Représentées par Mme Florence, les femmes du Mali recommandent à l’Etat la prise en compte systématique de la sécurité de la population, notamment celle des femmes, des jeunes, ainsi que de leurs biens dans ce contexte de covid-19 ; l’application « stricte » de la loi 052 du 18 décembre 2015 au niveau des mécanismes de suivi et de mise en œuvre de l’Accord de paix. Aux autorités minières de Kayes, elles demandent la réalisation de trois (3) à quatre (4) forages au minimum, voire des projets de développement dans chacune des 12 communes de Kéniéba pour éviter des soulèvements populaires.
À cette occasion, elles aussi ont plaidé pour la vulgarisation et l’opérationnalisation de la politique nationale de la prévention et de la lutte contre l’extrémisme violent, le terrorisme, et le plan d’action 2018-2020 dans sa composante spécifique consacrée au genre. Et de plaider pour la relecture du décret d’indemnisation des victimes de la crise, accélérant le processus de réparation et d’indemnisation sur la base des informations transmises par la CVJR (commission vérité, justice et réconciliation). A l’issue des travaux, elles ont sollicité le renforcement des capacités de résilience des femmes et des jeunes face à la paupérisation et l’extrémisme violent en mettant l’accent sur le cas des régions du centre. Parmi ces recommandations figurent : le contrôle strict de la zone des trois frontières (Mali-Niger-Burkina Faso) ; l’élaboration d’une base de données sur les populations non maliennes vivant sur les sites d’orpaillage en respectant les conventions ; la responsabilisation des groupes signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation ; l’élaboration d’une nouvelle stratégie de désarmement ;la prise de mesures concrètes contre le problème de l’esclavage de Kayes ;l’intégration du plan d’action de la résolution 1325 dans les politiques et plans de développement des collectivités locales ;l’accélération du processus d’adoption de la loi contre les violences basées sur le genre (VBG) ;le renforcement de la prise en charge politique des survivants des VBG…
Quant aux partenaires techniques et financiers, les femmes demandent : de mettre en place, soutenir, et de renforcer les actions des comités de veille citoyenne pour l’application effective de la loi 052 dans le pays ; de renforcer les capacités des acteurs sur l’agenda « femmes paix et sécurité » et son plan d’action ; de mettre en place un comité de suivi des recommandations issues de cette 6ème édition. Tenue sous sa présidence, Mme Bouaré Bintou Founé Samaké, ministre de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille s’est exprimée : « Le conseil de sécurité de l’ONU a, à l’unanimité, adopté la résolution 1325 sur femmes, paix et sécurité. Celle-ci reconnait que les femmes jouent un rôle important dans la résolution des conflits et dans la consolidation de la paix ». D’après elle, la participation des femmes dans les instances et institutions est un moyen de changer leurs conditions de vie. Cette résolution visant à valoriser les femmes fait, dit-elle, mention du rôle que les femmes doivent jouer dans la prévention des conflits. « La résolution appelle à la protection des femmes et des filles touchées par des violences sexuelles, Notre pays traverse une période de crise socio-sécuritaire qui a eu des conséquences sur les droits des femmes et des filles.D’où l’impérieuse nécessité de leur participation au processus de paix », ajoute le ministre, mettant l’accent sur l’égalité des sexes.
Et de corroborer que la résolution 1325 a permis aux femmes de s’entendre, d’être renforcées, de participer à des rencontres, de porter leurs voix…L’agenda « femmes paix et sécurité » permet, selon elle, aux femmes de poursuivre leurs actions et de réaliser leurs besoins. Pour la présidente du Repsfeco/Mali, le déséquilibre entre les sexes existe toujours au sein des structures. Afin de résoudre cette crise que traverse le Mali, Mme Diakité Me Saran Keita plaide pour le respect « strict » de la résolution 1325 relative aux femmes, paix et sécurité. Coopté pour la clôture, Mahamet Saleh Annadif, chef de la Minusma, estime que la résolution « est un instrument par lequel le conseil de sécurité reconnait la nécessité de tenir compte de la perspective de genre et des besoins spécifiques des femmes et des filles à tous les niveaux des conflits et des perspectives de la paix ». Il s’est, par ailleurs, réjoui de la nomination de 9 femmes au CSA, et de celle de près de 26% des femmes au CNT. « Il faudra continuer à faire du progrès, la Minusma fera tout ce qui est à sa portée pour appuyer l’implication et la représentation des femmes dans les processus de paix et les instances politiques », a-t-il promis aux femmes, disant que la Minusma prendra note de leurs recommandations.
Mamadou Diarra
Source : LE PAYS