Conformément à ses missions, le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale du Mali, en l’occurrence Abdoulaye Diop s’est rendu à Genève. Cela, pour prendre part au segment de haut niveau de la 52ème session ordinaire du conseil des droits de l’homme. Les travaux ainsi tenus du 27 février au 3 mars 2023 ont permis au chef de la diplomatie malienne de décrypter la problématique des droits de l’homme dans le pays.
A l’occasion de ce rencard de taille, le ministre malien soutenait que la commémoration, cette année, du 75ème anniversaire de la déclaration universelle des droits l’homme, ainsi que celle du 30ème anniversaire du programme d’action de Vienne interviennent dans un contexte marqué par des atteintes à la dignité humaine et à l’universalité des droits de l’homme dans des situations de conflits. L’intervention militaire en Lybie a déstabilisé la région du Sahel. Elle a également détruit « mon pays, le Mali confronté depuis plus d’une décennie à l’insécurité, au terroriste et à la criminalité transnationale organisée ».Une situation ayant comme corollaire la multiplication des attaques indiscriminées provenant des groupes terroristes, déplore le ministre. Abdoulaye Diop poursuit en mettant l’accent sur « l’inefficacité » et surtout sur « l’inadaptation » de la réponse internationale marquée par l’expansion de la menace terroriste depuis le déclenchement de la crise au Mali. Une situation face à laquelle, indique-t-il, les forces armées maliennes ont entrepris, à partir de décembre 2021, un changement de paradigme. Ce geste s’est traduit par des actions offensives d’envergure afin de prévenir et de combattre les attaques des groupes terroristes. L’effet des opérations menées par l’armée malienne est la diminution des cas d’atteinte aux droits de l’homme. Les opérations des FAMA ont permis de limiter la liberté de mouvements et des actions des organisations criminelles à l’origine des violations sur le territoire malien, explique le ministre. Lesdites opérations ont permis le retour progressif de l’administration et des services sociaux de base dans beaucoup de localités. « Nous sommes parfaitement conscients de la responsabilité première de protection des populations civiles qui incombe à l’Etat. C’est la raison pour laquelle, enchaine le ministre, le gouvernement du Mali s’est investi à lutter contre l’impunité sous toutes ses formes ». Cela, rappelle-t-il aux participants, en déployant des moyens importants pour enquêter sur toutes les allégations de violation des droits de l’homme, y compris celles formulées à l’encontre des Forces de défense et de sécurité maliennes, nonobstant quelques contraintes objectives qui ont entravé certaines procédures. Plusieurs sessions ordinaires de la chambre criminelle du tribunal militaire de Bamako ont été, à cet effet, organisées pour marquer l’engagement du gouvernement à respecter et à faire respecter les droits de l’homme en luttant contre l’impunité.
Des précisions sur certaines actions majeures du gouvernement malien !
La détermination des autorités de la transition, à veiller au respect des droits de l’homme s’est traduite, selon le chef de la diplomatie, par une innovation majeure au plan institutionnel, à savoir la création, le 1er février dernier, de la direction nationale des droits de l’homme, une première dans l’histoire du pays. Elle est placée sous la tutelle du ministère de la Justice et des Droits de l’homme et renforce les dispositifs institutionnels. À cela s’ajoute l’adoption de la loi fixant les règles générales relatives à la réparation des préjudices causés à travers les violations graves des droits de l’homme. Abdoulaye Diop saisira l’opportunité pour annoncer la relecture du code pénal malien et celle du code de la procédure pénale. Des réformes qui, selon lui, servent à assurer une meilleure protection des droits humains. Puis de confier que les forces vives de la nation ont « activement » participé à l’adoption consensuelle d’un chronogramme des réformes politiques et électorales au Mali. Par le souci de transparence, dira-t-il, le gouvernement de transition a inclus la participation de la CEDEAO, celle de l’Union africaine et des Nations unies dans le cadre du mécanisme de suivi de ce chronogramme. L’adoption de la loi électorale et la création subséquente de l’Autorité indépendante de gestion des élections est une étape cruciale dans la refondation de l’Etat malien, a-t-il précisé aux spécialistes des différents pays réunis. Puis de rappeler que le conseil national de transition a récemment adopté six (6) importants projets de lois. Parmi lesquels figure celui de la loi relative à la réorganisation territoriale. Quant à la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger, le gouvernement reste engagé en dépit des difficultés conjoncturelles rencontrées. Et de préciser que le gouvernement malien est, en ce moment, en train d’œuvrer pour l’élaboration d’un nouveau programme de DDR pour la période 2023-2027. Toutes ces actions traduisent, selon lui, la volonté des autorités de la transition d’œuvrer pour la paix et la réconciliation nationale afin d’améliorer la situation des droits de l’homme dans le pays. Quant aux pays animés de mauvaise foi au sujet du Mali, M. Diop a voulu être clair : « Le gouvernement continuera de s’opposer à l’instrumentalisation de la question des droits de l’homme à des fins politiques, géopolitiques et souvent à des fins déstabilisatrices du pays ».
Mamadou Diarra
Source : LE PAYS