Abdoulaye Maiga s’en prend à l’ancien dirigeant colonial, l’ONU, louant une coopération « exemplaire » avec la Russie.

Le Premier ministre malien nommé par l’armée s’en est pris à la France et aux Nations Unies dans un discours rempli de plaintes concernant la détérioration de la situation sécuritaire de son pays et a salué la coopération « exemplaire » avec la Russie.

S’adressant à la 77e session de l’Assemblée générale des Nations Unies samedi, Abdoulaye Maiga a critiqué ce qu’il a appelé la « décision unilatérale » de la France de déplacer ses troupes restantes au Niger voisin dans un contexte de détérioration des relations avec le double chef du coup d’État malien, Assimi Goita.

Alors que ce sont Goita et ses alliés qui ont renversé un président démocratiquement élu par la force militaire il y a deux ans, le Premier ministre malien a fait référence à plusieurs reprises à une « junte française » tout au long de son discours de 30 minutes.

« Prenez du recul par rapport au passé colonial et écoutez la colère, la frustration, le rejet qui émanent des villes et des campagnes africaines, et comprenez que ce mouvement est inexorable », a déclaré Maiga, qui a été nommé Premier ministre le mois dernier.

« Ses actes d’intimidation et subversifs n’ont fait que grossir les rangs des Africains soucieux de préserver leur dignité », a-t-il ajouté.

Le Premier ministre malien a également dressé un bilan sombre de la mission de maintien de la paix de l’ONU, dite MINUSMA, tout en louant ouvertement la « coopération exemplaire et fructueuse entre le Mali et la Russie » et l’influence des mercenaires du Groupe Wagner.

« Nous devons reconnaître que près de 10 ans après sa création, les objectifs pour lesquels la MINUSMA a été déployée au Mali n’ont pas été atteints », a déclaré Maïga. « Ceci en dépit de nombreuses résolutions du Conseil de sécurité. »

La France est intervenue militairement au Mali en 2013, menant un effort pour retirer les groupes armés du contrôle des villes du nord du Mali qu’ils avaient prises. Au cours des neuf dernières années, Paris a maintenu une présence pour tenter de stabiliser le pays face aux attaques répétées des groupes armés.

Le départ de la France en août a soulevé de nouvelles inquiétudes quant à savoir si ces combattants regagneront le territoire et les responsabilités en matière de sécurité incombent désormais à l’armée malienne et aux casques bleus de l’ONU.

Le groupe Wagner, un réseau russe de location de combattants, a été autorisé à opérer au Mali malgré les preuves recueillies par l’ONU indiquant son implication dans des exécutions sommaires massives, des détentions arbitraires, des tortures et des disparitions forcées en République centrafricaine. .

Le Premier ministre malien a également critiqué le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, pour ses récents commentaires sur la confrontation entre le Mali et la Côte d’Ivoire à propos de l’arrestation de 46 soldats ivoiriens.

« Comme l’amitié est basée sur la sincérité, je voudrais exprimer mon profond désaccord avec votre récente apparition dans les médias, dans laquelle vous avez pris position et vous êtes exprimé sur le cas des 46 mercenaires ivoiriens », a-t-il déclaré dans des propos adressés à António Guterres. .

La nature des crimes dans cette affaire « ne relève pas de la compétence du secrétaire général des Nations unies », a-t-il ajouté.

Maiga a réitéré les affirmations selon lesquelles les soldats auraient été envoyés au Mali en tant que mercenaires, ce que le gouvernement ivoirien a vigoureusement démenti. La Côte d’Ivoire affirme que les soldats étaient censés assurer la sécurité d’une entreprise sous contrat avec l’ONU, mais Maiga a déclaré samedi qu’il n’y avait « aucun lien entre les 46 et les Nations Unies ».

Trois femmes soldats de Côte d’Ivoire ont été libérées en « geste humanitaire », mais il n’y a eu aucune mise à jour sur les autres.