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Aboubacar Sidiki Fomba, membre du CNT : « Plus personne ne sera au-dessus de la loi, y compris ceux qui nous gouvernent »

Dans une interview qu’il  a voulu accorder à Le Tjikan, Aboubacar Sidiki Fomba, président de l’Apdem, non moins rapporteur de la commission santé et développement, porte-parole du collectif des membres du CNT, nous livre la vision et les orientations de son parti, son regard sur la transition en cours. Lisez plutôt !

 

Le Tjikan : Parlez-nous de l’état de santé de votre parti ?

Aboubacar Sidiki Fomba : le parti Adpem se porte très bien. Aujourd’hui, nous sommes implantés au minimum dans 32 cercles, bien qu’avec le nouveau découpage le Mali aura 130 cercles. Le parti à son siège national à Ouélessébougou, environ 95% de nos militants sont des travailleurs de tous bords, c’est-à-dire des militants qui se suffisent à eux-mêmes. L’Apdem à opter pour le nationalisme et le panafricanisme. Nous soutenons la suppression du financement des partis politiques, conformément à ce qui a  été demandé lors de la conférence nationale de 1992.  Donc, nous sommes un parti qui se respecte, et qui lutte fondamentalement pour 6 raisons : l’éducation; la bonne justice; la sécurité; la santé; le développement économique; la valorisation de nos coutumes.

Nous sommes différents des partis classiques qui parlent d’adhésion par-ci par-là. Notre adhésion se fait par la prise obligatoire d’une carte de membre qui coûte 500f, suivie de la signature d’un document, une sorte de contrat entre le militant et le parti. On n’a pas besoin de faire le folklore. Chez nous c’est le concret !

L’Apdem, de sa création à nos jours, a parrainé plus de 40 enfants orphelins. Avec l’appui des partenaires, nous avons fait des consultations ophtalmologiques gratuites dans plus de 15 localités du pays. Aussi, des interventions chirurgicales de la cataracte au bénéfice des personnes âgées.

En collaboration avec une agence immobilière, nous avons facilité et appuyé un don de plus de 500 lots à des personnes qui n’ont pas suffisamment de moyens pour qu’ils puissent le payer à 15 000 francs par mois. Nous intervenons presque dans tous les secteurs de développement. On a aussi une fondation axée sur les activités génératrices de revenus, notamment dans le secteur agro- pastoral qui aide les gens à s’autonomiser.

Notre parti est aussi un modèle, car c’est une école où les militants sont des élèves et les dirigeants sont des enseignants. En effet, ceux qui prétendent être des élus seront des produits du patriotisme.

Pour nous, la grandeur d’un parti n’est pas le nombre de ses élus, mais son rôle, sa place et sa nécessité dans la cité. C’est à dire la formation, la serviabilité, et l’intégrité citoyenne.

Nous pensons qu’il faut interdire l’accès des services techniques de l’Etat à des partis politiques. Si Dieu nous donne le pouvoir, c’est ce qu’on va faire. Il faut le mérite intellectuel et non politique. Aujourd’hui, si beaucoup de partis se disent grands c’est parce qu’ils ont eu la chance d’avoir accès à la vache laitière du pays. Et ils en ont profité pour faire l’achat des consciences. Pour nous, il faut bannir cela, il faut mettre fin au financement des partis politiques. Et pour le parrainage, il faudra que ça soit le nombre de personnes et non d’élus. Mais en retour, si tu parraines tu payes une somme (1000 francs en exemple). Au moins si 50 000 personnes te soutiennent, tu es sûr que ces gens voteront pour toi. Nous voulons quitter la démocratie de représentation pour la démocratie populaire. Pour que ça soit le peuple qui agit et non les gens qui représentent le peuple.

Quel regard portez-vous sur la transition en cours ; le Mali Koura est-il toujours en marche?

L’esprit de la révolution du M5-RFP est plus qu’en marche. Vous voyez déjà que les arrestations ont commencé. Il y a des audits dans tous les services de l’Etat. En plus, il y a des lois que nous allons voter, qui vont permettre la saisie des biens des délinquants financiers qui seront pris la main dans le sac. La refondation tant attendue par le peuple sera bientôt une réalité à travers les assises nationales de la refondation. Il faut la tenue des assises car c’est là où le peuple va décider de ce qui sera mis dans la nouvelle constitution. Et de choisir l’organe qui sera en charge d’organiser les futures échéances électorales. Je crois que la transition est sur la bonne voie. Il faut aider et encourager le gouvernement dans le processus de redressement de la justice. A cela, il faut formater le citoyen malien. Que chacun se considère comme un acteur du changement en respectant son environnement, le bien public, et le respect des principes démocratiques.

Vous avez tant dénoncé l’accord d’Alger, jusqu’à demander sa relecture. Que comptez-vous faire pour y arriver?

