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4e réunion de la conférence des donateurs du Mali à Paris : LA MOBILISATION RELANCEE »

Sur les 3,3 milliards d’euros promis à Bruxelles, plus de la moitié est versée, a annoncé la secrétaire d’Etat française chargée de la Francophonie et du Développement international

Moussa Mara Premier ministre chef gouvernement tournee europeenne

Le Premier ministre Moussa Mara a présidé hier à Paris la 4e réunion de la conférence des donateurs en présence de plusieurs membres du gouvernement et des partenaires techniques et financiers avec en chefs de file, l’Union européenne et la France. Cette réunion de haut niveau assure le suivi des engagements de plus de 3 milliards d’euros (précisément 2.145 milliards Fcfa de promesses d’aide provenant de 56 bailleurs bilatéraux et multilatéraux) promis à notre pays à Bruxelles en mai 2013.

Au ministère des Affaires étrangères où s’est déroulée la rencontre, le chef du gouvernement a été reçu par Annick Girardin, la secrétaire d’Etat française chargée de la Francophonie et du Développement international. Celle ci a souhaité, lors de la cérémonie d’ouverture, que les négociations en cours à Alger, soient couronnées de succès au grand bénéfice de tous les belligérants du conflit du Nord.

Annick Girardin a invité les partenaires techniques et financiers qui se sont engagés à Bruxelles à se mobiliser davantage. Pour ce qui concerne la France, elle a assuré que la contribution ne fera pas défaut, car l’objectif ultime reste la paix et le développement. Sur les 3,3 milliards promis, plus de la moitié est versée, a annoncé la secrétaire d’Etat qui a invité les autorités maliennes à poursuivre la mise en œuvre des reformes engagées, notamment en matière de décentralisation.

Annick Girardin a félicité notre pays pour avoir su répondre aux questionnements et apaisé les inquiétudes des institutions financières internationales conduites par le FMI. Elle a invité les autres partenaires à reprendre la coopération au plus vite, tel que recommandé par les institutions financières internationales. Elle a également rendu hommage aux soldats engagés sur le front : tchadiens, français, maliens…

Moussa Mara a remercié, au nom du président de la République, nos partenaires au développement pour leur générosité et leur constance avant de présenter  cette rencontre  comme  « la preuve de l’engagement renouvelé de la communauté internationale à poursuivre son exceptionnelle mobilisation aux côtés du Mali, fortement affecté par les effets néfastes de la crise qu’il a connue en 2012. Par ailleurs, elle constitue également un cadre de concertation et de dialogue constructifs pour la réalisation des objectifs communs. »

Depuis la  dernière réunion de suivi tenue à Bamako en mai, notre pays a fait des progrès importants allant dans le sens de la mise en œuvre des engagements relatifs au programme économique et financier, de la mise en place d’un processus politique de sortie de crise, notamment dans son aspect dialogue national inclusif, a souligné Moussa Mara.

Pour le chef du gouvernement, «  grâce à la facilitation de l’Algérie, chef de file de la médiation et avec l’accompagnement de la communauté internationale, le fil du dialogue inclusif inter-malien est renoué, avec pour objectif ultime de parvenir dans les semaines à venir, à un accord de paix global et définitif, afin d’amorcer un nouveau départ qui contribuera fortement à  forger un destin radieux pour notre pays, dans le respect de son intégrité territoriale, de son unité nationale et cela, dans toute  sa diversité culturelle, ethnique et religieuse, gages de paix sociale, de concorde et de prospérité ».

 

GARANTIR LES CHANCES DE SUCCES. S’agissant de ces négociations en cours chez le voisin algérien, le Premier ministre s’est félicité que le premier round de juillet dernier ait donné lieu à la signature d’une Feuille de route consensuelle et d’une Déclaration de cessation des hostilités dans les régions du nord. «La deuxième phase est entrée dans sa phase cruciale réunissant au tour de la même table les représentants du gouvernement et des mouvements des régions du Nord. Afin de lui garantir toutes les chances de succès, elle a réservé une place prépondérante à l’audition de la société civile, des représentants des populations, des autorités coutumières et religieuses » a t-il noté.

« En dépit des embûches inhérentes à ce genre d’exercice, nous fondons l’espoir de parvenir, dans les délais impartis, à une solution pacifique et négociée. En tout état de cause, le gouvernement que je dirige, sous la haute autorité du président Ibrahim Boubacar Keïta, ne ménagera aucun effort afin que les pourparlers en cours à Alger débouchent sur un accord de paix global et définitif, pour que le peuple du Mali, rassemblé, puisse s’atteler à relever le seul défi qui vaille, à savoir celui de son développement durable », a indiqué le Premier ministre.

