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Violences faites aux femmes : Mariée précocement pour être vierge

Au Mali, il existe certaines de ces violations des droits des femmes et des jeunes filles qui poursuivent leur petit bonhomme de chemin sans que les auteurs se trouvent inquiétés. S’il est vrai que les autorités ont ratifié la plupart des textes relatifs à cette cause, il urge alors qu’elles s’impliquent sincèrement dans la lutte.

 

Les sociétés maliennes, majoritairement musulmanes et phallocratiques, peinent à se défaire de certaines de leurs valeurs devenues pourtant caduques parce que « rattrapées et dépassées par l’histoire ». Le refus d’accorder à une jeune fille le droit de disposer de son corps est une violation grave contre son droit à l’épanouissement.

Le taux de mariage précoce le plus élevé

Bien vrai que le Mali ait ratifié tous les textes relatifs à l a lutte contre toutes les formes de violences faites aux femmes et aux jeunes filles, la violence genre continue d’être une réalité dans ce pays. Le taux de mariage précoce bat des records. Cela reste de même pour d’autres formes d’inégalité.  Selon une étude réalisée par WILDAF-AO en 2017, après le Niger, c’est le Mali qui enregistre le plus grand taux en Afrique de l’ouest avant la Guinée Conakry en termes de mariage précoce.

C’est ce qui ressort également du texte de Dr Bréma Ely Dicko et de Dr Idrissa Soiba Traoré intitulé ‘’Le mariage précoce au Mali : du camouflage des textes à la défense des pseudos valeurs sacralisantes’’ : « Le Mali est cité parmi les pays affichant un taux de prévalence de mariage précoce le plus élevé. Sur les 1631 femmes interrogées, 919 (soit 56,35%) sont victimes du mariage précoce. »

Ce qui explique le mariage précoce

Ce rattachement des sociétés maliennes paternalistes et phallocratiques à cette pratique s’explique par plusieurs facteurs. Parmi ceux-ci nous pouvons noter : la sauvegarde de l’honneur de la famille de la jeune fille, la peur des maladies sexuellement transmissibles, la sauvegarde de la virginité, etc. Tous les autres facteurs peuvent se ramener au dernier. Tous les efforts des parents visent la sauvegarde de cet honneur qui renvoyait à une éducation réussite en famille.  C’est d’ailleurs dans ce contexte que Gabrielle Houbre dans Le Temps des jeunes filles écrivait : « Dans les récits de miracles, comme dans les vitae, les hagiographes vantent toujours la virginité de la jeune fille. »

Partant de cette explication, nous arrivons à la compréhension que la plupart des mariages précoces se font par peur du déshonneur. Dans le même ordre d’idée, on se rappelle Le drap rouge d’Alassane Diarra. Un ouvrage dans lequel l’annonce de la virginité de la jeune Maïmouna mariée à l’âge de 14 ans donne lieu à une ambiance festive.

En effet, c’est l’un des objectifs fondamentaux de cette pratique. L’annonce de la virginité est un moment particulier au cours duquel la jeune fille est cadeautée et sa mère louée. C’est la recherche de cet honneur qui contribue à l’accentuation du mariage précoce ainsi qu’à d’autres pratiques plus indignes visant à montrer coûte que coûte la blancheur de ce qui s’est déjà noirci. Au Mali, il n’est plus à montrer que la première région, Kayes, remporte sur toutes les autres en termes de mariage précoce et donc de violence faite aux femmes.

Une valeur en désuétude

Toutefois, il convient de noter de nos jours que toutes ces valeurs comme d’autres sont en désuétude bien vrai que d’autres continuent à s’y livrer. C’est ce que Dr Bréma Ely DICKO, enseignant-chercheur, sociologue et anthropologue, écrit dans son étude, « La pratique culturelle de la virginité dans le District de Bamako : honneur familial, santé de la femme et évolution des mentalités ». D’après lui, « Les réseaux sociaux, la télévision câblée, la mauvaise compagnie, la démission parentale et l’appât du gain rapide sont par ailleurs évoqués par les enquêtés comme les facteurs ayant conduit à un effritement des valeurs culturelles maliennes, dont la sauvegarde, de la virginité. »

Les autorités doivent s’assumer

Malgré tout, il convient que les autorités s’engagent davantage dans la lutte contre le mariage précoce pour une meilleure autonomisation des femmes et par ricochet pour permettre aux femmes de disposer d’elles-mêmes. La volonté acharnée de la sauvegarde de la virginité de la jeune fille est une marque de discrimination ou d’inégalité dans la mesure où la virginité du jeune homme n’est pas surveillée. Qu’il soit puceau ou pas, cela ne fait ni chaud ni froid. Il urge que cela soit de même pour la jeune fille. Chacun doit être libre de disposer de son corps.

TOGOLA

Le Pays

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