La 2ème session spéciale de la Cour d’assises consacrée aux crimes économiques et financiers a débuté, hier lundi, à la Cour d’Appel de Bamako. Le 1er dossier enrôlé était l’affaire ministère public contre Makan Tounkara, jugé pour » faux et usage de faux, abus de confiance « , alors qu’il travaillait au compte de l’association Turque « Temps d’aide « . A l’issue de quelques heures de procès, l’accusé a été condamné à cinq ans d’emprisonnement dont quatre avec sursis.
Selon les informations, le nommé Makan Tounkara, médicalement et gratuitement pris en charge par l’association turque « Temps d’Aide « , noua de bons rapports avec le président sortant, Eyup Tok et exécuta diverses commissions au profit de l’association en tant que bénévole, bénéficiant toutefois des frais pour ses déplacements. A la suite d’une crise politique en Turquie, le Collège Horizon, auquel l’association était liée, fermera ses portes. Ainsi, Makan Tounkara, veillant activement sur les activités de l’association, mit à profit cette période de turbulence pour s’emparer de deux véhicules, notamment une Volkswvagen et une Nissan et des documents officiels de ladite association. Ce, avant l’arrivée, en octobre 2017, d’un nouveau président, en la personne de Kemal Gunes. Celui-ci, découvrant les irrégularités, l’interpella puis poursuivit d’autres investigations, qui aboutiront au détournement d’une somme de 800.000 F CFA, qu’un bailleur lui avait remis au profit de l’association. Ainsi, Makan Tounkara sera interpellé par le commissariat du 5è Arrondissement, puis inculpé par le Tribunal de la CIV pour » faux et usage de faux, vol et abus de confiance « , des faits prévus et punis par les dispositions des articles 102, 104, 252, 257 et 282 du Code Pénal.
Dans le box des accusés, Makan Tounkara a nié les faits à lui reprochés. En expliquant qu’on lui avait confié la garde desdits véhicules. Qu’en aucun moment il n’a voulu les revendre. A la question d’un juge de savoir pourquoi il percevait 150.000 F CFA comme salaire, selon la pièce versée au dossier, alors qu’il était mentionné sur le contrat 500.000 F CFA, il rétorqua qu’ils étaient 16 personnes sans contrat de travail avec l’association « Temps d’Aide « . Face à cette situation, son employeur, Eyup TOK décida de lui octroyer un contrat pour » échapper aux impôts « . Ainsi, le juge lui demandera s’il savait que cet acte causait un manque à gagner pour l’Etat. Il répondra par l’affirmative, en expliquant qu’il a voulu aider l’association caritative à échapper à des ennuis.
Quant au » vol » des 800.000 F CFA dont on l’accuse, Makan dira que l’argent était dans le tiroir de son bureau y compris les pièces des véhicules.
Pour l’actuel Président de l’association » Temps d’aide « , avec le départ des Turcs, l’accusé s’est refugié dans la dénégation totale. Il souligne à cet égard qu’au moment des faits, l’ancien président de l’ONG et lui se sont lancés à la recherche de Makan Tounkara pour qu’il restitue les véhicules. Qui ont été retrouvés quelque part, non loin du commissariat du 5è Arrondissement, » A la demande de son oncle, il a accepté de restituer les clés puis les cartes grises des voitures, qui étaient cachées chez lui à la maison « , a-t-il indiqué. Sans, pour autant, pouvoir éclairer la Cour sur l’histoire de contrat des 500.000 F CFA, rédigé alors que l’accusé percevait 150.000 FCFA.
Dans son réquisitoire, le parquet dira que ce dossier ne devrait pas venir à la Cour d’assises. Car, dit-il, l’infraction d’ » abus de confiance « portant sur les 800. 000 F CFA est établie et non celle des faux et usages de faux.
Pour la défense, l’accusé est victime de sa » sincérité « à l’endroit de l’ancien président de l’association, Eyup Tok. Puisque grâce à ce dernier, il a obtenu un emploi et subi une opération des yeux. Ainsi, il était devenu une menace pour le nouveau président, qui venait d’arriver. Et selon Me Ta Kéita Cissé, l’accusé a décidé de mettre à l’abri les véhicules contre toute revente souhaitée par le nouveau gestionnaire.
La Cour, dans sa magnanimité, a condamné l’accusé Makan Tounkara à cinq ans d’emprisonnement dont quatre avec sursis.
Oumar BARRY
Source: l’Indépendant