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Accès aux services sociaux de base : encore de chemin a faire

Dans le cadre de son programme intitulé « Actions citoyennes de reconstruction d’opinions publiques, d’alternatives et de mobilisations populaires contre les endettements et les violations des droits humains » financé par Oxfam Novib, la Coalition des alternatives africaines dette et développement (CAD-Mali), a procédé à la restitution des résultats de l’analyse réalisée sur les ratios des services sociaux de base (éducation, santé, eau, assainissement et hygiène).

C’était au cours d’un atelier tenu le 18 juillet au Musée national de Bamako. La cérémonie d’ouverture des travaux présidée par le secrétaire général de la coalition, Issa Kamissoko, s’est déroulée en présence de la représentante du ministère de l’Education, de la Promotion des langues nationales, Mme Mariam N’Dèye Sylla. Une trentaine de représentants des organisations de la société civile ont participé aux travaux.

Selon la déclaration des droits de l’homme et du citoyen toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et ceux de sa famille, notamment pour l’alimentation, l’habillement, le logement, les soins médicaux ainsi que les services sociaux nécessaires.

 

Des pourcentages encore insatisfaisants. Au Mali, à la différence de l’éducation et de la santé pour lesquelles des efforts considérables sont consentis, l’hygiène et l’assainissement sont les parents pauvres des politiques de développement.

En droite ligne de ses missions, la CAD souhaite par conséquent, par cet exercice, créer un espace de dialogue formel entre les autorités administratives et politiques, les services techniques déconcentrés de l’Etat et la société civile, autour du financement substantiel des secteurs de l’éducation, de la santé, de l’eau, de l’hygiène et de l’assainissement.

L’atelier a ainsi permis de situer les participants sur le niveau d’atteinte des ratios des services sociaux de base en lien avec les Objectifs de développement du millénaire. Selon les résultats de l’analyse de la CAD, le taux net de scolarisation a varié de 58,8% en 2006-2007 à 62,1% en 2010-2011 après avoir atteint 63,6% en 2009-2010. Soit un fléchissement de 1,5%.

A un tel rythme, il sera pratiquement impossible d’atteindre le taux net de scolarisation de 100% en 2015-2016, relèvent les résultats de l’analyse. Surtout, avec un taux net de scolarisation des garçons (68% en 2010-2011), nettement supérieur à celui des filles (56,4% en 2010-2011).

En effet,  la proposition de ratio à atteindre pour 2015 est de 65% de taux net, soit une augmentation de 2,9% depuis 2010-2011. Pour ce faire, la stratégie est d’inverser la tendance de baisse du taux net de scolarisation en incitant le retour de réfugiés et déplacés à travers des actions de plaidoyer/lobbying.

Il faut amener l’Etat à assurer l’effectivité de la couverture et de la gratuité de l’éducation pour tous, suivant les normes (accès, qualité, financement). Il faut aussi veiller à la bonne gestion des fonds alloués à l’éducation, mettre en place un dispositif de contrôle citoyen des fonds alloués à l’éducation et proposer des alternatives éducatives efficaces.

Dans la poursuite de l’objectif de réduction de 2/3 de la mortalité des enfants de 5 ans, le constat est que malgré les efforts en matière de conseil et d’hygiène, dans le cadre des services de santé et des campagnes systémiques de vaccination, la mortalité infantile demeure très élevée, aussi bien dans les villes que dans les campagnes. Partant, il est très peu probable que d’ici 2015, la mortalité infantile baisse au niveau de 41,6 %.

La mortalité infanto-juvénile est aussi très élevée. En 2009, elle était deux fois plus élevée au niveau national que la cible 2015 et 50 % plus élevée en milieu rural qu’en milieu urbain. Il faut toutefois noter qu’entre 2006 et 2009, son niveau a baissé de façon spectaculaire, notamment en milieu rural.

La baisse spectaculaire de la mortalité infanto-juvénile, malgré la hausse de la mortalité infantile, atteste des progrès réalisés dans les soins des jeunes. Par ailleurs, chez les jeunes comme chez les tout-petits, la mortalité des filles est significativement inférieure à celle des garçons. Elle était 144 pour 1000 contre 156 pour 1000 en 2009. A ce niveau les contraintes à l’atteinte des objectifs se résument à l’insuffisance de la maîtrise de la surveillance épidémiologique et de l’intégration de la lutte contre la maladie, de même que la riposte et le faible niveau de coordination de la lutte contre le VIH/SIDA.

