Même près de 6 ans après sa signature, l’Accord d’Alger semble au point mort. Et au moment où les parties signataires tentent de le ranimer, il se heurte à un front social qui s’oppose à sa mise en application au motif qu’il prévoit, de façon camouflée, la partition du Mali.
Signé depuis 2015, la mise en œuvre de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation issu du Processus d’Alger peine à être effective. Dans son adresse à la Nation, le 19 janvier, à l’occasion de la célébration des 60 ans de l’Armée nationale, le Président de la Transition, Bah N’Daw, a émis sa volonté de la mise en place d’une stratégie de relance dudit accord notamment son volet Défense et sécurité. Il n’en fallait pas plus pour déclencher la colère de certains leaders d’associations notamment Abdoul Niang de ‘’Faso Ni Dambé’’, Ibrahim Kebe Tamaguide de l’association ‘’Faso Kanu’’ ; Mamedy Dioula Dramé de ‘’Wati Sera’’ qui disent être contre ce qu’ils appellent « ce papier » ainsi que sa mise en œuvre pour la raison que l’accord remet en cause, de leur point de vue, l’intégrité territoriale ainsi que la laïcité du Mali. « Ce papier contient les germes de la division, de la haine ainsi que de la fragmentation de la République du Mali sur des considérations régionalistes, ethniques qui foulent au pied tous les fondements de notre pays y compris sa laïcité », croit savoir Abdoul Niang.
Pour le président de « Faso Ni Dembé », l’appellation Paix et réconciliation de l’Accord ne sert qu’à embellir le projet de la partition du Mali et faire des opposants dudit accord les ennemis de la paix. « C’est une façon de le faire consommer automatiquement par le lecteur moins averti. Parce que dès que l’on parle de paix et de réconciliation, toute voix discordante pourrait être vite jetée à la vindicte populaire puisque son auteur sera facilement accusé d’être un ennemi de la paix », a-t-il dit. De sa lecture, Abdoul Niang croit comprendre que l’accord affirme vaguement des principes tels que le respect de l’intégrité territoriale, de l’unité nationale et l’exercice de la souveraineté de l’Etat malien sur toute l’étendue du pays. « En réalité cela ne vise qu’à faire avaler facilement la pilule car toutes les autres dispositions de ce papier violent allégrement tous ces principes, créent de facto deux Etats. L’Etat du Mali et celui de l’Azawad ».
Au-delà des dénonciations, les leaders des associations contestatrices de l’Accord ont décidé de joindre leurs forces et mener une synergie d’actions à travers tout le pays. « Nous avons constaté qu’une démarche solitaire n’est pas trop efficace. De ce fait, nous sommes en train de nous mobiliser à travers tout le pays y compris Tombouctou, Kidal où il y a également des Touaregs qui sont aussi contre cet accord, mais qui ne peuvent pas le dénoncer autant comme nous. Donc nous n’allons pas laisser trainer dans la boue tous ces Maliens. C’est l’ensemble des jeunes leaders du Mali, de l’intérieur comme de la diaspora, qui se sont donné la main pour cet objectif combien patriotique qui est de bloquer la mise en application de cet accord de dislocation nationale ».
Après avoir tiré des leçons de l’échec du « Collectif Mali Téklan » au moment de la signature de l’Accord en 2015, l’anti-accord d’Alger se montre cette fois-ci très confiant quant à la réussite de leur combat. « Aujourd’hui c’est la crème de la jeunesse malienne et l’essentiel des forces vives qui ont décidé de faire front commun et rejeter en bloc ce papier étant donné que le Dialogue national inclusif préconise la révision de cet accord. Mais pourquoi tenter ce passage en force ?», s’interroge notre interlocuteur avant d’affirmer que « nous sommes sur les remparts déterminés et debout. La victoire est certaine et très proche cette-fois ».
En vue d’une synergie d’actions, « les jeunes leaders » pour la sauvegarde du Mali prévoyaient de mettre en place une plateforme pour l’exécution de leurs démarches futures.
Alassane CISSOUMA
Source: Mali Tribune