Crise de la dette, réchauffement climatique, réduction trop lente de la pauvreté… Pour le rassemblement annuel des deux institutions internationales, le continent sera au cœur de nombreuses conversations.
Cela faisait un demi-siècle que le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale (BM) n’avaient pas tenu leurs réunions annuelles en Afrique. C’est sous le signe de la réforme et du financement climatique que les deux institutions internationales sont de retour sur le continent, à Marrakech (Maroc), à compter de ce 9 octobre. Une fois tous les trois ans, ce grand raout se tient en effet hors des sièges de Washington pour se rapprocher des terrains d’intervention.
Initialement prévue en 2021, l’édition marocaine avait été reportée à deux reprises à cause de la pandémie de Covid-19. Puis, un tremblement de terre meurtrier a frappé la région, tout juste un mois avant l’arrivée des nombreux participants, faisant environ 3 000 victimes et d’importants dégâts. Le gouvernement marocain a cependant confirmé la tenue de l’événement. Une organisation d’autant plus importante que l’Afrique risquait dans tous les cas d’être au centre de nombreuses conversations, confrontée à la fois à une crise de la dette frappant plusieurs pays du continent, à la conséquence du réchauffement climatique et à une pauvreté qui se réduit moins vite qu’ailleurs.
Un troisième siège aux conseils d’administration
Lors de son traditionnel discours de lever de rideau, prononcé le 5 octobre à Abidjan (Côte d’Ivoire), la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva a souligné qu’« un XXIe siècle prospère nécessite une Afrique prospère », alors que les économies avancées sont confrontées au vieillissement de leur population. Les premières mesures annoncées devraient surtout être symboliques, avec la création d’un troisième siège accordé aux pays africains aux conseils d’administrations de chacune des deux institutions. Côté FMI, Georgieva s’est montrée optimiste sur la réalisation prochaine de cette avancée, qui donnerait plus de voix au continent. Pour la BM, le département américain du Trésor s’est prononcé en faveur d’une telle évolution, la rendant de fait quasi acquise.
Le point central concernera les financements. Or les principaux pays ne sont pas favorables à une augmentation du capital qui les obligerait à remettre la main à la poche ou renforcerait le poids des grands pays émergents, Chine et Inde en tête. Dès lors, difficile d’obtenir plus. Côté BM, la principale avancée en la matière devrait être la confirmation de 50 milliards de dollars supplémentaires sur les dix prochaines années, grâce à diverses opérations comptables. Son président, Ajay Banga, espère aller plus loin et porter le total à 100 ou 125 milliards de dollars, grâce à des contributions des économies avancées, sans pour autant modifier la structure capitalistique de l’institution, plusieurs ayant déjà annoncé être prêts à le faire. Mais il est peu probable que le sujet soit finalisé à Marrakech.
Vers une modification des quotas ?
En la matière, l’avancée pourrait venir d’une modification des quotas des pays, qui leur ouvrent l’accès aux financements, et qui sont au prorata de la participation au capital des institutions. Les grands pays sont ouverts à l’idée de modifier la clé de répartition, en faveur des pays les moins avancés ou en développement, un dossier qui pourrait avancer durant la semaine.
Les annonces pourraient cependant laisser sur leur faim les pays qui cherchent à éviter de faire défaut ou à financer des projets de transition énergétique, mais aussi les ONG, qui accusent les deux institutions de pousser à l’austérité, renforçant l’écart entre pays riches et pauvres.
Plus encore, peu d’avancées notables sont à attendre concernant le financement climatique alors que de nombreuses voix s’élèvent pour critiquer le manque d’aide en la matière de la part des deux institutions, qui se défendent en soulignant ce qu’elles font déjà en la matière, mais aussi insistant sur le fait qu’elles ne peuvent pas y parvenir seules. Les ONG prévoient plusieurs événements à Marrakech durant la semaine afin de dénoncer ce qu’elles estiment être un manque de volonté de la part des deux institutions.
jeuneafrique (avec AFP)