A cela s’ajoutent la difficulté d’approvisionnement adéquat en médicaments, vaccins et consommables médicaux, la faible capacité des services déconcentrés et la faible implication dans la mise en œuvre des plans de développement des collectivités territoriales et la création anarchique des centres de santé dans les villes et campagnes.

 

Le renforcement de l’approche communautaire. Au regard de ces contraintes, le ratio à atteindre pour 2015 propose de ramener le taux de mortalité infantile à 41,6%, d’augmenter le nombre de CSCOM fonctionnels de 1034 à 1185 et la couverture vaccinale de 48% à 60%. La stratégie pour y parvenir est de renforcer l’approche communautaire pour les campagnes de vaccination, veiller à l’application des textes relatifs à la création des centres de santé, et utiliser les moyens adaptés pour informer et sensibiliser les citoyens sur l’utilité des campagnes de vaccination. Elle doit se focaliser sur le renforcement des programmes élargis de vaccination et veiller au suivi/évaluation de la qualité des offres de services et la répartition équitable des ressources humaines de la santé en renforçant le dispositif de motivation du personnel de santé.

Selon le rapport provisoire (février 2013) de l’impact de la crise socioéconomique et politique 2012 sur l’atteinte des Objectifs du millénaire pour le développement (ODM) et de l’Objectif du développement humain durable (ODHD), on constate dans le domaine de l’accès à l’eau potable une amélioration d’ensemble. Il ressort dans le même document que le taux d’accès à l’eau potable est passé de 70,1 % en 2007 à 76,2 % en 2011.

Ce taux est relativement plus élevé en milieu urbain (75,9 % en 2007 et 81,7 % en 2011), tandis qu’en milieu rural, il n’était que de 67,6 % en 2007 et 74 % en 2011. L’engagement de l’Etat en terme d’amélioration des ratios en matière d’eau potable est de l’ordre de 40 milliards par an pour atteindre les 82 % d’ici à 2015, conformément à l’OMD.

Au regard du succès mitigé des stratégies sectorielles de l’eau et pour se joindre à la communauté internationale dans l’application de l’approche novatrice qu’est la gestion intégrée des ressources en eau (GIRE), les pouvoirs publics ont mis en place en 2006, la politique nationale de l’eau.

L’objectif global de cette politique est de contribuer à la lutte contre la pauvreté et au développement durable en apportant des solutions appropriées aux problèmes de l’eau.  Cet objectif est recherché à travers le respect de certains principes dont celui de l’équité, de la subsidiarité, du préleveur-payeur et du pollueur-payeur. Malgré ces efforts, la progression du taux de couverture n’est pas satisfaisante.

Quant à l’assainissement, la problématique au Mali, selon les termes de la Politique nationale d’assainissement, est une triple catastrophe. Elle est à la fois économique, sanitaire et écologique pour le pays. A plusieurs reprises, le Mali s’est engagé politiquement au niveau international en faveur de l’assainissement. Notre pays a adopté sa politique nationale en janvier 2009, assortie de 5 stratégies. Il s’agit de la stratégie de gestion des déchets liquides, la stratégie de gestion des déchets solides, la stratégie de gestion des déchets spéciaux, la stratégie de gestion des eaux pluviales et la stratégie de l’éducation à l’hygiène et à l’assainissement.

Par rapport aux ODM, l’objectif est de réduire de 50% le taux de personnes n’ayant pas accès à un système adéquat d’assainissement. Le taux en 2011 de personnes ayant accès à l’hygiène et à l’assainissement était de 30%, selon les statistiques de la Direction nationale du contrôle des pollutions et des nuisances (DNACPN).

La part du budget d’Etat accordée au secteur est en dessous de 1% et ne milite donc pas en faveur de l’atteinte des ODM. Quant au PROSEA, son volet assainissement ne prend en charge que la question des périphéries des points d’eau en vue de maintenir la qualité du produit. L’adoption en janvier 2012 de la loi d’interdiction des déchets plastiques non biodégradables au Mali est une volonté politique affirmée.

On comprend que pour marquer un pas important, il faut prendre l’assainissement comme un secteur prioritaire à part, au lieu de le diluer dans d’autres secteurs. Il faut créer un fonds pour l’assainissement et amener l’Etat à augmenter le ratio de -1% à 2%. Il faut d’ici à 2015, rendre disponible et opérationnelle, la chaîne complète de gestion des déchets au niveau communal, renforcer les capacités des intervenants dans le secteur, rendre opérationnel le dispositif de suivi/évaluation de la PNA au niveau national et communal et veiller à l’application de la loi d’interdiction des sachets plastiques non biodégradables.

C. A. DIA

Source: L’Essor

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