La question de l’Accord, on a mis çà de côté car c’est un piège français dans le but de diviser le peuple malien. Pour nous, le problème aujourd’hui, c’est le traité de coopération militaire. C’est l’armée française qui est l’obstacle de notre développement. Si l’accord d’Alger est la maladie, le virus c’est l’accord de coopération militaire. J’ai démontré à l’ancien ministre Zahabi qu’il y a bien une alternative à l’Accord. Il s’agit de faire en sorte qu’il soit conforme à la constitution de 1992. Toutes les dispositions qui violent la constitution, qu’on les mette de côté. Pour moi, l’essentiel n’est pas sa mise en œuvre ou sa relecture. L’essentiel, c’est de résoudre les questions de développement, et de faire en sorte que les populations et les communautés vivent en ententes, et que l’armée républicaine soit à leurs côtés pour assurer la sécurité.

Des voix s’élèvent de plus en plus pour demander la prorogation de la transition. Contrairement à certains politiques, la Cedeao qui exigent le délai de 18 mois. Votre position par rapport à la situation?

La position du parti l’Apdem est claire. Bien avant la conférence sociale, on avait dit que les 18 mois sont insuffisants si réellement on veut une refondation. Nous sommes formels là-dessus. Prorogation ou pas, nous nous atténuons aux éléments de la refondation: organe unique de gestion des élections, la justice. Nous voudrons que ce soit le peuple qui décide à travers ces assises. Ce qui est sûr, c’est même honteux que certains hommes politiques parlent aujourd’hui d’élections. Comment parler d’élection dans un pays sous tutelle ? Oui, on est sous tutelle de la Minusma, et de Barkhane. Parlant d’élection : c’est le terme suffrage universel, c’est de permettre à chaque Malien qui à 18 ans de pouvoir voter. Ces Maliens qui sont réfugiés à Bamako et ailleurs auront-ils la possibilité de choisir le président de leur choix ?

D’ailleurs, ces élections, on va les organiser où ? Avec quels matériels ? On a un nouveau redécoupage où certaines localités ne sont même pas fonctionnelles. Qu’allons-nous faire avec ces cas ?

Notre problème aujourd’hui, n’est pas l’organisation des élections. Mais on a constaté qu’il y a un système de prédation dont les conséquences ont été ce qu’on a vécu avec IBK. Il faut mettre fin à cela. Et surtout avec des relations infectieuses avec la communauté internationale, notamment la France.

Comment organiser des élections dans un pays qui n’a même le droit de fêter son indépendance ? On ne doit pas parler d’indépendance mais plutôt se souvenir de notre indépendance car nous sommes un pays occupé militairement et intellectuellement. On doit savoir raison garder. Il faut mettre le pays au-dessus des intérêts partisans. Il faut tirer les leçons de 2012. Quand on a organisé les élections IBK est allé signer un accord d’assassinat au nom du Mali en donnant une gifle à la mémoire de feu Modibo Keïta, qui avait demandé le départ des Français. Vous voyez ce sont les Maliens qui doivent décider de ce qui est mieux pour eux, ils doivent agir dans ce sens. Je ne considère pas la Cedeao. Elle, aujourd’hui, est la France. Donc, pour nous si elle peut garantir au peuple malien qu’en cas d’élection qu’elle pendra la responsabilité d’éventuels conflits électoraux. Si elle ne peut pas prendre ce risque, qu’elle nous laisse reconstruire le Mali. Et pour ça, il faut un temps pour le sursaut national afin de remettre le pays sur pieds.

 Le rôle que joue un parlement dans le processus de réconciliation nationale?

Le parlement à un rôle très important. C’est l’institution qui représente le peuple. A cet effet, il doit la mesure et la portée de la réconciliation au cœur de sa politique, en allant vers le peuple, la sensibiliser, lui  expliquer les enjeux, l’écoutes, et enfin prendre des lois qui vont dans le sens de la paix, la réconciliation afin de faciliter le vivre ensemble. On a aussi un rôle de plaidoirie et d’explication des lois de la République. Et le CNT est appropriée pour le faire car, il est très présentatif et inclusif.

Quel appel avez-vous à lancer au peuple malien pour sortir le pays de cette situation ?

On a un destin commun, qu’on se met ensemble pour reconstruire notre bien commun au grand bonheur de tous, qu’on soit religieux, politique, ou autre, avec le génie malien, et comme dit la divise de notre pays : un peuple un but une foi. Je suis sûr que ça ira !

Par ailleurs, je profite de votre micro pour dire aux Maliens de la diaspora que le Gouvernement et le CNT sont engagés pour résoudre définitivement le problème de carte Nina. Sinon si cette situation n’est pas réglée d’ici fin octobre, c’est plus 5 mille Maliens qui auront des problèmes.

Votre mot de la fin ?

C’est de remercier vous et votre journal pour le professionnalisme que vous faites. Et dire aux Maliens que le combat contre l’injustice et l’impunité va se poursuivre. Nous allons saisir des biens, nous sommes engagés pour le Mali. Plus personne ne sera au-dessus de la loi, y compris ceux qui nous gouvernent.

Solo Minta

Source : Tjikan

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