Il convient de rappeler ici cet adage cher à nos sociétés traditionnelles selon lequel «la chèvre acculée peut mordre.»
Depuis janvier 2012 déjà, la situation sécuritaire était chaotique sur l’ensemble du territoire national :
– Le régime conteur d’Amadou Toumani Touré (ATT) a tout simplement atteint un seuil critique d’incompétence notoire quant à la satisfaction des besoins fondamentaux du peuple laborieux du Mali. Jour pour jour, la crise alimentaire devenait suffisamment inquiétante dans notre pays. La farce politicienne qui devait consacrer la mise en route du Sénat au Mali, a connu sans fin prématurée avec le coup de force militaire qui a chassé ATT du palais de la République.
En fait, au moment où le front social devenait chaque jour davantage délétère, ATT et ses suppôts s’affairaient (comme si de rien n’était) pour faire avaler leur projet de Sénat au moyen du couplage de l’élection présidentielle avec le fameux vote référendaire. Comme un malheur ne vient jamais seul, ATT a décidé d’accueillir ceux qu’il considérait comme ses compatriotes venus de Libye avec armes et munitions, via la République indépendante du Niger. Lorsque Christophe Boisbouvier a posé la question piège à ATT à savoir pourquoi il n’a pas désarmé les rebelles maliens, partis prêtés mains fortes au régime de Kadhafi, avant de les laisser entrer en territoire malien. Celui-ci seul sachant ce qui se tramait dans le septentrion de notre pays, n’a pas hésité à répondre au journaliste français venu l’interroger sur la crise du Nord à la télévision nationale : «Si nous les désarmons, qui va les défendre ?». Il lui restait à ajouter : contre qui ; l’armée malienne, les diables ou les antilopes du désert ?
– Au front social s’est ajouté l’éclatement de la guerre du Nord. Le triste bilan des massacres de Aguel Hoc est à l’actif du général commando parachutiste qui ne s’offusquait pas un seul instant de l’occupation des trois régions dans le nord du Mali pendant qu’il était le sapeur pompier des autres fronts d’Afrique notamment subsahariens.
– C’est au regard de cette disconvenance grossière qu’un groupe de jeunes militaires a décidé d’agir depuis Kati. Le Comité national de redressement de la démocratie et de la restauration de l’Etat (CNRDRE) a pris les armes en mains avec à sa tête le capitaine Amadou Haya Sanogo. Le régime ATT a tenté de récupérer le pouvoir perdu par deux actes majeurs pilotés de l’extérieur et imposés à notre peuple travailleur :
- D’abord, les ennemis du Mali, regroupés au sein du Front uni pour la sauvegarde de la démocratie et la République (FDR), sont allés négocier auprès du club des chefs d’Etat de la CEDEAO le fameux embargo contre le Mali. Là, il ne pouvait en être autrement quand on sait qu’ils avaient à manger et à boire dans leurs greniers construits sur la sueur du front des Maliens.
- Le deuxième acte d’agression contre notre peuple a été le contre coup d’Etat du 30 avril 2012 mais sans succès aucun.
Seulement alors, commencèrent les valses politiciennes entre Bamako et Kati. De jour comme de nuit, la route Bamako- Kati est devenue en quelques deux jours la route N°1 et la principale sur toute l’étendue du territoire national. Ces valses visaient à courtiser les membres du CNRDRE pour avoir des places à l’ombre du coup de force. Nous osons croire que si procès véritable il y a contre Amadou Haya Sanogo et compagnons des déballages auront bien lieu et que tous les escrocs politiciens seront démasqués (s’ils ne le sont déjà !).
Demain, mardi, 22 mars 2016, c’est le 4ème anniversaire du coup d’Etat de mars 2012. Pendant quatre (04) ans, les Maliens ont eu le temps de connaître les ennemis du Mali tapis dans les rangs de partis politiques peu crédibles.
En quatre (04) ans, bien de ces sangsues ont été rattrapées et dépassées par les événements successifs. Bien d’entre eux se débattent aujourd’hui comme de beaux diables pour se remettre en selle mais sans succès. Qu’ils cessent de se bercer d’illusions aberrantes : ils ont été démasqués à la faveur du coup d’Etat du 22 mars 2012.
Un front populaire s’est vite constitué pour soutenir le coup de force salutaire pour les masses travailleuses du Mali : il s’agit du Mouvement populaire du 22 mars (MP-22). Mais deux faits majeurs ont entraîné le phagocytage des militaires patriotes qui ont voulu débarrasser de notre pays des cancres de la démocratie :
- D’abord, les militaires qui ont fait le coup d’Etat ignoraient le caractère caméléon de ces politiciens qui ont mis à genou ce pays.
- Le MP-22 n’était pas scientifiquement organisé pour servir de rempart politique aux jeunes militaires pour leur permettre d’assainir véritablement la situation nationale.
Selon toute vraisemblance, les hommes qui ont chassé ATT de Koulouba ignoraient les politiciens maliens. Quatre (04) ans après leur coup de force, les patriotes maliens se souviennent que le 22 mars était une occasion inouïe de changer enfin la vie socioéconomique, politique, culturelle et sécuritaire de notre pays. Mais comme on le dit souvent chaque échec est un enseignement. Comme pour dire qu’au lieu de négocier avec des femmes et des hommes qui furent totalement comptables de la faillite de notre ‘’démocratie’’, les militaires auraient mieux fait de s’appuyer sur ceux qui ne sont ni de près ni de loin trempés dans la gestion catastrophique de notre pays et ce depuis mars 1991.
Il faut dire que le coup de force de Sanogo et de ses compagnons avaient tout au moins le mérite de faire comprendre aux politiciens maliens que l’on ne saurait indéfiniment et impunément piétiné les intérêts du peuple malien.
Il aura aussi permis de savoir que les coups d’Etat sont l’émanation de la mauvaise gouvernance, de la gestion désastreuse de la gestion publique par les tenants du pouvoir, et cela aucune démocratie ne peut l’éviter.
Lisons à cet effet Emile Fottorino : «La démocratie ouvre la porte à la liberté qui débouche sur la revendication. Une fois recouvré leur dignité, les hommes ne supportent plus l’insupportable. Démocratiser sans développer, c’est allumer une poudrière.»
Sans nul doute, Sanogo et ses hommes sont plus utiles dans les rangs de l’armée que dans les geôles du régime IBK.
Fodé KEITA
Source : Inter De Bamako