Une pétition de la société civile pour annuler la procédure
Le maire de Koulikoro, Eli Diarra (élu Urd) est dans le collimateur de certains conseillers municipaux et de la société civile pour avoir vendu illégalement le bâtiment et la parcelle abritant le Centre d’état civil secondaire de Koulikoro-ba. Selon l’un des conseillers, Sidi Moctar Fofana dit Chérif, le bâtiment a été cédé à l’Institut national de prévoyance sociale (Inps) à 75 millions Fcfa, sans le respect de la procédure. Regroupés au sein d’un Collectif pour la transparence, ils demandent l’annulation de cette vente et la suspension pure et simple du maire Eli Diarra, sans exclure de le poursuivre en justice.
Nous avons tenté de joindre en vain le Maire Eli Diarra pour sa version des faits.
Depuis quelques semaines, le torchon brûle entre le maire de la commune de Koulikoro, Eli Diarra, et certains conseillers municipaux. Regroupés au sein d’un Collectif, ils dénoncent d’abord la mauvaise gestion du maire, notamment la vente illégale d’un domaine public des collectivités.
En début de semaine, nous avons reçu la visite surprise dans notre bureau d’un de ses conseillers, Sidi Moctar Fofana plus connu sous le nom de Chérif. Il est très remonté contre le maire Eli Diarra accusé de la vente du bâtiment et la parcelle abritant le Centre d’état civil secondaire de Koulikoro-ba. Cet endroit qui est considéré aujourd’hui comme le patrimoine de Koulikoro-ba a été cédé à l’Institut national de prévoyance sociale (Inps) pour un montant de 75 millions de Fcfa. Cette affaire défraye aujourd’hui la chronique à Koulikoro.
Selon Sidi Moctar Fofana, le maire Eli Diarra n’a pas respecté la procédure pour vendre ce bâtiment. “Nous sommes très remontés contre notre maire parce qu’il a vendu ce bâtiment sans que le conseil communal délibère sur la question. Lors de la session extraordinaire du 20 février dernier, il a été seulement question d’autoriser le Maire à entreprendre les démarches relatives à la vente dudit bâtiment. Dès lors, il n’a pas fait le point de la situation au niveau du Conseil. Et on nous apprend seulement que le bâtiment a été vendu à l’Inps pour 75 millions Fcfa. Et sur quelle base ? Personne ne sait puisque le maire est seul dans cette affaire. Il n’y a pas eu d’expertise pour connaître exactement comment le bâtiment peut-il valoir. Les notabilités aussi n’ont pas été associées ou impliquées. Voilà pourquoi cette affaire a créé une vive tension au niveau de Koulikoro” précise notre interlocuteur.
Sidi Moctar Fofana alias Cherif a ensuite souligné : “En fait, l’ancien maire, Youssouf Papa Traoré, a catégoriquement refusé la vente de ce bâtiment. A l’époque, le même Eli Diarra était à la mairie en tant que conseiller chargé de la finance. Donc, il connait ce dossier. En vendant ce bâtiment, il dit qu’il va construire un nouveau Centre d’état civil secondaire au quartier Sokourani, alors que l’ancien bâtiment se trouvait en plein centre du marché”.
Le conseiller Sidi Moctar Fofana et son clan sont déterminés à aller jusqu’au bout dans cette affaire. Ils ont adressé officiellement une correspondance au Maire afin qu’il puisse s’expliquer sur cette vente illégale : “Nous, conseillers municipaux de la Commune urbaine de Koulikoro réunis au sein d’un collectif pour la transparence, venons par la présente vous demander de nous fournir un certain nombre d’éléments sur la vente du Centre secondaire d’état civil de Koulikoro-ba.
En effet, suite à votre déclaration pendant les débats sur le compte administratif le 29 mars 2018 de l’effectivité de la vente dudit Centre, nous voudrions avoir une copie du document ainsi que les détails sur les structures et les personnes impliquées dans cette opération. De même, nous voudrions savoir si la vente concerne la totalité ou une partie de la parcelle. Nous voudrions également savoir dans quelle structure ont été déposés les montants exacts de la transaction”.
En plus de cette correspondance, la société civile composée de plusieurs associations et groupements est entrée dans la danse. Elle a lancé une pétition afin d’annuler la procédure de la vente. Aujourd’hui, plus de 500 personnes ont signé cette pétition dont les initiateurs viennent d’adresser une correspondance au préfet du cercle de Koulikoro pour expliquer la situation : “Monsieur le préfet, nous signataires de cette lettre répondant au nom de la société civile de la Commune de Koulikoro-ba avons appris avec indignation la vente du bâtiment du Centre d’état civil secondaire par les autorités communales. Par conséquent nous sollicitons auprès de votre haute bienveillance des explications sur la légalité de cette procédure”.
Aujourd’hui, le collectif des conseillers municipaux réclame la suspension pure et simple du maire Eli Diarra pour avoir vendu en procédure de gré à gré le bâtiment dudit Centre d’état civil secondaire. “Nous exigeons donc la suspension du Maire parce que nous estimons qu’il a fauté. Comment peut-on vendre un bien des collectivités sans pour autant avoir l’accord du Conseil ? C’est une faute très grave. Il a tout simplement bazardé cet édifice. On sent de la magouille pure et simple. Il fallait procéder à un Appel d’offres pour connaître le plus disant et ensuite informer le Conseil. Mais il ne l’a pas fait. Lui seul a préféré gérer cette affaire car il n’a impliqué personne” dira Chérif Fofana.
Si rien n’est fait, le Collectif est prêt à saisir la justice afin de régler cette affaire : “Nous sommes prêts à tout pour annuler cette vente. D’ailleurs, nous sommes en train de mettre tout en œuvre pour porter plainte contre le maire Eli Diarra devant la justice”. C’est dire que la situation est tendue.
En tout cas, Eli Diarra est un élu de l’Urd, donc un parti de l’opposition. Malheureusement, il n’a pas bonne presse aujourd’hui au niveau de Koulikoro. “Depuis qu’il est devenu maire, sa vie a changé à 90°. Il est impliqué dans beaucoup d’affaires dans le but de gagner de l’argent. Tous les marchés sont attribués à son frère de lait du nom de Mohamed Diarra. Il y a donc conflit d’intérêt. Après la vente du bâtiment du Centre d’état civil secondaire, il vient d’acheter une nouvelle voiture Santafé à son épouse. Sans oublier sa visite privée à Paris pour un mois. Tout cela sous le regard de la population qui souffre. Il distribue tellement d’argent et personne ne sait comment il trouve ces sous” précise Chérif Fofana.
Autre grief, c’est que le maire Eli Diarra n’a pas pu se défendre lors de la séance du compte de gestion de 2017 : “On sentait qu’il y a eu détournements de fonds. Le maire n’a pas pu convaincre les élus sur sa gestion. Par exemple, sur les taxes de sortie des véhicules de transport, il a recouvré 5 millions de Fcfa sur une prévision de 64 300 000 Fcfa par an sur une estimation de 80 véhicules par jour puisque chaque Benne doit payer au moins 2 500 Fcfa. Et l’argent est versé dans le compte de la Mairie”.
Il est nécessaire de souligner que la Mairie compte 29 conseillers dont 14 issus du parti Urd, 6 du Rpm. Les regroupements Ufd-Adp-Cnid et Um-Rda-Rpdm comptent respectivement 5 conseillers et 4 conseillers. Et le jeune Sidi Moctar Fofana est un élu du parti Ufd.
Affaire à suivre !
A.B. HAÏDARA
Aujoudhui mali