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Violences basées sur le Genre, les pratiques néfastes et la Santé de la reproduction au Mali : « De toutes les violences identifiées, celles sexuelles ont augmenté de plus, passant de 801 à 2170 cas entre 2016 et 2019 »

La Salle de Conférence du Conseil National du Patronat du Mali (CNPM) a servi de cadre, le 21 avril 2021, à l’atelier de restitution des résultats de l’étude sur les Violences Basées du le Genre (VBG), les Pratiques Néfastes (PN) et la Santé de la Reproduction (SR) au Mali. L’étude a été réalisée par l’Institut National de la Statistique (INSTAT) du Mali avec le tandam de l’Union Européenne (UE) et le système des Nations Unies à travers l’Initiative Spotliht au Mali 2020. Les travaux ont été présidés par Me Kadidia Sangaré, présidente de la Commission promotion de la femme, de la famille et protection de l’enfant du Conseil national de la transition (CNT), avec à ses côtés, le Directeur Général de l’INSTAT, Dr. Arouna Sougané, et Mme Diallo Aminata Diarra, représentant les Partenaires techniques et financiers (PTF). L’objectif de cette étude, a fait savoir Dr. Arouna Sougané, est de cerner les déterminants des violences faites aux femmes et aux filles (VFF), des pratiques traditionnelles néfastes et les facteurs qui entravent la jouissance des services de la SR et d’appréhender les connaissances, les opinions et les pratiques des communautés en matière des VBG dans les zones d’intervention de l’Initiative Spotlight (Région de Kayes, Koulikoro, Sikasso, Ségou et Bamako).

 

Après des  mois d’enquête, a indiqué le Directeur Général de l’Instat, les principaux résultats de l’étude sont comme suit. Sur l’angle des Violences basées sur le Genre (VBG), il ressort que les violences physiques ont augmenté de 2012 à 2018 en passant de 38% à 43%. Quant aux violences sexuelles, poursuit l’étude, elles ont chuté de 11% en 2021 contre 7% en 2018. Les violences conjugales, ajoute l’étude, se sont par contre amplifiées au cours des dernières années. « Elles  ont connu une augmentation allant de 44% à 49% de 2012 à 2018 », souligne le rapport.

Concernant les pratiques Néfastes, l’étude a fait ressortir que l’excision a légèrement diminué de 1995 à 2018. Ainsi, appuie la note, la prévalence de ce phénomène chez les femmes de 15 à 49 ans a baissé de 93,7% à 88,6%. Toutefois, poursuit le rapport, entre 2006 et 2018, elle a connu une hausse importante en passant de 85,2% à 91,4%, avant de se maintenir à 88,6% en 2018. Selon les résultats de l’enquête, la précocité de la nuptialité demeure une réalité. « Parmi les femmes âgées de 20 à 49 ans au moment  de l’enquête, 17,8% étaient déjà en union avant d’atteindre l’âge de 15 ans exact et un peu plus de la moitié (53%) l’étaient déjà avant 18 ans exact. Cette proportion  est presque la même chez les femmes de 25 à 49 ans où 18, 3% se marient avant 15 ans et 52,6% avant 18 ans », a  relevé l’étude. Selon les résultats, plusieurs déterminants des VBG ont été également identifiés. Les plus cités, dit le rapport, sont : la mauvaise gestion du lit conjugal ; la pesanteur sociale qui assigne des rôles à la femme et exige qu’elle doit considération et respect à son mari; l’alcool et les stupéfiants ; l’infidélité dans le couple ; le chômage des jeunes ; l’inexistence des textes et règlements qui répriment les auteurs des VBG ; l’insuffisance de communication au sein du couple ; l’analphabétisme ; la pauvreté du ménage ; la méconnaissance des droits et devoirs élémentaires des hommes et des femmes. Par ailleurs, l’étude regrette la déclaration des actes de VBG qui ne sont encore qu’un reflexe chez les victimes au Mali. « Seuls les actes graves sont déclarés. Selon le rapport, cette retenue des survivantes et de leurs parents à porter les cas de violences devant les autorités compétentes s’explique par plusieurs raisons. Il s’agit entre autres, de la lourdeur administrative ; des difficultés d’accès à la justice et la méconnaissance des textes par elles ; de la préférence pour la gestion sociale de proximité  des violences et abus ; la complicité de tous les acteurs dans le cas de l’excision et du mariage d’enfant ou forcé ; le poids de la tradition qui ne permet pas  à la femme de convoquer son mari devant les autorités et de la honte d’être stigmatisée », déplore l’étude.

