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Abdoulaye Diop : « L’attentat de Bamako est une attaque contre le processus de paix au Mali »

Au lendemain de l’attentat de Bamako qui a fait cinq victimes dont un Français, le ministre des affaires étrangères malien, Abdoulaye Diop, était à Paris lundi 9 mars pour rencontrer son homologue, Laurent Fabius, ainsi que le président François Hollande. Il devait notamment être question des mesures qui pourraient être prises avec le soutien de la France et de la police des Nations unies pour renforcer la sécurité dans les grandes villes du pays. La multiplication des actes terroristes signe, selon lui, une volonté de faire barrage au processus de paix avec les groupes rebelles touareg du nord du pays.

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Aviez-vous sous-estimé les capacités des groupes terroristes à agir au cœur de la capitale ?

Je ne le crois pas. Nous savions que le pays était exposé à des menaces djihadistes. Des mesures sécuritaires ont été prises. Mais il n’y a pas de risque zéro. Nous sommes engagés dans une guerre asymétrique contre des groupes terroristes qui n’ont besoin que de quelques individus pour mener des attentats rapides et complexes à anticiper. Des puissances occidentales ne sont d’ailleurs pas épargnées par ce type d’attentat, malgré des moyens de surveillance largement supérieurs aux nôtres.

Nous avons besoin d’appuis conséquents de la part de nos partenaires pour renforcer nos forces de sécurité, en particulier la police scientifique et la gendarmerie, qui ont besoin d’augmenter leurs capacités de réaction.

Établissez-vous un lien entre cette attaque et la signature espérée fin mars de l’accord d’Alger qui marquera l’aboutissement des négociations de paix engagées avec les groupes rebelles du nord ?

Les attaques à Bamako le 7 mars, puis le lendemain à Gao, et à Kidal me semblent clairement coordonnées dans le but de faire dérailler le processus de paix au Mali. Les groupes terroristes et les narcotrafiquants installés dans le Nord Mali redoutent le retour de l’Etat et des forces de sécurité qui vont les combattre. Mais pour le gouvernement, il n’y a pas d’alternative à la paix et les frères [la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), qui regroupe les mouvements en faveur de l’autonomie du nord du Mali] qui ne se sont pas encore déterminés, doivent comprendre qu’il y a urgence. Après sept mois de négociations, le temps est venu de choisir son camp. Nous pourrons ensuite travailler ensemble pour éradiquer les groupes terroristes et les narcotrafiquants qui, eux, n’ont pas leur place à la table des négociations.

Et si la CMA ne signait pas ces accords ?

Le choix se situe entre la paix et les forces obscurantistes qui opèrent dans le nord du pays. À Alger, un projet d’accord a été paraphé. C’est une avancée considérable. Face au terrorisme, il me semble qu’on ne peut pas reculer ou hésiter.

Vous leur faites confiance pour « combattre le terrorisme » ?

Nous n’avons pas de raisons de douter. Cela fait partie de l’accord d’Alger et la communauté internationale sera là pour veiller au respect de cet engagement.

Le renfort de troupes internationales aux côtés de l’armée malienne, ne semble pas avoir permis de faire diminuer les menaces ?

Il y a en effet eu une recrudescence de la violence contre la population malienne et contre les forces étrangères (Barkhane, Minusma) avec un mode opératoire en pleine évolution. Par exemple, le recours à des motos pour mener les attaques est de plus en plus fréquent.

Les groupes terroristes s’adaptent et utilisent nos failles. Ils se sont renforcés et opèrent en toute liberté dans cette vaste zone du Nord Mali. C’est pour cela qu’il y a urgence à signer cet accord de paix pour pouvoir harmoniser nos dispositifs sécuritaires entre les forces armées du Mali, Barkhane, la Minusma et permettre à l’armée malienne d’asseoir son autorité sur tout le territoire national.

Après Boko Haram, le 7 mars, redoutez-vous de nouveaux ralliements de groupes terroristes à l’organisation Etat islamique ?

C’est une menace sérieuse mais elle n’est pas nouvelle. Des groupes terroristes du Nord-Mali, comme Ansar Dine, avaient déjà déclaré leur soutien à l’organisation Etat islamique. Nous avions d’ailleurs averti le conseil de sécurité de l’ONU, il y a quelques mois. Ce ralliement de Boko Haram au groupe Etat islamique nous conforte dans l’idée qu’il y a un besoin urgent de mutualiser les efforts entre les États de la région d’abord et avec les partenaires occidentaux ensuite. L’établissement d’une force multilatérale de l’Union africaine me semble approprié, en harmonie avec l’ONU sur le modèle de l’initiative prise par les pays du lac Tchad, qui unissent leurs efforts dans la lutte en cours contre Boko Haram.

Des liens connus entre Boko Haram et des groupes djihadistes du Nord Mali depuis 2012 se sont-ils renforcés ?

C’est une évidence pour nous que des combattants et responsables de ces organisations sont en relation. Selon nos informations, les djihadistes du nord du Nigeria, du nord du Mali, du sud de la Libye, continuent à échanger, à collaborer voire à se coordonner. Nous n’avons aucun doute à ce sujet.
source : lemonde

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