Trouver une solution urgente aux violences physiques dont les éleveurs et propriétaires de bétail sont victimes à Flamana, dans le cercle de Yanfolila, depuis quelques jours, tel était l’objectif de l’assemblée générale des éleveurs et propriétaires de bétail du Mali, tenue, hier jeudi, dans le « garbal » (marché à bétail) de Niamana.
Placée sous l’égide de l’honorable Aboubac BAH, président de la Fédération nationale Bétail et viande du Mali, la rencontre s’est déroulée en présence de son secrétaire général, Modibo BAH ; et des délégués des associations d’éleveurs venus de plusieurs localités du pays.
Aux dires de l’honorable BAH, depuis précisément 18 jours et jusqu’à hier au moment de l’AG, des éleveurs et propriétaires de bétail faisaient l’objet d’attaques armées de la part des populations de Flamana dans le cercle de Yanfolila.
Pour lui, la rencontre avait pour but d’écouter les témoignages des victimes directes desdites attaques afin d’en informer les autorités compétentes ; exiger l’arrêt des attaques, à défaut prendre des dispositions qui s’imposent.
Les témoignages :
Selon Abdoul Karim BARRY de Koumantou, les populations de Dentola ont pourchassé les animaux de son grand-frère, Adama BARRY, jusqu’au fleuve où deux vaches ont été retrouvées mortes et onze autres sont portées disparues.
Aussi, dans la nuit du mercredi à jeudi, M. BARRY indique avoir été saisi sur la nouvelle d’arrestation d’agresseurs des éleveurs par les gendarmes à Flamana.
« Mais les Bambara sont partis massivement à la gendarmerie pour exiger la libération des deux individus. Ce qui a été fait », a-t-il indiqué. Ensuite, a-t-il indiqué, les bambara se sont rendus dans le village bastonnant tous les éleveurs ou bergers étrangers rencontrés sur leur passage.
Selon M. BARRY, le boutiquier Adama SIDIBE qui l’avait alerté sur la nouvelle est sorti par la fenêtre pour aller se réfugié brousse afin d’avoir la vie sauve.
C’est hier jeudi matin seulement à 8 heures, qu’il a pu regagner le village.
Par ailleurs, indique le même témoin, le berger de Karim GASSAMA également l’a appelé, il y a quelques jours pour lui dire qu’ils ont chassé ses animaux jusqu’au fleuve. Là également, l’éleveur déplore la mort de quatre vaches coincées au pont.
À son avis, les villages les plus hostiles à la présence des éleveurs et bergers dans la zone de Flamana sont Dalakaina, Boida, Massoukourou.
Pour Ibrahim KARAGNARA, originaire de Ké-Macina, résident à Bamako, ce n’est pas un problème de dégât sur les champs par les animaux, puisque les animaux sont consignés dans une forêt loin des récoltes, Flamana.
Selon Ibrahim KARAGNARA, l’entente convenue avec les Bambaras de la zone est que les animaux quittent complètement le Wassoulou.
Aussi, a-t-il noté, le mardi où les populations de Flamana ont conduit les animaux jusqu’au fleuve, les Ivoiriens les attendaient de l’autre côté de la rive (territoire ivoirien). Cela lui faisait hier jeudi trois qu’il ne dort pas, car ne sachant plus à quel saint se vouer. Il a surtout exhorté les éleveurs à l’unité et à la cohésion pour la défense de leurs droits.
Selon Bocar BASSOUM de Koutiala, il y a 9 ans que ses vaches font l’hivernage dans la forêt de Flamana. Il ressort de ces témoignages que le dimanche 10 septembre, 14 personnes sont allées violenter ses employés à l’aide d’une arme blanche pour les abandonner par la suite dans leur bain de sang. Aussitôt informé, il a appelé le CB de Yanfolila qui est venu faire le constat et entrepris des enquêtes afin d’attraper les malfrats. Quelques jours après, les malfrats ont été arrêtés par la gendarmerie et conduits devant le juge de Yanfolila qui les a déférés et leur jugement était prévu pour le 30 de ce mois.
Cependant, regrette-t-il, le samedi dernier, les présumés malfrats ont été libérés par le juge de Yanfolila, qui aurait reçu des instructions « venant d’en haut ».
Aussi, a-t-il révélé, cela fait deux jours que ses vaches sont dispersées dans la nature. Pas question pour eux de se rendre en territoire Guinéen ou ivoirien, pays frontaliers, pour les chercher.
Pour Bah NIANGADOU de Bougouni, ce qui se passe actuellement à Flamana et dans ses 16 villages voisins est connu de tout le monde y compris les autorités publiques du pays.
À son avis, il n’y a pas d’autres alternatives à cette situation qu’une union sacrée des éleveurs pour défendre leurs droits pour la survie de leurs animaux.
« Ils veulent que nous quittions leur zone, car estimant que nous ne méritons pas nos richesses qui sont « trop pour nous » », a déclaré M NIANGADOU.
D’autres intervenants ont témoigné sur la situation critique qui prévaut dans ladite zone avant d’exhorter les éleveurs et propriétaires de bétail à l’unité et à l’entente, seul gage de la satisfaction de leurs doléances. Certains sont partis jusqu’à proposer l’auto-défense face aux multiples agressions.
L’ultimatum
À l’issue de la rencontre marathon, les participants, à l’unanimité, ont décidé de la mise en place d’une commission restreinte qui va rencontrer les autorités compétentes afin de leur exposer leurs préoccupations afin de trouver les solutions idoines.
Aussi, l’Assemblée générale a fixé un ultimatum aux autorités jusqu’au lundi 2 octobre 2017, le temps de mettre fin à la série d’attaques contre les éleveurs, les bergers et animaux dans la zone de Flamana. À défaut, elle se réserve le droit de décréter une interdiction de vente de bétail et de viande sur toute l’étendue du territoire national à partir du mardi 3 octobre 2017.
Par Sékou CAMARA
Source: info-matin
