A l’issue du premier tour de l’élection présidentielle, Ibrahim Boubacar Keïta est arrivé en tête avec 41, 42% de suffrages, suivi par Soumaïla Cissé avec 17, 80% des voix. Les 8 millions d’électeurs seront une nouvelle fois appelés aux urnes, le dimanche 12 août prochain, pour départager les deux candidats. Depuis l’avènement de la démocratie au Mali, c’est la première fois que le chef de l’Etat sortant est contraint à un second tour. En 1997, le président sortant Alpha Oumar Konaré est réélu dès le premier tour avec plus de 84,6 % des voix face à Mamadou Maribatrou Diaby 4, 1%. En 2007, Amadou Toumani Touré passe haut les mains dès le premier tour avec 71, 20 % des voix, loin devant Ibrahim Boubacar Kéita 19, 15 %. Le scrutin présidentiel de cette année demeure particulier.
Et pour cause : pour la première fois dans l’histoire de notre pays, le président de la République en exercice est forcé ( ?) à un second tour. Preuve de défiance d’une majeure partie de la population envers le président sortant, Ibrahim Boubacar Keita. Alpha Oumar Konaré réélu face à Diaby En 1997, le président sortant, Alpha Oumar Konaré, est réélu à la tête de l’État pour un second mandat de cinq ans. En raison du boycottage du scrutin par ses principaux adversaires, qui demandaient un délai supplémentaire d’un an, le chef de l’État sortant n’était opposé qu’au chef du petit Parti pour l’unité, la démocratie et le progrès, Mamadou Diaby. Ce scrutin a lieu dans un climat tendu entre l’opposition et le pouvoir, suite au premier tour des élections législatives du 13 avril de la même année qui a été annulée par la Cour constitutionnelle « pour graves irrégularités ».
Après cette annulation, l’opposition a décidé de retirer ses représentants de la Commission électorale nationale et indépendante (Céni) pour protester contre la « mauvaise organisation » et réclamé la suspension du processus électoral. Les neufs candidats déclarés pour l’élection présidentielle ont retiré leur candidature, laissant seul le président sortant face à lui-même. Cependant, Mamadou Maribatrou Diaby reviendra sur sa décision et deviendra l’unique adversaire d’Alpha Oumar Konaré. L’élection s’est déroulée malgré le mot d’ordre de boycott. Les argumentaires de l’opposition ont porté sur « une fraude massive viciant la sincérité des scrutins ». Les critiques formulées ont porté aussi bien sur les opérations préparatoires de l’élection. Ainsi, avec 1.056.819 voix, le Pr Alpha O. Konaré gagne largement avec 84,6%. Son challenger Mamadou Maribatrou Diaby a obtenu 45.160 voix (4,1%). Avec ces résultats, il n’y pas eu de second tour et le président Konaré est reconduit dans ses fonctions présidentielles pour un second et dernier mandat quinquennal. A la suite de quoi, la plupart des formations de l’opposition choisissent de ne plus participer au processus électoral, tant que la question des listes électorales n’est pas aplanie. Elles ne participent donc pas aux législatives de juillet 1997 et aux communales partielles de 1998 et 1999, allant jusqu’à refuser de reconnaître les institutions issues de ces différentes élections.
Le Takokélen de ATT En 2007, le président en exercice, Amadou Toumani Toure fait face à huit candidats pour cette élection présidentielle .Parmi les huit candidats, quatre font partie d’une alliance, le FDR (Le Front pour la démocratie et la République (FDR) mis sur pied en Février 2007 et se veut le principal porteur du message « Tout sauf ATT ». Cette alliance regroupe environs 16 partis politiques et associations, dont notamment le Rassemblement pour le Mali (RPM) de Ibrahim Boubacar Kéita (IBK) ; le Parti pour la renaissance nationale (PARENA) de Tiébilé Dramé, l’Association Convergence 2007 de Souleymane Boubeye Maïga et la Convention démocratique et sociale (CDS) de Mamadou Bakary Sangaré dit « Blaise ». En effet, au sein du FDR ; il n’y a pas eu de primaires portant le choix sur un candidat unique représentant la coalition. L’alliance a décidé de présenter les différents candidats à la présidentielles en rang dispersé.
Le Président Amadou Toumani Touré (ATT), candidat à sa propre succession n’est pas officiellement le représentant d’une alliance, cependant, il est soutenu par de nombreux partis politiques, dont quatorze sont rassemblés à l’initiative de l’Alliance pour la démocratie au Mali-Parti africain pour la solidarité et la justice (Adéma/Pasj) et de l’Union pour la république et la démocratie (URD), au sein de l’Alliance pour la démocratie et le progrès (ADP) mais également par le Mouvement citoyen et plusieurs associations, le président sortant a axé sa campagne sur son bilan, sur son modèle de gouvernance basé sur le consensus et sur un « programme pour le développement économique et social » autour de neuf priorités : le renouveau de l’action publique en matière de démocratie et de gouvernance ; une plus forte croissance économique avec à la clef un taux de croissance d’au moins 7 % l’an ; le développement du secteur privé ; celui des ressources humaines ; l’emploi des jeunes ; une plus grande implication des femmes dans le développement ; le soutien aux initiatives culturelles et au sport ; la participation des Maliens de l’extérieur au développement du pays et l’institution d’une diplomatie plus agressive.
Lors d’un meeting à Koulikoro, il a annoncé un programme d’embauche de 50 000 jeunes dans la fonction publique. Son slogan de campagne est « Pour un Mali qui gagne ». Ses partisans souhaitant sa victoire au premier tour ont diffusé le slogan « Takokélen » autrement dit « victoire au 1er. Amadou Toumani Touré a été réélu président de la République le 29 avril 2007 dès le premier tour. Il a obtenu 71,20 % des votes. IBK contraint à un second tour En 2018, le chef de l’Etat sortant, Ibrahim Boubacar Keita et ses partisans caressaient l’espoir de faire comme Alpha O Konaré et Amadou Toumani Touré. Mais, ce rêve de IBK est brisé : il est contraint à un second tour. En effet, un second tour opposera, le 12 août prochain, le président sortant IBK, au chef de file de l’opposition, Soumaïla Cissé. Ibrahim Boubacar Keïta a obtenu 41,42% des suffrages exprimés, Soumaïla Cissé est pour sa part crédité de 17,80%, selon les chiffres annoncé, jeudi dernier, par le ministre en charge de l’Administration territoriale. Ces résultats sont en somme un désaveu cinglant pour le président en exercice. Ainsi, IBK devient le 1er président sortant de notre histoire démocratique, obligé de passer par une seconde manche pour assurer sa réélection. Pour celui qui avait obtenu 77 % des voix en 2013, même en cas d’une victoire le 12 août 2018, il restera l’impression que ses concitoyens ont été déçus de ses cinq premières années et ne croient pas qu’il ferait mieux en cas de renouvellement de son mandat.
Mémé Sanogo
Source: L’ Aube