Election présidentielle du 29 juillet 2018
Vingt-quatre candidats s’affrontent pour occuper la première institution, la présidence de la République. Le 29 Juillet les citoyens maliens les départageront. Il n’y aucun doute qu’il va falloir s’y prendre par deux fois, d’après les meilleurs spécialistes ès-sciences électorales. Le sortant pour la première fois à sa réélection doit affronter un deuxième tour. Son slogan en 2013 « le bonheur du Mali, le bonheur des Maliens » a du mal à être défendu avec le bilan qu’on lui connait. En cours de mandat, ce fut plutôt le bonheur de la famille, et l’entourage de celle-ci qui a été mis en avant.
Quel bilan doit-il devoir défendre ? Les équipements pour l’armée, les subventions à l’agriculture (de l’argent mal géré et mal utilisé), les équipements routiers, l’octroi du DEF à 70% des impétrants (du jamais vu), la nomination de gouverneurs à Nioro, Bougouni, Koutiala, Dioïla, et sans doute cinq autres nominations dans les nouvelles régions restant d’ici le premier tour, les lampadaires de Kalaban Coro, 13 000 ordinaires pour 100 000 étudiants, le rapatriement depuis la France du corps d’un membre du ROCOTRADE, la multiplication des jours fériés et chômés, aux dernières nouvelles tentative de résolution du visa Chinois pour les commerçants, l’octroi du bac à un pourcentage jamais égalé de candidats certainement avant le premier tour, et la liste n’est pas exhaustive.
D’autre part il y a le bilan sécuritaire. Or sans sécurité, il n’ya rien. Sur ce point, voici les chiffres : 2013, 111 morts ; 2014, 287 morts ; 2015, 583 morts ; 2016, 411 morts ; 2017, 716 morts ; et 2018 est l’année de la catastrophe. Dans ce bilan humain il n’ya un demi-millier de soldats maliens, beaucoup de soldats onusiens et français de Barkhane. Sans compter les blesser. La liste n’est pas exhaustive, et c’est le lieu de rendre hommage au sacrifice de ces hommes et femmes, militaires et civils.
Le responsable de cette catastrophe est candidat pour un renouvellement de son mandat, le peuple souverain en décidera dans les tous prochains jours.
Maintenant un mot sur les vingt-trois autres candidats. Il ya les chefs de parti qui ne se présentent pas pour la première fois : Mountaga Tall, Choguel Maïga, Housseini Guindo, et même Dramane Dembélé. Feront-ils mieux qu’il ya cinq ans ? Tout en restant modeste dans notre anticipation des résultats, sauf surprise ils ne feront pas mieux que 2013 ; parce qu’ils sont en partie comptables du bilan.
Il ya aussi ceux qui sont comptables du bilan, mais qui se présentent pour la première fois : Mamadou Diarra, Mohamed Ali Bathily, etc. Là encore sauf surprise, ils n’auront que très peu de voix, en termes de pourcentage. Il ya deux candidats intéressants, Cheick Modibo Diarra et Aliou Boubacar Diallo, qui sauf surprise feront chacun un score honorable. On pourra dire la même chose pour l’ancien Premier ministre Modibo Sidibé, qui pourra faire mieux qu’en 2013 grâce à sa campagne de proximité.
A présent le reste des candidats : Soumaïla Cissé, Oumar Mariko, Kanté Djénébou N’Diaye Et caetera. On ne parlera que de Soumaïla Cissé, candidat de « Ensemble restaurons l’espoir », principal challenger du président sortant. Avec le bilan que l’on connait de ce dernier, on peut dire que pour la première fois au Mali l’alternance est en marche. Et c’est pourquoi il faut opposer au sortant dès le premier tour le vote utile, concept qui met en avant l’évitement de la dispersion des voix pour les candidats qui n’ont aucune chance d’aller au second tour. Voilà pourquoi, il est important de voter massivement dès le premier tour pour l’alternance, donc pour Soumaïla Cissé. Ainsi l’arithmétique électorale imposera- t- il aux autres candidats que le choix souverain du peuple est l’alternance.
Après l’alternance, il ne doit pas s’agir de remplacer l’ancien par le nouveau. Il faut que le changement soit senti tout de suite et maintenant dans celui qui l’incarne et dans le choix des hommes, sans répétition du passé. Il ne faut plus qu’il ait ce type de gouvernement avec un médecin à la santé, un général à la sécurité, un ingénieur à l’équipement et aux infrastructures, un avocat ou un magistrat à la justice, un journaliste à la communication, etc., qui ne feront que régler des comptes. Il faudra un nouveau paradigme, un gouvernement représentatif de la diversité et de la représentation nationale. Denis Diderot dans Le Paradoxe du comédien le dit bien mieux. L’acteur doit être capable d’exprimer une émotion qu’il ne ressent pas. La seule condition pour occuper les hautes fonctions gouvernementales doit être l’intégrité et la vision des acteurs. Un ministère n’est pas une déclaration, mais une compétence.
Désormais l’élection doit être le seul et unique moyen de crédibiliser l’action politique et son inscription dans la durée.
Bamako, le 23 Juillet 2018
Par Youssouf Doucouré
Bp 1325 Bamako
Email : youssoufdoucoure18@yahoo.fr
Source: Le Républicain