Comme il l’a affirmé tout le long de son séjour en Europe, la paix et la réconciliation constituent les priorités les plus pressantes pour Bamako. Pour préparer le terrain du dialogue, le chef du gouvernement rappelle qu’après la tenue des Etats généraux de la décentralisation et des Assises nationales sur le Nord qui viennent de trouver leur prolongement dans l’organisation à Gao et Tombouctou des Assises de la paix, la Commission Dialogue et Réconciliations devenue Commission Vérité, Justice et Réconciliation (CVJR) est restructurée. Cette nouvelle commission aura quatre principes de travail : le droit à la vérité, le droit à la justice, le droit à la réparation, la fin de l’impunité et la garantie de non récurrence. Les membres de la CVJR ne seront nommés qu’après la signature de l’Accord de paix global et définitif, de manière à assurer une représentativité équilibrée. Parallèlement à la CVJR, le gouvernement a confié au ministère de la Réconciliation nationale la responsabilité d’impulser le processus politique de réconciliation entre toutes les communautés.

Parlant du redéploiement de l’Administration et des services sociaux de base dans les régions septentrionales, Moussa Mara a informé ses partenaires que les personnels de l’éducation et de la santé ont rejoint leurs postes dans des proportions encourageantes dans les régions de Gao et Tombouctou. Cependant des efforts restent à consentir pour leur retour effectif dans la région de Kidal, en lien avec l’amélioration du climat de sécurité et l’avancement du dialogue politique.

 

LE TEMPS DE LA REHABILITATION. Dans cet esprit, il rappelle que le gouvernement a lancé un programme de reconstruction et de relance de l’économie locale de ces régions utilisant les ressources d’appui budgétaire constituées à cet effet. Ce programme vise à réhabiliter les infrastructures détruites pendant l’occupation de ces régions par les groupes armés. Il permet aussi de privilégier la main d’œuvre locale par le biais de la fourniture de marchés aux entreprises locales et des emplois  aux jeunes provenant de ces régions.

« Lors de la Conférence du 15 mai 2013, le Mali a pu mesurer l’élan inédit de solidarité de la communauté internationale à son endroit. En retour, notre pays s’est fait la promesse de conjurer définitivement les causes de la grave crise qui l’a affecté en 2012. Il a analysé sans complaisance les déterminants de cette crise qui ont mis en exergue la nécessité de réformer en profondeur les institutions étatiques et d’améliorer les pratiques de gouvernance afin de positionner le pays vers des dynamiques vertueuses, facteurs de paix, de stabilité, de cohésion sociale, de croissance économique et de développement durable », a indiqué Moussa Mara. « La politique de régionalisation poussée s’inscrira dans cette perspective », a-t-il ajouté en estimant que « la crise sécuritaire et institutionnelle qui a frappé notre pays rend nécessaires la reconstruction de l’Etat et un meilleur ajustement de ses modalités d’intervention ».

Le chef du gouvernement a rassuré les partenaires au développement en confirmant que « la lutte contre la corruption et l’impunité, la refondation des administrations publiques, la réhabilitation de l’institution judiciaire, l’approfondissement de la décentralisation et des instruments de la démocratie participative sont indispensables pour la mise en place d’institutions fortes et crédibles ». Il a rappelé que l’année 2014 a été décrétée année de lutte contre la corruption par le président de la République. Un programme d’amélioration de la transparence dans la gestion des affaires publiques et d’accès du public à l’information est également en cours d’élaboration.

Dans ce sens, Moussa Mara s’est dit disposé à soumettre son gouvernement à tout exercice allant dans le sens de la bonne gouvernance.

La dernière revue du processus de suivi est fixée pour 5 février 2015 à Bamako.

Envoyé spécial

A. M. CISSE

 

PLUS DE 1000 MILLIARDS DEJA DECAISSES

Le chef du gouvernement n’a pas tari pas d’éloges à l’égard des amis du Mali même s’il a souhaité que les choses aillent plus vite. Au 30 juin 2014, il ressort des données collectées auprès des 28 partenaires techniques et financiers que 1 098 milliards de Fcfa ont été décaissés par ces partenaires, soit un taux d’exécution de 56% par rapport à leurs annonces et 51% par rapport aux annonces totales.

Dans cette enveloppe, les dons représentent 75% des conventions signées qui sont évaluées à 1478 milliards de Fcfa et les prêts 25% (76% de dons et 24% de prêts au 15 mai 2014). Une tranche de 66% des aides (soit 727 milliards de Fcfa) a été décaissée hors budget d’Etat au 30 juin 2014.

De l’analyse du Premier ministre, la reprise de l’aide devra être mise à profit pour réaliser des investissements publics structurants pour, non seulement, lever les contraintes à la croissance économique, mais aussi et surtout jeter les bases d’un développement économique durable.

A. M. C.

 

MOUSSA MARA REÇU PAR MANUEL VALLS

Le Premier ministre avait un agenda si chargé qu’il fut obligé de prendre congé de la réunion de suivi des promesses de Bruxelles pour se rendre à l’hôtel Matignon où l’attendait son homologue français Manuel Valls et où il a été reçu avec tous les honneurs.

Les deux chefs de gouvernement se sont entretenus pendant près d’une heure. Même si aucune déclaration n’a été faite à la fin de l’entretien, un proche collaborateur de Moussa Mara a laconiquement confié que les deux personnalités ont débattu « des différents défis du moment ».

A. M. C. 

SOURCE / ESSOR

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