La coïncidence voudrait que la quasi-totalité des putschistes soient aujourd’hui accusés de complicité d’enlèvement et/ou de complicité d’assassinat et placés sous mandat dépôt. Au délà de ces griefs, le coup d’Etat demeurant au Mali un crime indescriptible au Mali, l’on se demande si c’est le procès des putschistes ou celui des présumés criminels physiques qui est désormais ouvert.
Hormis quelques hauts gradés, au demeurant cités par le magistrat instructeur, la quasi-totalité des putschistes du 22 mars 2012 ont été entendus par le magistrat dans le cadre de l’enquête portant sur les disparitions et/ou éxecutions de militaires («bérets-rouges» et /ou «bérets verts»). Il serait prématuré d’affirmer que tous les putschistes sont des présumés auteurs de crimes ou vice-versa. Tout semble cependant indiquer que ceux-là impliqués dans le coup d’Etat de mars 2012 sont aujourd’hui tous appelés à répondre des crimes qu’ils sont censés avoir commis depuis cette période. Alors blanc-bonnet/bonnet-blanc ?
Signalons en fait, qu’il est question de deux crimes : l’un constitutionnel et imprescriptible et le second, physique et tout aussi impardonnable. Les putschistes du 22 mars sont accusés d’avoir commis les deux. Même si, pour l’instant le débat porte essentiellement sur le sécond, l’on doit s’attendre à l’ouverture du premier dossier au regard de cette volonté politique du gouvernement de poursuivre l’ancien président pour haute trahison. En somme, pour raison de cohérence, les mêmes autorités ne sauraient ignorer le crime rendu imprescriptible par la loi fondamentale.
Et des indices très probants attestent que l’on s’achémine lentenant mais surement vers une chasse aux auteurs de violation de la loi fondamentale et pas seulement aux présumés auteurs de crimes physiques.
Il s’agit d’abord du cas du capitaine Konaré, N° 2 de la junte. Il n’était jusque là, nullement cité parmi les présumés auteurs de tueries. Même si le secret de l’instruction empêche pour l’instant de dévoiler les véritables motifs de son inculpation, des indiscrétions font état de sa totale désaprobation, au moment des faits, des massacres perpetrés par ses désormais ex-camarades. Et signalons en outre que c’est le prévenu qu’il est désormais, qui s’est rendu aux autorités afin d’échapper aux probables représailles des siens. Ce qui n’a pas empêché le magistrat instructeur de l’inculper comme ses poursuivants. Alors, lui reprocherait-on surtout sa participation au coup d’Etat de mars 2012 ?
Beaucoup d’autres putschistes ou tout simplement sympathisants comme Oumar Mariko sont également concernés par les enquêtes. Certains sont inculpés mais en liberté surveillée et interdits de voyage. L’on ne sait encore si leur crime est d’ordre constitutionnel ou physique.
En récapitulant, l’on arrive à la conclusion que les auteurs du coup d’Etat de mars 2012 se divisent désormais en deux catégories : la première, litteralement décimée par la seconde laquelle, à son tour, fait aujourd’hui objet d’une chasse impitoyable. Triste destin pour putschiste ! Si la question était de décourager définitivement le phénomène des coups d’Etat au Mali et ailleurs, l’on ne pouvait mieux trouver ?
B.S. Diarra