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56 ans après l’indépendance : Le Mali en quête de souveraineté

Ils (les Maliens) sont nombreux à se glorifier du Mali des années de l’indépendance, une époque où la souveraineté nationale du pays s’exerçait sur l’ensemble du territoire national sous Modibo Keïta. Qu’en est-il aujourd’hui de cette souveraineté à la veille du 56e anniversaire du Mali indépendant ?

modibo keita ancien president malien rda decoration carricature

Le Mali souverain et indépendant aura 56 ans demain 22 septembre 2016. Du moins sur le papier. Car la réalité, sur le terrain, est tout autre. Le risque de partition du pays n’a jamais été aussi grand qu’aujourd’hui. La grave crise multidimensionnelle qui a éclaté en 2012 peine à connaitre son épilogue. L’accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger signé il y a de cela 16 mois à Bamako ne connait pas encore un début d’application. En plus de Kidal, le tiers de la région de Mopti et la moitié de Ségou échappent au contrôle de l’Etat malien. Les morts civils et militaires se comptent par milliers. Pas plus tard que le lundi passé, un soldat malien a trouvé la mort lors d’une attaque contre leur convoi entre les localités de Gossi et Doro. Il y a eu plus de morts au Mali du fait de l’insécurité que pendant les 53 années précédentes, de 1960 à 2013. «Au total, c’est au moins 1.311 civils, militaires maliens et étrangers qui ont perdu la vie au Mali entre septembre 2013 et le 15 septembre 2016», selon l’opposant malien Tiebilé Dramé. Le Mali est aujourd’hui sous tutelle de la communauté internationale. La Minusma, mission onusienne pour la stabilisation du Mali, présente dans notre pays depuis début juillet 2013, a aujourd’hui 13 289 soldats et 1920 policiers déployés sur le sol malien. Le mois dernier en séjour au Mali, l’opposant tchadien Saleh Kebzabo, se réjouissait de la grande contribution de son pays à la stabilisation du Mali, tout en souhaitant que « cette présence ne soit pas éternelle ». « Il faut bien que l’armée malienne aille à l’épreuve du feu pour qu’elle aussi, demain, puisse assurer l’intégrité territoriale du Mali, la sécurité à l’intérieur du pays. Un pays indépendant ne peut pas indéfiniment bénéficier d’une aide militaire d’autres pays pour sa propre sécurité », confiait au Républicain l’opposant tchadien.  Malgré ce pourrissement de la situation sécuritaire, un nouveau code électoral vient d’être voté à l’assemblée nationale et le collège électoral est convoqué pour la tenue des élections communales le 20 novembre prochain. Il est prévu, dans le nouveau code électoral, la possibilité de tenir des élections à des dates différentes.

Velléités indépendantistes ?

 

Excédés par l’absence de l’Etat et de la justice par ricochet, des communautés s’organisent pour leur défense. C’est le cas de l’Alliance nationale pour la sauvegarde de l’identité peule et la restauration de la justice (Ansiprj),  un mouvement politico-armé créé contre l’armée qui « instrumentalise les milices contre les peuls », selon Oumar Aldjana, le secrétaire général de l’Ansiprj.  Fatigués de compter leurs morts, les ressortissants du cercle de Ténenkou, aussi, s’interrogent sur l’absence prolongée de l’Etat chez eux contrairement aux autres cercles de la région de Mopti. «Les conséquences de la crise sécuritaire sur la vie des populations du cercle sont incommensurables. Pourquoi la bande de terre comprise entre Nampala et Léré, limitrophe de la Mauritanie, ne fait-elle pas toujours l’objet d’une surveillance à hauteur des risques connus ? », s’interroge Dr Tioulenta Timoré, cadre de Tenenkou, ancien député et haut cadre de l’ADEMA. Tioulenta invite « les acteurs de la paix à être attentif à la révolte intérieure, potentiellement porteuse de germes d’accointances plutôt explosives ». Dans un manifeste, Aly Nouhoum Diallo, l’ancien président de l’Assemblée nationale, non moins  cadre politique et acteur majeur du mouvement démocratique,  a dénoncé, le début de ce mois, « les exactions commises contre des civils peuls dans le centre du Mali ». Diallo, aussi, met en garde : « Attention, si l’Etat ne fait rien, des groupes armés peuls peuvent très rapidement développer des thèses indépendantistes dans le centre du Mali ».

Madiassa Kaba Diakité

 

Source :Le Républicain

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