Après le départ du président autoritaire Yahya Jammeh du pouvoir en Gambie, après 22 ans de règne, les accusations continuent de le suivre. Ce mercredi 26 juin 2019, l’ONG Human Rights Watch a publié un rapport dans lequel l’ancien président gambien est accusé de violence sexuelle. Après 18 mois d’enquêtes, l’ONG révèle le témoignage de trois victimes, mais également de proches de l’ex-président Yahya Jammeh. Toufah Jallolow est l’une des victimes qui a accepté de témoigner.
Dans cette enquête, l’ONG Human Rights Watch (HRW) découvre que l’ex-homme fort de la Gambie avait un véritable arsenal pour abuser des jeunes filles, tout un service de protocole bien huilé comme l’explique Reed Brody, un conseiller juridique de HRW : « Yahya Jammeh avait tout un système, presque un harem, des femmes qui travaillaient au palais présidentiel, dont le vrai boulot, c’était de coucher avec lui », M. Brody continue en disant que s’« il allait par exemple à des réunions, à des meetings publics, il disait à ses collaborateurs : « je veux celle-là » relate-t-il, selon RFI. On a interviewé huit personnes (8) qui travaillaient dans sa protection rapprochée ou au palais présidentiel, qui nous ont expliqué comment, en fait, il sélectionnait lui-même les jeunes femmes pour assouvir ses fantasmes sexuels ». Toufah Jallolow, une de ses victimes raconte pour part qui commence en 2014, selon RFI, à 18 ans, lorsqu’elle remporta le concours de miss Gambie, explique-t-elle, le président Yahya Jammeh, a demandé à la voir plusieurs fois. Avec de l’argent qui coule dans la famille et la multiplication des cadeaux, le président préparait le terrain, selon elle, pour arriver à ces fins : « en ce moment-là, il m’a demandé s’il pouvait m’épouser, raconte Toufah, j’étais très naïve. Je pensais que je pouvais refuser son offre et continuer mes études. Donc, j’ai dit non ». La jeune poursuit que cette réponse a dû heurté la colère de l’ex-homme fort d’où sa nouvelle invitation à venir au palais, cette fois-ci en 2015 : « Yahya Jammeh m’a invitée au palais, encore une fois, j’ai alors commencé à pleurer, à le supplier et à m’excuser, mais cela ne lui a rien fait », détaille la victime dans Jeune Afrique, avant de continuer qu’ « il a frotté son sexe sur ma figure et il m’a forcée à me baisser. J’ai essayé de me débattre et il m’a injectée alors une seringue. Il m’a sodomisée et il m’a dit des choses pour que je regrette de l’avoir rejeté, de lui avoir dit non dès le départ ». L’ONG Human Rights Watch (HRW), estime dans son rapport selon RFI, que le nombre de victimes de violence sexuelle pourrait être plus élevé, puisqu’en Gambie, il y a une culture de silence chez les femmes concernant le sexe. Selon RFI, sur près de 700 dossiers, pas un seul ne mentionne une agression sexuelle de Yahya Jammeh au centre des victimes. Et la responsable du bureau des affaires de la commission-vérité et réconciliation, Yadicon Njie Eribo : « ce sont des histoires que l’on entend ici où là, mais on espère que les victimes vont prendre la parole et expliquer leur histoire pour qu’on puisse mener des enquêtes » indique-t-elle, pour afficher toutes les difficultés qu’ont les femmes dans cette situation. Selon RFI seulement une dizaine de femmes sont venues jusque-là témoigner devant la commission-vérité et réconciliation qui achève cette cinquième session audience. Sur ce point, Yadicon Njie Eribo soutien : « j’ai discuté avec des femmes qui ont été abusées sexuellement par des hommes puissants sous Jammeh. Mais pour ces femmes qui osent témoigner publiquement du viol qu’elles ont subi, les conséquences peuvent être très graves ». Elle conclut selon RFI, que « ces femmes peuvent être discriminées, abusées, ces femmes peuvent être contraintes de divorcer ou être rejetées par leur famille. Il y a un grand nombre de facteurs qui expliquent le silence des victimes ».
ISSA DJIGUIBA
Le Pays