En trois jours successifs, trois hommes se sont donnés la mort par noyade sur ce pont. Si certains se demandent les raisons qui ont poussé ces personnes à se suicider, d’autres pensent que c’est l’expression de la colère des esprits du fleuve.
À Bamako, la zone du troisième pont est « connue » comme un « nid de génies », bénéfiques ou maléfiques. Un endroit mystique qu’on appelle « chita dounou », nom des génies protecteurs des lieux. Bien avant la construction du pont des gens venaient d’ailleurs faire « des sacrifices » à cet endroit.
Selon Bourehima Touré, sociologue, c’est une croyance populaire mythique. Il explique que dans tout lieu sacré il y a une convention entre les esprits et la communauté. Les esprits protègent les lieux et en contrepartie ils font des demandes spéciales. Dans la croyance populaire, chaque année, à une période spécifique, des offrandes sont données aux esprits. Une famille bozo ou somono sert d’intermédiaire entres les génies et la communauté. Elle sait à quel moment de l’année il faut faire ces sacrifices. M. Touré rappelle que ses offrandes ne sont pas des individus, mais des bœufs, des moutons, des chèvres ou des coqs. Mais, selon beaucoup, si la convention n’est pas respectée, les génies peuvent se fâcher. Et cela peut aboutir aux incidents actuels.
Maryam Camara
Journal du Mali