S’agissant de la santé de la reproduction, l’enquête fait ressortir que de 2001 à 2018, la couverture en soins prénatals des femmes de 15 à 49 ans a connu une augmentation, passant de 57% à 80%. Et d’ajouter qu’au cours des cinq dernières années, il a été constaté que 62,8% de femmes ont accouché dans une structure sanitaire publique, 32,8% à la maison et seulement 4% dans une structure sanitaire privée. La prévalence contraceptive moderne chez les femmes en union, ajoute le rapport, a connu une augmentation, passant de 1% en 1987 à 16% en 2018 en 31 ans.

En outre, l’étude a conclu qu’au Mali, le foyer conjugal, loin d’être un havre de paix et de sécurité, devient de plus en plus un milieu hautement criminogène. Parmi les auteurs des violences physiques et sexuelles faites aux femmes, dit le rapport, 80% sont le mari ou le partenaire. De toutes les violences identifiées, révèle le rapport, les violences sexuelles ont augmenté de plus, passant de 801 à 2170 cas entre 2016 et 2019.

Au regard des résultats obtenus, le rapport a formulé des recommandations  à l’endroit de tous les acteurs de développement (Pouvoirs publics, PTF, ONG, OSC, etc.) pour lutter efficacement contre les violences faites aux femmes et aux filles et améliorer la santé sexuelle et reproductive des femmes.

Aux acteurs  chargés de la lutte contre les  violences, abus à l’égard des filles, femmes et les pratiques traditionnelles néfastes, le rapport recommande de faire adopter le projet de loi qui réprime les auteurs des crimes liés aux violences basées sur le genre ; de renforcer les capacités financières et matérielles de toutes les structures en charge de la lutte contre les VBG ; de mettre l’accent sur l’information, la sensibilisation et la communication pour un véritable changement de comportement de manière à réduire la prévalence des VBG/VFF et pratiques néfastes ; d’intensifier toutes les actions de scolarisation des filles pour les maintenir à l’école plus longtemps ; de mettre en place un cadre de concertation et de coordination entre les acteurs en charge des questions de VBG et enfin, de  renforcer les capacités  techniques et financières des principaux partenaires, y compris les structures du système statistique national, les prestations de services des différentes instances gouvernementales et les défenseurs des droits des femmes pour collecter régulièrement les données sur les VBG.

Aux acteurs qui œuvrent pour l’amélioration  de la santé reproductive et sexuelle, l’expertise  a conseillé d’impliquer les hommes ainsi que les leaders coutumiers et religieux  dans la sensibilisation pour la promotion de la SR ; rendre plus accessibles les services de la santé de la reproduction aux femmes et aux filles qui ont des besoins non satisfaisants en planification familiale ; intensifier la sensibilisation des populations pour l’utilisation des méthodes contraceptives et pour un changement de comportement  procréateur.

Me Kadidia Sangaré et Mme Diallo Aminata  Diarra, se sont toutes réjouies de la réalisation de l’enquête pour édifier plus les Maliens sur la situation des VBG, les PN et la  SR au Mali, et ont salué l’engagement des participants à l’atelier, ce qui dénote l’intérêt qu’ils accordent à la question.

La restitution se poursuivra  dans les jours ou semaines à venir  dans d’autres régions du Mali.

Hadama B. Fofana

SourceLe républicain mali

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