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Violences basées sur le genre : Un mal sans solution au Mali ?

Les VBG (violences basées sur le genre) restent une partie intégrante des violences faites aux femmes. Elles désignent tout acte de violences exercé publiquement ou en privé pour porter atteinte aux droits de la personne humaine, en raison de son sexe. Répandu presqu’un peu partout dans le pays, ce phénomène dont les femmes et les filles restent les principales victimes demeure une maladie incurable au Mali.

Des efforts ont été fournis par des acteurs impliqués dans l’éradication du phénomène. Des études sont menées par des experts. Les causes et les sources de cette forme de violences faites aux femmes et filles ont, pour le cas malien, été identifiées. Mais le constat sur le terrain, il est de plus en plus déplorable. Les VBG découlent des actes causant préjudices ou des souffrances physiques, psychologiques, ou sexuelles. Elles peuvent  se manifester par des menaces, des contraintes, ou d’autres privations des droits et libertés humaines. Ces violences  concernent aussi bien les riches que les pauvres, les villageois comme des citadins, des mécréants comme des hommes de foi, des femmes comme des jeunes filles du pays. La commission de ces faits qualifiés de VBG provient d’autres actes qu’on assiste à longueur de journée, dans ce pays. Pour ne citer que quelques-uns, on peut mettre l’accent sur certaines réalités devenues le quotidien du citoyen lambda. Il s’agit de  battre violemment  une femme, parfois qu’à la blesser ; de l’expansion des enlèvements et des viols de femmes et de jeunes filles dus au terrorisme et au banditisme ; de l’emploi des petites filles (aides ménagères qui ont moins de 18 ans) par des familles pour les soumettre à des travaux intenses avec des frais(10.000F à 15.000 f au plus) minables en guise de salaire…Ces pratiques, elles se passent fréquemment dans ce pays, alors qu’elles constituent, en faisant recours aux textes maliens, une violation flagrante des droits de femmes, donc une violence faite aux femmes. Phénoménal, ce mal continue de ronger le pays. Avec de nombreux déplacés internes, les déportations de populations, la métastase du terrorisme et du banditisme, ce sujet préoccupant se corse davantage. En ce sens que ces femmes mariées ou célibataires déplacées se voient astreintes d’endurer toute sorte de violences exercées à leur encontre.

  Des hommes aussi bien que des femmes restent les principales victimes !

Aussi bien les femmes que les hommes, chacun se plaint actuellement de ces violences basées sur le genre. En vogue dans notre pays, les VBG comportent, entre autres : des viols, des agressions sexuelles, des violences physiques, du mariage forcé et mariage précoce. Selon les données venues du ministère de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, les dénis de ressources, ceux d’opportunités ou de services font aussi partie de ce type violences faites aux femmes. Par violences basées sur le genre, nous indiquent les données, il faudra comprendre qu’il s’agit aussi des maltraitances psychologiques et émotionnelles de l’être humain. Quant aux causes, elles sont également connues. Les causes sont multiples, et peuvent, entre autres, être expliquées par le déséquilibre du pouvoir, ou simplement par  l’abus du pouvoir. Parmi les causes figurent les inégalités entre les hommes et les femmes, ou les inégalités sexuelles. La faible application de la règlementation sur les VBG reste, selon les études menées par les experts du domaine, l’une des causes du fléau. À cela s’ajoutent le faible niveau d’instruction des femmes par rapport aux hommes ; les conflits au sein des ménages, et les dysfonctionnements des familles. Les experts ont également mis l’accent sur le faible niveau économique, la consommation de drogue et d’alcool qui peuvent aussi être à l’origine de ce problème. Suivant la statistique de l’ONG « Femmes Battues » de Mme Camara Aîssé Sow, présidente de l’ONG, 89 femmes mariées ne jouissant pas de leur droit ont été recensées en 2020.59 cas ont été socialement traités par l’ONG, 20 cas ont été portés devant les tribunaux, et 10 cas ont été en instance au siège. « Le problème c’est très généralement les hommes. Ces femmes victimes de violences n’avaient aucun endroit où se confier », explique la présidente. Ces femmes ne viennent pas se confier à nous parce qu’elles sont battues physiquement, mais elles viennent toujours avec des problèmes comme le défaut d’entretien, l’abandon de domicile par les époux, mauvais traitement, et voire souvent des coups et blessures, a confié Aîssé Sow. D’après elle, les hommes  victimes des violences conjugales saisissent aussi cette ONG pour prendre conseil. « Il y a des hommes qui sont maltraités par leur femme dans leur foyer. Ceux-ci nous saisissent aussi, même si leur nombre n’atteint pas celui des femmes. Il y a même des hommes qui reçoivent des coups, de la part  de leur femme actuellement. Il n’y avait pas ça dans notre société, mais maintenant les femmes se défendent », ajoute Mme Camara, précisant que les hommes se plaignent aussi d’autres faits des femmes à savoir : les tortures physique comme couper le lit à l’homme ; le mauvais comportement des épouses dans le foyer. Les hommes se plaignent par le fait que leurs femmes sortent  et entrent à la maison comme elle le souhaite, contrairement à leur volonté, explique la présidente pour dire que ce ne sont pas les femmes qui sont les seules victimes des VBG …

