Le gouvernement malien a saisi vendredi l’Assemblée nationale où siège la Haute Cour de justice, pour juger l’ancien président Amadou Toumani Touré, connu sous le pseudo d’ATT. Il pourrait être inculpé de «haute trahison», pour avoir laissé entrer des forces étrangères au Mali.
Selon un communiqué du gouvernement malien, l’ancien président ATT est accusé d’avoir violé son serment en «facilitant la pénétration et l’installation des forces étrangères sur le territoire national, en ne leur opposant aucune résistance».
Il est également accusé d’avoir «détruit l’outil de défense». Le même communiqué affirme qu’ATT sera poursuivi pour avoir participé à la démoralisation de l’armée.
Pour ce qui est de l’invasion et l’occupation du Nord du Mali, la même source ne donne pas plus de détails, mais il pourrait s’agir de l’invasion et de l’occupation du nord du Mali par différents groupes armés et de la réaction à l’époque du gouvernement, ou du moins, de l’armée malienne.
L’ancien président est également accusé d’avoir «détruit ou détérioré volontairement un outil de défense nationale», selon le communiqué. ATT est actuellement en exil à Dakar, et le communiqué ne précise pas si le Mali a demandé son extradition ou s’il a l’intention de le faire.
ATT sera-t-il jugé ?
Destitué par une armée exaspérée par la situation dans le Nord-Mali, Amadou Toumani Touré quitte le pouvoir comme il y est arrivé en 1991, à la suite d’un putsch et dans un pays en état d’insurrection. Soumise depuis le 2 avril à un embargo diplomatique, économique et financier imposé par la Communauté économiques des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), la junte a annoncé la tenue à partir du 5 avril d’une «convention nationale» sur l’avenir du Mali, à laquelle elle a convié tous les partis politiques et la société civile.
Le bilan d’ATT était si contesté, notamment dans le Nord-Mali, qu’il a été renversé dans la nuit du 21 au 22 mars par ses anciens compagnons d’armes. Un coup d’Etat fomenté par le capitaine Amadou Sanogo, actuellement poursuivi en justice.
Cependant, selon nos sources judiciaires à Bamako, sans Assemblée réunie, la Haute Cour de justice ne peut instruire le dossier de l’accusation. La Haute Cour de Justice créée récemment, est composée de 9 parlementaires et 9 suppléants. La désignation de ses parlementaires interviendra après la mise en place du bureau de l’Assemblée nationale. Au regard du délai constitutionnel, la procédure proprement dite ne pourra réellement commencer avant avril 2014.
Le Nord-Mali aujourd’hui, en proie à une rébellion dirigée par des groupes touareg séparatistes, du Mouvement national de libération de l’Azawed (MNLA), est devenu le fief et la base arrière des groupes islamistes terroristes et bandes de crime transfrontalier.
F. H.
Le Temps d’Algérie