.
Certes, la reprise des hostilités représente une menace pour l’accord, mais il n’est pas, à ce stade, caduc parce qu’aucune partie signataire n’a, à ce jour, remis en cause ce document, signaler Moussa Ag ACHARATOUMANE.
Ce qui se passe, selon lui, s’apparente à une stupide guerre enclenchée par une partie du CSP qui s’éloigne sur la voix de la paix.
« Du moment où on n’a pas de nouvelle revendication, je ne vois pas aujourd’hui à ce qu’il ait de problème entre les forces de défense et de sécurité et une partie des membres du CSP », a regretté le responsable du MSA qui préfère que les parties s’inscrivent leur action dans le cadre de l’accord, malgré ses imperfections.
« Un accord qui trébuche ou qui souffre de lenteur dans sa mise en œuvre vaut mieux que la guerre. Pendant 8 ans, des voix se sont levées pour même demander de mettre fin à l’accord, mais aujourd’hui ils se sont rendus compte que c’est grâce à cet accord qu’il y avait une certaine stabilité. L’accord est important par le fait seul qui permet aux Maliens de se trouver autour de la table pour discuter », a défendu l’ex rebelle.
Selon lui, pour la paix, il n’y a pas d’alternative à la mise en œuvre de l’accord.
« Soit c’est l’accord, soit c’est le chaos. Nous préférons l’accord au chaos. Le chaos n’arrange personne », a soutenu M. ACHARATOUMANE qui appelle les parties prenantes au dialogue avant d’avantage de pertes en vie humaine.
Alors que l’insécurité se déplace dans plusieurs localités du pays, cette guerre ne profite ni à l’État, ni aux mouvements signataires, a-t-il fait savoir.
Pour lui, elle profitera plutôt à Al-Qaïda et à DAESH, deux groupes terroristes extrêmement dangereux qui vivent du chaos.
Au lieu de se renforcer contre ces groupes, l’ex rebelle du MSA estime que les FAMa et des éléments du CSP sont en train de s’affaiblir au profit des terroristes.
Dans la gestion de notre crise, il a estimé que les autorités du Mali, du Burkina Faso et du Niger doivent s’inspirer de de l’Algérie, de la Libye, de la Mauritanie ayant réussi à combattre le terrorisme en mettant en contribution nos valeurs traditionnelles et culturelles.
PAR SIKOU BAH
Info Matin