Violences basées sur le genre, l’hydre qui fait de plus en plus de victimes au Mali !

Des efforts visant à juguler ce type de violences faites aux femmes ont été consentis, mais le phénomène, il  perdure. Ainsi, selon le rapport de cartographie des services VBG du sous cluster VBG, 48% des localités du Mali ne disposent d’aucun service de VBG. Et là où ça existe, la couverture géographique reste très limitée. Quant au rapport d’étude sur l’impact du covid-19, la situation des droits des femmes et des filles a connu une détérioration due essentiellement à la dégradation du contexte sécuritaire observée depuis 2019.A propos de ces violences basées sur le genre, le rapport relate que 73% des filles de 0-14 ans, voire 89% des femmes de 15-49 ans ont été excisées au Mali. En outre, 76% des filles ont subi des mutilations génitales féminines (MGF) avant l’âge de 5 ans. Une situation qui, indique-t-on dans le rapport, s’explique par le fait que 70% des femmes et 68% des hommes estiment que l’excision est exigée par la religion. À ce titre, trois-quarts des femmes et des hommes pensent que la pratique de l’excision doit continuer. Ce rapport annuel du VBGVIM du sous cluster VBG confie que de janvier à décembre 2020, 6.605 cas de VBG ont été rapportés par les acteurs de VBGVIM, contre 4.617 cas listés en 2019.Quant à l’enquête démographique et de santé du Mali(EDSM-VI 2018), au moins 45% des femmes de 15 à 49 ans ont subi des actes de violences physiques ou sexuelles dans notre pays, le Mali.49% des femmes de la même tranche qui sont en union (mariées) ou en rupture(divorcées) ont subi des violences émotionnelles, psychologiques, physiques et/ou sexuelles. 68% de ces victimes n’ont jamais cherché d’aide et n’en ont jamais parlé à personne. La même étude établit un taux de mariage de 53% avant l’âge de 18 ans, et un taux de mariage de 18% avant l’âge de 16 ans, toujours dans la tranche d’âge de 15 à 49 ans. En mai 2020, les cas de VBG ont augmenté de façon exponentielle. Ce, à cause des stress économiques et sociaux couplés à des mesures restrictives des uns et des autres, en plus de l’isolement social. « De 2012 à septembre 2020, les cas de VBG n’ont pas cessé de progresser au fil des années. De ce fait, 25.183 cas ont été rapportés, et les chiffres sont alarmants », révèle-t-on dans ces données. En l’occurrence, il convient aussi de retenir  que sur ces cas évoqués, 39% sont des cas de violences sexuelles, dont 22% restent des viols. A ce titre, 21% sont des agressions physiques, 15% sont des dénis de ressources économiques, 15% sont des violences psychologiques, 11% sont des mariages précoces, 99% sont des femmes dont 58% sont des filles de moins de 18 ans. Les violences basées sur le genre restent, en dépit des efforts, l’hydre qui se métastase dans le pays. Même si cette forme de violence sera tôt ou tard vaincue au Mali, il demeure, en toute évidence, de comprendre qu’il s’agit d’une lutte de longue haleine.

Mamadou Diarra

Source : LE PAYS

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