C’est un fait : mon cousin a toute la légitimité de son statut. Nul ne peut le contester au risque de s’exposer au ridicule. Mais vous savez, tout le monde ne comprend pas les choses de la même manière. Il y a ceux qui sont forts de caractère et ceux qui le sont moins. Généralement, ceux-ci essaient de se faire valoir par des menaces ; de petits gestes qui n’ont autre valeur que leur vacuité.
C’est par exemple le cas du «doigt pointé ou agité» de mon cousin. Il l’a compris, après plusieurs récriminations, qu’il ne faisait peur même à une mouche. Même un pantin a plus d’effet sur les oiseaux granivores que le «doigt agité» de mon cousin sur les Maliens. Il a donc arrêté de nous agiter son index.
En fait, cette attitude de mon cousin adoré était une des manifestations de son désir de recherche d’autorité. Il pensait pouvoir se faire craindre et respecter, mais il n’aura pas eu le résultat escompté. Je vais lui faire une piqure de rappel, à mon cousin. Les éducateurs vont me comprendre.
Un papa qui veut se faire respecter par son enfant, comme le conçoit mon cousin son rapport (père-fils) aux autres Maliens, ne peut se contenter d’une simple menace sans effet ou d’une menace de sanction sans lendemain. Il finira par se le prendre en pleine figure, comme un effet de boomerang, ce semblant d’autorité. À la limite, son enfant fera la moue dès qu’il prononcera sa fictive sanction ou sa menace de sanction.
Conséquence : il pourra prononcer autant de menaces qu’il veut que son enfant s’en moquerait comme de sa première chemise. Au nombre des «défenseurs» farouches de mon cousin- je ne parle pas des pintades- ils sont rares ceux qui ne le raillent pas aujourd’hui, le traitant même de «tigre en papier». Il faut peut-être que je rappelle à mon cousin ce que pense l’écrivain nigérian d’un tigre : «Le tigre ne crie pas sa tigritude…».
Issiaka SISSOKO
Source: Le Reporter